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Pour parler autant de la haine que tu as pour les gens c'est que tu as dû les aimer et être déçu d'eux.

Avec peine j'ouvris un œil puis l'autre.

J'étais dans ma chambre,celle en Russie.

Maladroitement,je me redressai avant de sortir du lit.Quand je captai mon reflet dans le miroir sur pied je remarquai directement que quelqu'un m'avait changée.Je ne portai plus mon jean ainsi que mon t-shirt mais une petite robe bleu avec de grosses bretelles.Le buste était délimité par une ligne de fines perles étincelante.
Soudain,je vis sur mon épaule un énorme bleu comme si quelqu'un m'avait tenu trop fort.Et tout me revint.Le souvenir de ses mains sur mon corps,parcourant ce dernier et touchant de ses doigts mon intimité me fit frissonné.Je me sentais sale,je me sentais souillée.
Je l'étais.

Sans que je me rende compte qu'il était entré,l'image de Vladimir apparut dans la glace.Il hésita à s'approcher puis marcha doucement vers moi.
Avec tendresse il se colla à mon dos avant de poser ses deux grandes mains sur mon ventre.

Il savait.

Personne n'osa rompre le silence.Nous nous étions trop abîmés.

Nos regards se fixèrent un long moment dans le miroir.
Nous avions bien changé depuis Bora Bora alors même que c'était il y a à peine une semaine.
Son visage était plus fermé,c'était celui d'un homme qui avait revu un démon de son passé,tandis que le mien était plus terne.Son éclat était certainement parti avec mes larmes.
Et puis,il y avait mon ventre.
Mon ventre qui avait légèrement grossi et qui,désormais,commençait à se voir à travers le tissus de la robe moulant.
Je commençais enfin à comprendre ce que ça voulait dire grandir.

- Comment l'as-tu appris ? Demandais-je d'une voix éraillée.
- L'hôtel a trouvé ton test dans la poubelle.

Je regardai ses mains sur mon ventre.
Je refuse que mon enfant se fasse élever par Vladimir et ma sœur.

Peut-être trop brusquement, je me retournai enfin vers lui plantant mon regard dans le sien sans l'intermédiaire d'une glace.

- Je refuse que tu élèves mon enfant avec ma sœur,dis-je d'une voix brisée.

Tout d'abord il ne sembla pas comprendre ensuite il se passa une main dans ses cheveux les défaisant.
J'eu envie de les refaire mais je me retins.
Ce n'est pas moi qu'il aimait.

- Tu penses sérieusement que j'en ai quelque chose à foutre d'elle ?
- TU AS ENCADRÉ SA PHOTO ! TU L'AIMES ! M'exclamais-je entre furieuse et triste.

Il souffla avant de tourner les talons.
Je crus qu'il allait me laisser là mais avant de sortir il s'arrêta une fraction de seconde,juste le temps de dire :

- Suis moi Elisabeth.

J'allais savoir la vérité.

En trottinant j'essayai de le rattraper.Au bout du couloir Vladimir se tenait déjà debout face à une porte.Tandis que j'arrivai à sa hauteur il sortit une clef de sa poche.
Il enfonça cette dernière dans la serrure et je regardais le morceau de métal tourner dans le verrou.

La porte grinça quand Vladimir la poussa du bout du doigt comme s'il en avait peur.
Peut-être était-ce le cas ?

Je m'avançai dans la pièce obscure ne distinguant absolument rien puis une lampe s'alluma et éclaira la chambre rose,celle d'une petite fille.
En silence,je m'approchai du lit et touchai du bout des doigts une peluche licorne à la crinière rebelle.Je longeai les murs découvrant à chaque pas de nouveaux objets.
Et soudain,une photo.
Je pris le portrait entre les mains.Sur l'image une petite fille,la même que celle que j'avais vu dans la chambre de Vladimir,rigolait au éclat dans les bras de Vladimir tandis que Vinchenso à côté faisait semblant de la manger.

- Ça fait des siècles que je ne suis plus rentré ici,dit Vladimir derrière moi.

Il me prit la photo des mains et posa dessus un regard triste.

- Elle avait quatre ans sur celle-là.
- Qui est-ce Vladimir ? Demandais-je confuse.
- Oxanna.

Il sourît à moitié mais son sourire était triste.

- Ma petite sœur,murmura-t-il faiblement.

Une sœur ? Vladimir avait une sœur ?
Je déglutis péniblement.

- Vladimir que s'est-il passé ?

Il reposa le cadre sur l'étagère.

- Avant,je sortais énormément en boîte.J'y allais pour boire et pour trouver quelques filles.

Il marqua une pause comme s'il essayait d'aligner ses pensées.

- Puis,je l'ai vue.Elle était assise dans un coin et une aura dangereuse l'entourait.
Elle avait des airs de mauvaises filles et j'ai décidé de faire sa connaissance.
Cette fille c'était ta sœur Elisabeth.

J'essayai d'avaler ma salive mais je peinais.

- Je suis tombé amoureux d'elle.

Je le savais.

- Elle a vécu ici même pendant presque un an mais malgré la vie plaisante qu'elle avait,elle voulait toujours plus.Elle était attiré par quelque chose de noire, elle aimait le pouvoir et l'argent.

Je levai les yeux de mes pieds et tombai sur les siens.

- Elle en a eu assez de cette vie.Un beau jour,elle a rempli son sac de bijoux et de robes de luxes et elle m'a volé les clefs d'une de mes voitures.

L'air devint rare et j'eus du mal à respirer.
Vladimir ferma les yeux.

- Je me rappelle avoir entendu un moteur.J'ai couru,j'ai couru après sa voiture.Elle avait tellement peur que je la rattrape qu'elle a accéléré.Elle avait prévu de s'enfuir mais ce qu'elle n'avait certainement pas prévenu c'était que ma sœur serrait sur son passage.

Il serra ses poings si fort.
Et moi j'eu si mal au cœur.

- Elle l'a écrasée.Elle a roulé sur son petit corps.

Je plaquai mes mains sur ma bouche tandis que la pièce commençait dangereusement à tanguer.

Il ouvrit les yeux et dans ses pupilles brillaient un triste flambeau.

- Elle a agonisé sur le gravier.J'ai couru jusqu'à elle mais avant que j'ai eu le temps d'appeler un médecin elle a fermé ses yeux.

Mon cœur se serra.
Ce qui faisait mal à Vladimir me tuait.

- Elle est morte dans mes bras.

La protégée du diable.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant