La protégée du diable.

112.

Si les hommes font tant de peine aux femmes c'est sans doute qu'elles sont plus belles quand elles pleurent.

Je n'avais jamais dormi dans la chambre de Vladimir et je n'y étais entrée qu'une seule fois pendant à peine une dizaine de minutes.
Quand nous dormions ensemble,c'était toujours dans ma chambre jamais je ne l'avais rejoins dans son lit.
Doucement,je m'avançai dans cette pièce où je n'avais jamais eu ma place.
Elle était plus grande que la mienne pourtant elles étaient peintes dans les mêmes teintes.
Un énorme lit trônait au milieu et à sa gauche une porte menait certainement à la salle de bain.
Sur le mur également à gauche un immense buffet remplissait l'espace.
Je fis quelques pas de plus avant de me diriger vers cette dernière.
Même si je savais que c'était mal,j'ouvris les tiroirs.
Je les fouillai tous sans exception avec minutie espérant trouver n'importe quoi.Juste quelque chose pour m'en dire plus.
Quelque chose pour comprendre.

Déçue,je refermai le dernier avant de me détourner pour sortir de sa chambre.

Soudain,je m'arrêtai net.

A la hâte,je fis demi tour et me retrouvai en une fraction de seconde devant l'armoire. Avec mes mains tremblantes,je retournai un cadre posé face contre le bois de la commode.

Mon cœur manqua un battement.

Sur le cliché,Vladimir tenait une petite fille dans ses bras et,sur ses épaules,ma sœur était plus souriante que jamais.

Mon Dieu.

Sans le vouloir,je lâchai le cadre qui se brisa instantanément au contact du sol.
Le verre frôla mes jambes tandis que mon regard était perdu dans la contemplation de la photo au sol.
Des gouttes d'eau tombèrent sur cette dernière sans que je me rende compte que je pleurais tel un nourrisson.
Je portai ma main à mes lèvres comme pour retenir les mots que je n'avais pas la force de dire.
Pendant des secondes qui me semblèrent une éternité je fermai les yeux et,dans la pièce silencieuse,j'entendis mon cœur se briser.
J'étais amoureuse de Vladimir.J'étais folle de lui.
Et lui,il était amoureux de ma sœur.

Ma sœur putain.

Elle était partie,elle m'avait détruite en me laissant seule mais je l'avais pardonnée.Je ne lui en jamais voulu de s'être enfuie pour découvrir le monde mais là,là je la détestais.
Je la détestais parce qu'elle avait tout ce que je voulais,elle avait toujours eu tout ce que je voulais.
J'étais jalouse de son physique,de sa relation avec notre mère,de sa popularité,de son courage mais tout ça n'avait aucune importance parce que,en réalité,la seule chose que je voulais réellement c'était Vladimir.
Je n'avais jamais fait de photo avec lui.Jamais il n'avait sorti l'appareil familial pour nous immortaliser ensemble.

Mais avec elle,il l'avait fait.

Parce que tout le monde aimaient ma sœur,tout le monde l'aimait plus que moi.
Ils voulaient tous qu'on les voit en sa compagnie.Mais jamais ça n'avait été une fierté d'être accompagné par moi.
C'était toujours comme ça,ça l'avait toujours été.

Même mon premier petit copain était sortit avec moi uniquement pour se rapprocher de ma sœur.
Merde.Elle avait toujours tout eu et voilà qu'elle avait aussi l'amour de Vladimir.
La seule putain de chose que j'avais besoin pour me sentir vivante.
C'était elle,l'ex qui lui avait brisé le cœur.C'était elle son grand amour.

Mes larmes devenaient tristement des torrents jaillissant de mes yeux comme de la lave d'un volcan.
J'avais mal à la gorge tellement les mots se bousculaient pour sortir.
Et je tombai au sol,mes jambes ne voulant plus retenir le triste poids de ma vie.

Je pleurai longtemps en regardant le cliché à mes pieds.
Et,quand je n'avais plus eu de larmes,j'étais restée dans l'immensité du silence.
Puis,j'avais compris.
J'avais tout perdu aujourd'hui.J'avais perdu ma vie,ma sœur et Vladimir mais il me restait quelque chose.
Ou plutôt quelqu'un.
Il me restait mon bébé.

J'allais me battre pour lui.