Chapitre 24-1

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À la seconde où je repris conscience, j'ouvris instantanément les yeux sur...le néant ! J'avais beau forcer sur ma vue et regarder dans tous les sens, partout c'était le noir qui m'entourait. Cela avait peut-être échoué et j'étais morte, me dis-je soudain en sentant la panique me gagner. Non, si j'étais morte je ne sentirais pas cette horrible odeur musquée et piquante qui m'envahissait le nez et agressait mes muqueuses ! Sans parler des liens qui contraignaient mes membres et paraissaient me cisailler la peau.

Le grincement, léger mais distinct, d'une lame de parquet mal jointe se fit soudain entendre me faisant sursauter tandis que je commençai à m'agiter. J'étais prise au piège, je ne pouvais pas rester là !

— Rose, calme toi, me parvint la voix exagérément contrôlée de Nicolas.

— Qu'est-ce qu'il se passe, pourquoi je ne vois rien ?

La voix qui sortit de ma gorge me fit l'effet d'un uppercut à l'estomac ! Cette tonalité rauque, plus grave et assurée, limite sexy, ne pouvait pas m'appartenir ! Ce n'était pas moi...ce n'était plus tout à fait moi, réalisai-je soudain avec effroi.

— Tu n'y vois rien car tu as un bandeau sur les yeux pour protéger tes rétines hypersensibles de la lumière.

— ça a marché ?

— Oui Rose, le changement a eu lieu, me dit-il d'un ton à la fois soulagé et inquiet.

— Pourquoi tu ne me détaches pas ?

— Je vais le faire, mais tu dois prendre conscience de plusieurs choses avant, me dit-il en s'approchant de moi à pas précautionneux. Tu vas te sentir...différente. Plus forte, plus vivante, plus...

— Oui j'ai compris ! Plus tout ! Maintenant détache-moi !

— Plus impatiente aussi et impulsive. Tu vas devoir te maitriser me dit-il alors qu'un tintement étrange résonnait non loin de mon oreille.

Je sentis une légère tension au niveau de mon poignet gauche et soudain, il fut libre. Sans attendre que Nicolas détache mes autres liens j'essayai de me redresser et surtout d'ôter ce fichu bandeau.

— Non, ne fais pas ça ! me cria-t-il au moment où j'arrachai le tissu de devant mes yeux.

La lumière, bien que tamisée, m'agressa instantanément les yeux me faisant crier et me pelotonner, autant que me le permettait mes liens restant, dans un coin du lit. Ce n'était pas tant la lumière qui m'agressait que le fait que tout me paraissait plus clair, plus détaillé, plus lumineux, tout simplement...plus !

— Tes yeux doivent s'habituer progressivement, me dit Nicolas d'une voix chagrine tandis qu'il libérait ma cheville gauche.

Je soulevai prudemment une paupière, essayant de fixer mon attention sur le visage de Nicolas, à genoux à côté du lit. Dès que je vis ses traits, quelque chose en moi parut exploser. Une peur et une rage incontrôlée s'emparèrent de moi, alors que je bondissais du lit en arrachant mes liens.

— Sors d'ici ! lui hurlai-je d'une voix grondante.

— Rose, c'est moi Nicolas, me dit-il en se relevant doucement avant de s'avancer de quelques pas.

— Ne m'approche pas, lui criai-je en grondant, partagée entre la panique et la colère.

C'était lui le monstre qui avait essayé de nous tuer, me serinait quelque chose de nouveau à l'intérieur de moi. Mon nouvel instinct peut-être ? J'avais beau essayer de me raisonner, de me dire qu'il l'avait fait pour mon bien, pour me sauver la vie, la peur et la haine revenaient à la charge supplantant tout le reste et m'empêchant de réfléchir clairement.

Ombre FauveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant