Chapitre 8-2

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C'est mon instinct qui prit le dessus et sans réfléchir, je relevai brusquement Cat, qui était tombée au sol. Puis la saisissant par le bras, je l'entraînai derrière moi vers les profondeurs du parking. Aller dans cette direction était risqué, car c'était certainement une voie sans issue, mais le seul accès à la rue était bloqué et nous n'avions pas d'autre choix de toute façon ! eu-je le temps de me dire dans une réflexion paniquée, tandis que nous fuyions.

Je nous dirigeai vers un labyrinthe de blocs de bétons brut, espérant que nous pourrions l'y semer et retourner ensuite vers la rue. Je mourrais d'envie de me retourner, pour voir si nous avions encore beaucoup d'avance sur lui, mais je savais que ce serait une mauvaise idée. Cela ne ferait que nous ralentir et me faire paniquer un peu plus. Mais les bonnes résolutions et l'instinct pur ne suffisent pas, bientôt n'y tenant plus, je tournai brièvement la tête pour voir où était notre poursuivant...et m'arrêtai brusquement. Si brusquement que je faillis faire tomber Catherine, qui courrait maladroitement derrière moi, le souffle court et le teint blême.

Il n'y avait plus personne ! Où était-il donc passé ? Nous tendait-il un piège, caché derrière une des machines de chantier ? Pourquoi aurait-il brutalement cessé la poursuite alors qu'il nous avait enfin retrouvées...ça n'avait pas de sens.

Je me retournai et revins machinalement quelques pas en arrière. Nous n'étions pas encore trop éloignées du passage menant à la rue, c'était peut-être le moment ? Je stoppai brusquement...non mais qu'elle idiote ! me rabrouai-je mentalement. Ces hommes n'avaient pas l'air d'être des amateurs, c'était forcément un piège.

J'enjoignis donc silencieusement Catherine de me suivre et suivant ma première idée, me dirigeai vers l'intérieur du parking. Une fois dans l'ombre des blocs rectangulaires, je sentis ma respiration s'alléger même si nous étions loin d'être sortie d'affaire. Je m'accroupis un instant pour reprendre mon souffle et mes esprits tout en jetant un coup d'œil dans l'interstice de deux blocs superposés, guettant l'approche plus que probable des deux hommes.

— Dès que l'on est certaines que la voie est libre, on fonce. D'accord Cather...

J'interrompis net mon chuchotement au moment où je me retournai pour quêter son approbation et me retrouvai devant...le vide ! Elle n'était plus là ! La peur et l'angoisse me glacèrent. Étaient-ils parvenus à l'enlever sans faire le moindre bruit, pendant que j'avais le dos tourné ? Après tout je ne les intéressaient pas, c'était Catherine qu'ils voulaient, pas moi...quoique maintenant que j'avais vu leurs visages ? Non, c'était impossible, elle se serait débattue, j'aurais forcément perçu quelque chose ?

Je restai un moment désemparée, immobile au milieu du parking dévasté, regardant frénétiquement autour de moi comme une pauvre victime paniquée. Je devais me ressaisir et cesser de faire une cible idéale pour qui voudrait me tirer dessus. Le plus probable, perturbée par les médocs comme elle l'était, elle avait dû être prise de panique et s'était enfuie. Il fallait que je bouge de là et que je tente de la retrouver, dans son état, elle n'avait pas dû partir bien loin.

Je commençai à avancer doucement, en prenant garde de bien rester baissé pour ne pas risquer qu'ils me repèrent. Je continuai sur quelques mètres, me demandant où elle avait bien pu aller, lorsque j'entendis des gémissements sourds provenant de derrière une grosse pelleteuse. Je m'empressai de la contourner et m'arrêtai pour jeter un coup d'œil prudent derrière. C'était bien elle et elle paraissait en pleine crise, de quoi, là était la question ! Je me précipitai pour m'agenouiller à ses côtés. Ce qui était sûr c'est qu'elle n'avait pas l'air d'aller bien.

Elle était couchée en position fœtale à même le sol gelé. Vêtue seulement de sa chemise d'hôpital, elle allait attraper la mort si elle restait là trop longtemps. J'aurais aimé pouvoir l'aider à se relever mais son corps parcouru de spasmes, ressemblait à un serpent géant pris de convulsions. Je commençai à paniquer, comprenant que je devais aller chercher de l'aide au plus vite, mais ne pouvant me contraindre à la laisser seule. Au moment où je décidai d'aller chercher les secours, n'en pouvant plus de la voir se tordre comme ça devant moi sans pouvoir rien faire, elle cessa de bouger. Je me pétrifiai l'espace de quelques secondes, me contentant de l'observer fixement, attendant de voir sa poitrine se soulever, signe qu'elle était toujours en vie. Quand je l'entendis gémir doucement, cela me sortit de ma transe et je m'empressai d'aller m'asseoir à côté d'elle afin de la tirer contre moi pour l'isoler du froid. À la seconde où je posais ma main sur son bras, elle sursauta violemment et par réflexe se rejeta en arrière comme si mon simple contact venait de la brûler.

— Catherine...c'est moi Rose, lui dis-je en approchant ma main avec douceur pour ne pas risquer de l'effrayer de nouveau.

Elle se déroba encore une fois, anticipant mon mouvement sans même l'avoir vu. Puis en une fraction de seconde, elle se retrouva accroupie face à moi en position défensive, tout en me fixant de ses grands yeux...rouges ! Non pas rouge, plutôt orangé, de la couleur d'une citrouille trop mûre. Je restai bouche-bée ? Qu'est-ce que c'était que ça, bordel ! Était-il possible qu'il existe une drogue qui donne les yeux rouges ? Après tout avec la chimie, rien n'était impossible mais c'était quand même flippant. Instinctivement je mis mes mains en avant dans un geste qui se voulait autant apaisant que protecteur, au cas où la première option ne fonctionnerait pas.

— Allons Catherine, c'est moi. Tu ne me reconnais pas ?

Ses yeux rivés sur moi, semblaient me fixer sans vraiment me voir, comme tout à l'heure. Une sorte de grand frisson la parcourut des pieds à la tête, faisant onduler son corps de manière peu naturelle. Elle ferma les yeux, prit une inspiration lente et profonde et lorsqu'elle les rouvrit pour les braquer sur moi de nouveau, ils avaient repris leur habituelle teinte bleue.

— Appelle-moi Cat. Tout le monde m'appelle Cat, dit-elle enfin d'une voix lente et posée. Trop posée, un peu comme si elle devait faire un énorme effort pour parler normalement.

— D'accord Cat, dis-je pour l'apaiser. Je ne sais pas ce qu'il se passe exactement, mais on ne peut pas rester là.

— Je dois retrouver les miens, j'en ai besoin, me murmura-t-elle alors qu'un autre spasme la parcourait. Il faut...je dois rejoindre la rue. Accompagne-moi jusque-là et après je me débrouillerais, dit-elle en se relevant péniblement.

Je m'approchai pour l'aider, mais son mouvement de recul et son regard d'avertissement, m'en dissuadèrent assez efficacement. Je ne trouvais pas que ce soit une bonne idée pour elle, de se mêler à la foule, dans l'état et dans l'accoutrement dans lequel elle se trouvait. Mais j'avais la conviction profonde que le lui dire ne servirait à rien, à part la braquer, et la faire s'enfuir en courant. Dans l'immédiat, le mieux à faire était de rester avec elle, jusqu'à ce qu'elle se rende à l'évidence par elle-même, ou qu'une idée de génie ne me vienne !

Avec milles précautions nous revînmes sur nos pas. Le passage jusqu'à la rue semblait dégagé et aucun des deux hommes n'était en vue. C'était le moment où jamais. D'un geste de la main je lui fis signe de me suivre et sortis à découvert. Nous n'étions qu'à mi-chemin des palissades délimitant le passage provisoire, quand ils sortirent tous les deux de derrière l'un des panneaux géants.

— Cours, criai-je à Cat bien inutilement, alors qu'elle m'emboîtait le pas, un éclat de terreur dans les yeux.

Nous nous mîmes à courir, le plus vite que nous le pûmes, alors que les deux gorilles essayaient de nous prendre en tenailles. Nous devions atteindre les palissades du chantier, là où l'espace se rétrécissait, avec un peu de chance ça les ralentirait. À bout de souffle je m'engouffrai dans l'étroit passage, Cat juste derrière moi, lorsque je l'entendis pousser un cri de détresse pure. Je me retournai et vis que l'un des hommes la retenait par une manche et essayait de l'attirer à lui alors qu'elle se débattait de toute ses forces. Sans réfléchir je revins sur mes pas et lui saisissant l'autre bras tentait de la dégager de la poigne du forcené. C'est alors que l'autre homme sortit une arme de derrière son dos et la braqua sur ma tête.

— Lâche-là, ou je tire ! m'ordonna-t-il d'une voix calme et froide, braquant sur moi son regard de crocodile.

Avant même que je n'ai vraiment le temps de réaliser ou d'avoir peur, un son étrange se mit à sortir de la bouche de Cat alors qu'elle faisait volte-face et de deux coups simultanés, envoyait les deux hommes valser au moins deux mètres en arrière.

— Cours ! m'ordonna-t-elle à son tour d'une voix étrange et rauque, en me poussant en avant tandis que les deux hommes se relevaient et se remirent à notre poursuite, armes en mains.

La peur m'aiguillonna et je mis toutes les forces qu'il me restait dans les derniers mètres qui nous séparait de la rue. Lorsque nous débouchâmes, suffocantes, sur le trottoir de la rue passante, les deux hommes stoppèrent net et dissimulant leurs armes derrière leurs dos, reculèrent dans l'ombre, un rictus haineux et revanchard sur le visage.

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Désolée si ce chapitre n'est pas parfait, mais la concentration est difficile en ces temps de vacances ;-) Je le reprendrais plus tard :-)

Bisous *-*

Ombre FauveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant