Chapitre 39-1

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Un grondement sauvage et effrayant sortit de la poitrine de Nicolas et je crus, pendant une seconde, qu'il allait pulvériser le téléphone de l'inspecteur contre le mur. Mais il se contint et se contenta de balancer rageusement son poing serré sur le fragile appareil dans le vide à la place.

— Que ce passe-t-il ? le questionna Storm qui était le seul à ne pas avoir entendu la conversation.

— Rien qui ne vous concerne, lui rétorqua Nicolas avec une agressivité effrayante tandis qu'il sortait de la pièce, gardant le portable du policier dans la main.

Nous le suivîmes, une inquiétude sourde qui commençait à devenir un peu trop familière, s'intensifiant rapidement dans ma poitrine. Malgré l'angoisse et la rage qui émanaient de lui, Nicolas s'accroupi, puis posa avec douceur deux doigts sur le cou de Cooper, pour prendre son pouls.

— Il va bien ?

La question, prudente, émanait de Storm qui se tenait intelligemment en retrait, non loin de la porte de communication entre les deux pièces.

— Il n'est pas encore mort...donc on peut dire que oui ! lui répondit-il cyniquement en se relevant, un air d'intense préoccupation sur le visage. Le problème, c'est qu'il n'est pas prêt de se réveiller, s'il se réveille et que je n'ai plus l'opportunité de l'emmener en lieu sûr comme j'en avais l'intention. Pas plus que nous ne pouvons rester là plus longtemps...pour résumer, c'est une impasse et je n'ai pas le loisir de trouver une autre solution.

Ses yeux, devenus insondables, se posèrent sur le corps toujours inanimé de Cooper. À quoi pensait-il ? Mystère. Mais l'éclat dangereux qui traversa ses pupilles fit réagir l'inspecteur, qui s'approcha de quelques pas.

— Je ne sais pas ce qu'il se passe et j'ai bien compris que vous ne vouliez pas me mettre au courant. Mais vous ne pouvez pas le condamner parce que, pour une raison obscur, il n'est désormais plus votre priorité ! S'il faut que je reste avec lui, je le ferais mais laissez-lui sa chance.

— Mais vous êtes totalement inconscient ou quoi ? rugit-il en le foudroyant d'un regard sauvage rempli de colère. Un humain avec un loup garou nouveau-né, c'est la catastrophe assuré ! D'autant plus que l'on n'a absolument aucune idée de sa réaction.

— Moi je cherche des solutions aux moins, même si je n'ai que la moitié des infos ! s'énerva enfin Storm.

— Vous croyez que je n'en cherche pas ? Que cet homme l'ai voulu ou non, à présent je suis responsable de lui, il fait partie de ma meute et je ferais tout pour le protéger...mais j'ai aussi des responsabilités envers d'autres personnes, quel que soit le chemin que je choisisse il y aura des dommages collatéraux...j'essaie juste de trouver la meilleure solution pour limiter les dégâts !

— Des métamorphes, opposés à ce que la transition se passe bien, retiennent les nôtres en otage, balançai-je soudain lassée par tous ces mystères et ces non-dits inutiles et contre-productif.

Avec tout ce que Storm venait de découvrir et d'encaisser, il n'était plus à une révélation près de toute façon ! Ce qui n'était apparemment pas l'avis de Nicolas qui m'incendia du regard en une demi-seconde. Mais tant pis le mal, si tant est que cela en était un, était fait ! On ne pouvait plus revenir en arrière et j'espérais que maintenant nous allions pouvoir avancer au lieu de tourner en rond.

— Les vôtres, vous voulez dire des loup garou ?

— Non, des métamorphes, des créatures surnaturelles si vous préférez, lui répondis-je.

— Que veulent-ils en échange ? demanda-t-il d'un ton tout de suite différent.

— Là est toute la question, lui répondit à contre cœur Nicolas, forcé de capituler. Pour le moment il m'a juste provoqué, mais les exigences viendront.

— Pourquoi vous ? Désolé, mais apparemment vous n'êtes pas les seuls loups garou, métamorphes du secteur, alors...

— Parce que nous devons représenter les métamorphes à la rencontre de conciliation avec les humains, le coupai-je alors que l'évidence s'imposait à mon esprit. Ils vont nous obliger à saboter la réunion.

— Ils n'ont pas besoin de ça. Avec leur drogue, ils ont déjà toutes les chances de réussir.

— Pas s'ils croient que nous avons l'antidote, lui rétorquai-je. Ils sont passés au plan B.

— Merde ! Tu dois avoir raison, jura Nicolas. Si c'est bien cela, cela nous laisse un petit peu de temps.

— De temps pour quoi faire ? Vous m'expliquez ?

— Pour mettre Cooper en sécurité, tuez tous les méchants métamorphes renégats, libérer les gentils et sauvez les fesses de tout le monde en évitant une guerre entre nos deux espèces, que vous seriez quasiment sûr de perdre ! lui répondit Nicolas d'un ton volontairement moqueur et ironique. Ça vous branche ?

— C'est certain que présenter comme ça ! Pourquoi ne pas faire appel...Attendez avant de monter sur vos grand chevaux ! Après avoir entendu parler de cette vidéo étrange qui faisait le buzz, comme on dit de nos jours, je me suis un peu renseigné et j'ai appris qu'un inspecteur de police humain était impliqué dans cette vidéo. C'est donc qu'une alliance est possible. Pourquoi ne pas accepter mon aide ?

— Parce que la situation est très différente à présent. Le secret n'existe plus. Vous connaissez notre existence désormais et nous savons tous comme les humains sont promptes à détruire ce qu'ils ne comprennent pas, ou ce qui les effraies !

— Nous ne sommes pas les seuls apparemment !

— Même si je n'approuve nullement leur point de vue, ni leurs actions, eux n'agissent pas par peur de l'inconnu. Ils agissent en connaissance de cause, pour éviter que l'histoire ne se reproduise ! Je ne suis pas d'accord avec eux et crois qu'une entente pacifique est possible, mais admettez que jusqu'à présent, l'histoire leur donne plutôt raison. Sans compter que certains d'entre nous l'on réellement vécu cette histoire ! ajouta-t-il d'un ton douloureux, cherchant à provoquer et à effrayer définitivement l'inspecteur.

Storm, ne dit rien, légèrement déstabilisé par ce qu'il venait d'entendre.

— Tout n'est jamais entièrement noir et blanc inspecteur. Vous avez vos extrémistes, nous avons les nôtres. Les nôtres ont seulement de meilleures raisons que les vôtres, même si cela ne les excuse en rien. Il ne reste plus qu'à trouver une solution pour éviter un bain de sang.

— Quoi que vous décidiez, je reste avec vous. Je suis trop impliqué maintenant et qui sait, peut-être qu'au final, avoir un flic humain dans votre camps pourra aider à faire pencher la balance ? Car, effrayé et déstabilisé ou pas par tout ce qu'il se passe, je ne veux pas que nos deux espèces s'entredéchire. Vous avez raison, il y a déjà eu trop de tueries inutiles et abjectes dans notre passé.

Nicolas l'observa pendant de longues secondes, avant de simplement hocher la tête, seul signe de son acceptation.

— Qu'il en soit ainsi, c'est votre choix et je salut votre courage et vous remercie d'avance pour votre aide. Mais j'espère que vous êtes prêt à vous salir les mains ! 

Ombre FauveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant