T3 | 10. My brother

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Julian Draxler.


                Je me retrouve devant cette église remplie des amis d'Alex. Contrairement à ce que je pensais, ils étaient nombreux. Marquinhos, Marco Verratti, Neymar et leurs femmes et enfants sont présents aussi. Puis y a mes parents, Johannes, Gabriella et mes cousins, cousines, oncles et tantes. Lukas, Anna, Alex. Trois personnes, trois piliers dans ma vie. Je prends une grande inspiration et soupire.

Julian : J'ai tout fait pour te rendre heureux. Pour te rendre fier de ton petit frère. J'ai tout fait pour toi parce que tu étais mon modèle. J'ai tout fait pour toi parce que je t'aimais et, maintenant, tu es mort. Tu m'as abandonné, encore et encore. Et cette fois, je ne te reverrais plus jamais. Parce que je suis sûr que tu es mort. Je n'ai rien pu faire pour te sauver et je m'en veux, bordel ! La balle était pour moi et tu t'es interposé. Et même si tu n'as pas toujours été parfait, je sais que tu m'aimais quand même. Tu me l'a prouver ces derniers temps. Tu me l'as prouver en te sacrifiant. Et je t'aimais pour ça. Je... Ca n'a pas toujours été simple entre nous. Tu as failli me faire perdre ma femme, que j'ai finalement perdu, mais une chose est sûre : tu étais aussi merveilleux qu'elle. Il y a quelques jours... Avant le match contre l'Italie, tu m'as montré tes plaques, me disant que si jamais il t'arrivait quelque chose, je devais les garder. Qu'elles devaient passer de génération en génération. La vérité est que... je n'ai pas pu les garder. Je les ai déjà donné à la génération suivante. Tu aurai sourit, voire rit, si tu avais été là, parce qu'April a fait un caprice comme elle seule est capable d'en faire. Et, quand elle a fait son caprice, elle m'a fait penser à toi parce que tu riai et tu étais le seul à pouvoir la calmer. Alors... J'ai réfléchis à ce que tu ferais si tu étais à ma place. Et je lui ai donné les plaques de sa mère. Pas de jaloux. Et puis, j'ai des souvenirs qu'ils n'ont pas. J'ai grandi avec toi. Tu m'as aimé et protégé. Tu étais mon frère. Ainé qui plus ait, et tu étais prêt à tout pour me protéger. C'est pour cette raison que tu n'es plus à nos côtés. C'est pour cette raison que tu es mort. Pour me protéger. Quand j'ai appelé les parents, je n'ai pas pu leur dire le mot "mort" en parlant de toi. C'était trop dur. Mais ils ont compris. Et on a pleuré. Mon fils de sept ans s'est occupé de sa soeur comme tu l'avais fait quand nous étions plus jeune. Et j'ai encore plus pensé à toi. Je te faisais confiance. Sur la fin de ta vie, en tout cas. Tout ce que tu as pu faire, c'était pour me protéger. Les gens ont peur de l'inconnu et c'est toi qui m'a poussé à devenir footballeur. J'avais peur de l'inconnu et tu m'as aidé à l'apprivoiser. Maintenant, c'est moi qui joue le rôle du protecteur, du moralisateur. Et j'ai l'impression de prendre ta place. Ca me fait tellement mal. Il y a quelques temps... Je ne sais pas quelle aurait pu être ma réaction si on m'avait dit que tu étais mort mais... Maintenant ? Ca me détruit. Je souffre tellement. Et j'aimerai que, pour une fois, la vie soit un peu plus juste avec moi ! Que Dieu arrête de mettre des obstacles sur mon chemin, parce que je n'en peux plus. Je n'ai plus la force de me battre si c'est pour que tous les gens que j'aiment finissent par mourir ! J'avais peur, quand nous étions petit. J'avais terriblement peur. Peur de te perdre. Et maintenant, je sais pourquoi. Je sais que tu étais un pilier pour moi. Je sais que tu étais important pour moi. Alors je me demande pourquoi la vie est aussi nulle avec moi, pourquoi tout va si mal dans ma vie. J'ai l'impression que je n'arriverai pas à vivre à nouveau. Mais... Il y a une chose que tout le monde doit savoir : je ne haï pas les terroristes qui t'ont tué. Ils n'auront pas ma haine. Parce que tu n'étais pas comme ça. Tu ne les aurai pas haï. Même s'ils m'avaient tué à ta place. Parce que la haine, ce n'était pas dans ton caractère. Alors je ne les déteste pas. Je ne les aime pas mais je ne les déteste pas. Ces hommes ne me font ressentir que de l'indifférence. Ils n'auront pas ma haine, ils n'auront pas, non plus, ma pitié et ils n'arriveront pas à me faire plier. Peu importe ce qu'ils pourront tenter de faire : je continuerai à être dans le monde du foot, je continuerai à m'amuser et à vivre. Parce que c'est ce que tu aurais voulu. Parce que c'est ce que tu faisais, malgré les attentats qui se sont multipliés ces quinze dernières années. Alors... Je continuerai de vivre. Pour toi. Parce que je t'aime, mon frère. Parce que je t'aime et ce sera  pour toujours. Tu resteras gravé dans mon coeur et mon esprit, parce que tu étais un frère merveilleux, peu importe ce que tu m'as fait. Adieu, grand frère.

                Je me tourne vers le cercueil et avale, difficilement ma salive, posant ma main sur le bois verni, une larme venant s'écrouler sur la boîte qui retient son corps. Celui de mon frère. L'un des seuls qu'il me restait. Et que j'aimais, malgré tout.

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