Chapitre 37-1

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En vrac sur le carrelage crasseux, je sentais des tremblements et de longs sanglots silencieux agiter mon corps de soubresauts, sans que je ne puisse rien faire pour les endiguer. Je me sentais effrayée, coupable, impuissante, en fait, tout et rien à la fois ! La seule personne à laquelle j'aurais pu me raccrocher, puiser un peu de réconfort, était étendue, inconsciente à côté de moi et...j'étais perdue. Dormir, juste m'assoupir un petit instant pour oublier la peur, la souffrance, le sang, les monstres. Comme dans un rêve je me sentis glisser à terre mais à l'instant où ma tête allait se poser sur le sol, quelqu'un me saisit fermement par les bras pour me redresser.

— Rose, ce n'est pas le moment de craquer, redressez-vous !

La voix de Storm, ferme mais douce, me fit réagir et je me raccrochai à lui par réflexe, le laissant me conduire jusqu'à Cooper qui me regardait d'un air surpris et un peu effrayé. Je ne lui plaisais plus tant que ça, on dirait ! ne pus-je m'empêcher de ricaner amèrement dans ma tête.

— Je crois qu'elle a besoin d'être examinée, lui dit l'inspecteur en me faisant assoir sur une chaise.

— C'est juste le choc, ça va passer, lui assura-t-il en s'éloignant de moi de quelques pas. Bien qu'après son numéro de Rambo en jupons, je ne comprenne pas cette crise d'hystérie ! marmonna-t-il dans sa barbe pensant, à tort, que je ne l'entendrais pas.

Sa remarque désobligeante me sorti de mon affliction plus rapidement qu'aucun mot d'encouragement n'aurait pu le faire ! Un sentiment d'injustice combiné à une envie furieuse de lui faire avaler ses dents me saisit soudain, me prenant aux tripes.

— Si vous saviez par tout ce dont je suis passée en quelques jours, par votre faute, vous fermeriez votre bouche, médecin d'opérette ! me contentai-je de lui sortir, en essuyant mes larmes d'un geste rageur.

— Non mais vous êtes bipolaire ou quoi ? s'écria-t-il visiblement au bord de la rupture lui aussi. Comment peut-on changer de comportement et de caractère aussi vite ? Sans compter d'entendre ce que je viens dire ? C'est à peine si je l'ai énoncé à voix haute ! Vous n'êtes pas humaine, c'est ça ?

Pendant une fraction de seconde, je fus tentée de tout lui balancer à la figure rien que pour voir sa réaction ! « Je suis un loup Garou et je vais te bouffer ! » aurait franchement pu être drôle ! Mais je me contins et parvins à me retenir de justesse.

— Bien assez pour faire une septicémie à cause de vous ! lui balançai-je à la place, me servant de ma colère pour éloigner ma peur et mon désarroi.

Une franche stupeur s'inscrit sur ses traits et il cessa de s'agiter pour me fixer étrangement.

— Comment ça une septicémie ? Qui vous a dit ça ? Encore un ignorant ! Vous avez l'air d'aller très bien. Ce qui ne serait pas le cas si vous aviez vraiment fait un choc septique.

— Je m'en suis remise, éludai-je comprenant que j'aurais sans doute mieux fait de me taire.

— En à peine une semaine et sans être passée par les urgences ? Impossible !

— Votre discussion est fascinante, intervint ironiquement Storm mais dans combien de temps va-t-il se réveiller ? demanda-t-il en indiquant Nicolas d'un signe de tête.

Cooper haussa les épaules en signe d'ignorance, avant de frissonner lorsque son regard tomba sur les reliquats sanglants toujours répandu sur le sol. Provisoirement calmée et un peu honteuse de m'être emportée bêtement, je m'agenouillai près de lui pour vérifier une nouvelle fois son pouls, lorsque la porte s'ouvrit à la volée.

— Storm ! beugla un homme en treillis militaire, fusil d'assaut à la main en pénétrant dans la pièce. Qui est Storm ?

— C'est moi, répondit ce dernier d'une voix posée en s'approchant de quelques pas. Que se passe-t-il, monsieur...

Ombre FauveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant