Chapitre 9-3

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Pour me retrouver nez à nez avec "grand méchant" numéro deux, appuyé nonchalamment contre la porte. Il me bloquait très efficacement la sortie, un sourire goguenard étirant ses lèvres minces. Je fis immédiatement volte-face avec l'horrible impression de me mouvoir au ralenti comme engluée dans un cauchemar sans fin, pour découvrir Cat, tenu en joue par le deuxième agresseur.

Ce dernier se tenait dos à la fenêtre, la maintenant contre lui de son bras gauche passé sous sa gorge, pendant que de la droite, il lui pointait le canon de son arme sur la tempe. Lui aussi souriait, me regardant comme si je constituais une bonne blague, l'effort qu'il devait faire pour maintenir une Catherine de plus en plus gesticulante n'apparaissant même pas sur ses traits.

— Ainsi donc, c'est ça qui nous a posé tous ces problèmes ! dit-il à son complice, d'un ton à la fois condescendant et amusé. Eh bien, notre réputation risque d'en prendre un coup ! Qu'en penses-tu Jeff ? continua-t-il d'une voix glaciale et implacable, de laquelle aucun humour ne transparaissait plus.

— Moi je suis d'avis, que l'on se débarrasse du problème tout de suite, répondit le dénommer Jeff, en sortant de derrière son dos une arme identique à celle de son complice avant de la pointer sur ma poitrine.

Je restai tétanisée, les yeux écarquillés, comme un lapin prit dans les phares d'une voiture. Même si j'avais voulu bouger ou tenter quelque chose d'héroïque ou de stupide, je crois que je n'aurais pas pu. Mon corps et mon cerveau semblaient être aux abonnés absents. Même si je savais que quelque chose d'horrible allait se produire dans les minutes, voir même les secondes à venir; j'allais sans doute rester là, sans bouger, à attendre que ça se passe...ça craignait un max ! Une sorte de bruit sourd, à mi-chemin entre un cri et un grognement, commença à monter de la gorge de Cat alors qu'elle se mettait à gesticuler de plus belle pour tenter d'échapper à la poigne de son ravisseur, apparemment nullement intimidée par l'arme pointé sur elle.

Cela eu aussitôt un effet très bénéfique pour ma santé, car l'attention du tireur fût détourné une fraction de seconde, ce qui suffit à mon instinct de survie pour reprendre le dessus. Je me jetai donc à terre, une seconde à peine avant que le coup ne parte et que la balle ne me frôle l'épaule droite. Elle alla finir sa course dans la fenêtre, dont la vitre éclata en mille morceaux, blessant au passage l'agresseur de Catherine, qui fut contraint de relâcher son étreinte dans un grognement contrarié.

Elle en profita immédiatement pour se dégager et son premier réflexe fut de me chercher du regard. Un regard de nouveau rouge-orangé, dans lequel je vis passer du soulagement quand elle constata que j'étais vivante. Un court instant plus tard, elle se jetait violemment en avant, sautant par-dessus mon corps affalé au milieu du tapis, pour aller percuter l'autre homme qui s'apprêtait à me tirer dessus, de nouveau. Ils atterrirent avec un bruit sourd contre le mur et une nouvelle fois le coup partit tout seul sous la violence de l'impact, pour atterrir dans le plancher à quelques centimètres de mon oreille gauche...ce n'était encore une fois pas passé loin. Je me mis à ramper frénétiquement, pour me glisser sous le lit. Réflexe primitif de survie mais qui, sur le long terme, ne me servirait probablement qu'à retarder l'échéance.

Une fois relativement à l'abri je me contorsionnai pour effectuer une sorte de demi-tour, afin de pouvoir voir ce qu'il se passait dans la pièce. Cat était en train de lutter avec l'homme sur le sol qui, à priori, avait le dessous, bien qu'il pèse au moins trente kilos de plus qu'elle...incroyable ! L'autre homme, quant à lui, semblait avoir disparu et ne faisait en tous les cas, pas mine d'aider son collègue en perdition.

— John...dépêche toi, elle est en train de se transf...je ne vais plus tenir longtemps, finit-il dans un souffle.

C'est alors que je vis l'autre homme ramper sur le sol, comme je l'avais fait peu de temps auparavant, pour ne pas qu'elle le remarque. Il avait les yeux fixés sur sa cible et ne me prêtait aucune attention. Il avançait bizarrement, ne se propulsant qu'avec un seul bras. Je compris pourquoi, au moment où il se mit à genoux en brandissant une seringue dans sa main droite, prêt à la lui planter dans le dos.

— Cat, attention, derrière toi ! m'époumonai-je, pour être sûre qu'elle m'entende.

Elle m'entendit, mais trop tard. Le temps qu'elle se retourne, il avait déjà réussi à planter la seringue dans son épaule et à presser le piston. La réaction fut presque immédiate. Je vis ses yeux se révulser et une mousse blanchâtre apparaître au coin de sa bouche, tandis qu'elle s'écroulait sur le sol, le corps en proie à d'horribles convulsions. Mon dieu, il ne s'était pas contenté de l'endormir, il l'avait empoisonnée !

Horrifiée, je reculai instinctivement vers le mur du fond, le plus loin possible de l'horrible scène. À présent, si je voulais avoir une chance de m'en sortir, mon seul espoir était de tenter de sauter par la fenêtre. Avec un peu de chance, la chute ne me tuerait pas...de toute manière, je n'avais plus vraiment d'autres options.

Je m'apprêtai à m'extraire de ma cachette pour me précipiter vers le battant fracassé, quand je sentis que l'on me tirait violemment en arrière, par la cheville. J'essayai désespérément de m'accrocher à quelque chose pour ne pas me faire déloger, lorsqu'un fracas de bois pulvérisé envahit la pièce et que la traction sur ma jambe disparut subitement. Ensuite je n'entendis plus que des bruits confus, impossible à identifier, mais j'avais trop peur pour tenter d'aller voir de quoi il retournait. Le vacarme cessa aussi vite qu'il avait commencé et avant que je n'aie le temps d'ouvrir les yeux, je sentis que l'on me tirait à nouveaux par les chevilles. Je me mis à hurler, avant de sentir une brève piqure dans ma cuisse, puis...plus rien.

Ombre FauveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant