Chapitre 34-2

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Ce dernier, au lieu de fuir terrorisé, se mit à partir d'un rire sonore et moqueur tandis que Nicolas s'approchait de lui d'une démarche menaçante.

— Parce que tu crois que je ne le sais pas peut-être ! Tu joues au grand méchant loup mais as-tu la moindre idée de ce que je suis ? termina-t-il dans un grondement menaçant alors que Nicolas, sans tergiverser plus longtemps, se jetait sur lui.

Malgré l'énergie envoyée par Nicolas, j'étais toujours au sol, immobilisée par une terrible faiblesse et des tremblements incontrôlables, lorsque le combat débuta. Devant mes yeux impuissants je vis Nicolas tenter une approche frontale, le bras levé, pour viser Ivory à la tête. Ce dernier se contenta de se ramasser légèrement sur lui-même, un sourire moqueur sur ses lèvres minces. Je vis à peine sa main bouger lorsqu'il contra l'attaque de Nicolas comme si ce dernier n'était qu'une vulgaire mouche, l'envoyant se fracasser contre une étagère métallique remplie de béchers et de récipients en verres qui tombèrent sous le choc, se fracassant au sol.

— Tu n'es pas de taille contre moi...louveteau ! le railla-t-il en s'approchant de lui avec une rapidité inouïe avant de le saisir rudement par son tee-shirt pour le redresser brusquement.

— Tu te croyais vraiment le seul à avoir survécu durant toutes ces années ? ricana-t-il en le soulevant d'une seule main, sans le moindre effort.

— Vous n'êtes pas un loup-Garou...je l'aurais senti, lui répondit Nicolas qui, à mon grand étonnement, n'essayait même pas de se défendre. Seuls ses traits contractés et ses poings serrés, trahissaient à quel point il était en rage.

— Tu es tellement jeune...tu n'y connais vraiment rien ! Pourtant tu dois bien la sentir, cette force qui te paralyse, t'empêchant de te rebeller contre moi ?

— C'est seulement dû aux drogues que vous m'avez injecté...

— Oh non et tu le sais parfaitement ! Tu voudrais t'en convaincre mais la vérité c'est que le véritable Alpha dans cette pièce...c'est moi et moi seul ! rugit-il en projetant Nicolas à travers la pièce avec une force surhumaine.

Je le regardai avec horreur s'approcher du mur à une vitesse folle, devant le regard réjouit de Ivory mais à la dernière seconde il sembla sortir de sa catatonie et dans un impressionnant mouvement tournant, atterrit sur ses pieds à quelques centimètres à peine de la paroi de béton. Ses yeux luisant d'une intense lueur jaune et sa posture ramassé ainsi que ses muscles tendus à l'extrême me disait qu'il n'avait pas du tout l'intention de se soumettre à ce nouvel Alpha auto-proclamé.

Une vague de chaleur et de puissance brute me submergea et je sentis mes forces me revenir tout à coup. J'allais me lever pour lui prêter main forte quand un regard appuyé de sa part me fit comprendre que je devais jouer les petites louves soumises et inutile encore un petit peu.

— Pourquoi suis-je encore debout, si tu es si puissant que tu les dis ? le provoqua-t-il d'une voix sourde et caverneuse.

— Résiste, tu as le droit d'y croire, même si c'est complètement inutile. Tu devras t'incliner devant moi et me céder ta meute...ou mourir. Ce qui, au final, donnera le même résultat ! le menaça-t-il en s'avançant de nouveau vers lui, son bras partiellement métamorphosé levé au-dessus de sa tête en un geste équivoque et menaçant.

— Vous n'aurez jamais Rose, le prévint-il alors que ses deux mains commençaient à se transformer à leur tour.

— Cette petite dinde est déjà à moi. Regarde, elle est pétrifiée par mon pouvoir.

— Ce sont les drogues qui me font cet effet espèce de cabot mégalo ! ne pus-je m'empêcher de lui rétorquer, indignée par ses paroles misogynes.

Le grondement qui sortit de sa gorge m'effraya suffisamment pour me faire taire, mais c'est un sixième sens étrange qui me fit baisser le regard lorsqu'il braqua ses yeux rougeoyant dans les miens.

— Voilà qui est mieux, approuva-t-il avec un rictus satisfait. J'aime que mes compagnes soient dociles.

— Alors cela se résuma à ça ! commenta Nicolas d'une voix qu'il peinait à maîtriser, m'empêchant de répliquer, ce qui était sans doute mieux. Tout ce qui vous intéresse c'est d'acquérir une nouvelle compagne. Pourquoi ne pas vous en créer une dans ce cas ? Les scrupules n'ont pas l'air de vous étouffer !

Comprenant qu'il cherchait à gagner du temps et à détourner son attention de moi, je commençai tout doucement à me relever, prenant garde à ne pas faire tinter les morceaux de verres éparpillés autour de moi.

— En effet, lui répondit-il en avançant toujours vers lui d'une démarche lente et mesurée. Mais je suis parvenue à un tel niveau de puissance, qu'aucune n'a résisté à la transformation.

— Dites plutôt que vous n'êtes pas fichu de vous contrôler suffisamment pour ne pas les tuer ! se moqua Nicolas en commençant à reculer, entraînant un Ivory en rage à sa suite, l'éloignant ainsi de la porte.

Le message était clair, il voulait que je me sauve. Mais il était hors de question que je l'abandonne seul avec ce fou furieux. Il fallait que je trouve une solution et vite, me dis-je paniqué en cherchant frénétiquement autour de moi un objet pouvant me servir d'arme de fortune. J'entendis plus que je ne vis, l'affrontement entre les deux loups garous débuter.

Un cri de souffrance qui me déchira le cœur retentit soudain, ce qui me poussa à l'action. Sans réfléchir, je me saisis d'une bassine en inox posée en équilibre instable sur le bord d'une paillasse et sans aucun soucis de discrétion me ruait sur Ivory qui me tournait le dos. Il était tellement occupé à s'acharner sur Nicolas, qui tentait de se défendre du mieux qu'il pouvait acculé dans un coin de la pièce, qu'il ne m'entendit même pas arriver. Avec toute la force qu'il me restait je levai le récipient très haut au-dessus de ma tête et l'abattit avec violence sur le crâne de Ivory.

Un bruit creux, limite ridicule, retentit dans la pièce, tandis qu'à ma grande surprise, Ivory s'écroulait lentement au sol, assommé. Je restai quelques secondes interdite, le récipient tordu toujours entre les mains.

— Bravo ma belle, les objets contondants ça marche toujours ! essaya de plaisanter Nicolas en tentant de se relever péniblement.

— Il t'a blessé ? lui demandai-je en laissant tomber ma bassine pour me précipiter vers lui et le soutenir.

— Uniquement des égratignures, ça guérira vite, me mentit-il avec un sourire qu'il voulait rassurant. Nous devons partir d'ici, il ne restera pas dans les vapes bien longtemps.

— Tu sais où nous sommes ? lui demandai-je en l'entraînant d'une démarche ridiculement lente vers la porte.

— Là où nous voulions être. Il ne nous reste plus qu'à trouver l'antidote.

— Tu es certain de ça ?

— Oui. L'humain qui était censé me torturer, c'est montrer très bavard lorsque j'ai inversé les rôles ! m'expliqua-t-il avec un petit sourire sinistre.

— Les cris que j'ai entendu...ce n'était pas toi alors ?

— Non. Heureusement qu'Ivory n'a ouvert que le son d'ailleurs ! me répondit-il en prenant une grande respiration tandis qu'il se redressait, me laissant apercevoir l'étendue des dégâts.

De profondes griffures et lacérations marquaient ses bras et son torse, certaines saignant encore de façon inquiétante.

— Oh mon dieu ! Tu ne peux pas rester dans cet état ! Il faut te soigner.

— Nous n'avons pas le temps, il faut quitter cette pièce tout de suite !

Il avait à peine terminé sa phrase que des bruits de bottes résonnèrent dans le couloir juste derrière la porte, nous piégeant comme des rats. 

Ombre FauveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant