Chapitre 32-2

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Des regards choqués et horrifiés me fixaient. Je vis l'acceptation de ce que je venais d'affirmer se faire dans leurs yeux, vite remplacé par de la peur, de la rage et de l'impuissance.

— Merde ! Pourquoi Personne n'a pris conscience de ça plus tôt ! tonitrua Khyn, ce qui fit sursauter tout le monde.

— Mais cette Cat s'est fait enlever avant la diffusion de la vidéo, non ? Les humains ne pouvaient pas anticiper ce qui allait se passer ! commenta Lyn en entrant dans la pièce.

— Qu'est-ce que tu fais là ? lui demanda Aaron d'un ton sous sauf sympathique.

— Si vous ne vouliez pas que l'on entende, il fallait parler moins fort ! lui répondit-elle avec son sans-gêne habituel, bien qu'une inquiétude gagne son regard.

— Si tu n'avais pas écouté aux portes, tu n'aurais rien entendu ! s'énerva Khyn en la foudroyant du regard.

— Je suis une métamorphe comme toi et comme tous les occupants de ce bunker pourri, crétin ! Toutes les personnes...

— ça suffit !

L'ordre excédé qui sortit de la bouche de Thomas n'était pas fort mais suffit à faire taire les deux belligérants très efficacement.

— Nous sommes tous à cran, mais nous écharper ne servira à rien. Le secret est idiot et n'a jamais mené à rien. Nous essayons juste d'être discrets pour ne pas inquiéter inutilement tout le monde, expliqua-t-il en fixant soudain Lyn dans les yeux. Alors évite de propager ce que tu as entendu.

L'ordre n'était que sous-entendu mais Linda, pour une fois, ne fit pas la maline et baissant le regard acquiesça d'un simple signe de tête.

— Elle a néanmoins soulevé un point intéressant, intervint Nicolas en me lançant un petit regard d'excuse. Comment auraient-ils pu anticiper tout cela ?

— T'es vraiment idiot ! s'emporta une nouvelle fois Khyn. Tu n'es pas au courant qu'ils font des expériences sur nous depuis des années ! Ce n'était qu'une question de temps pour que la population humaine connaisse la vérité. Ils avaient tout anticipé depuis le début ! Ta louve à raison ! Ce qui me rend dingue c'est de ne pas m'en être rendu compte plus tôt.

— S'en vouloir inutilement ne servira à rien, tempéra Aaron. Maintenant que nous avons compris...on fait quoi ?

Un silence pesant et lourd d'inquiétudes et de tensions suivit sa question, avant qu'un enchainement de propositions et de théories ne se déversent dans la pièce en un brouhaha assourdissant.

— Par n'importe quel bout que l'on prenne le problème...on parvient à une impasse ! sortit Khyn d'une voix découragée après une quarantaine de minutes de discussions, propositions et raisonnement inutiles et stériles.

— Résumons, intervint Lyn avec son ironie habituelle. On ne peut pas prévenir les nôtres car cela déclencherait à coup sûr un conflit. On ne peut pas prévenir les humains pour la même raison, sans compter qu'ils ne nous croiraient pas de toute façon ! Si on se rend, malgré tout, à cette réunion au sommet, on risque de se métamorphoser en bêtes sanguinaires et déclencher une guerre et si on y va pas...le résultat sera le même ! C'est bien ça ? J'ai bien résumé ? Je crois qu'il n'y a plus qu'une chose à faire là...vous avez des fourches ?

— Tu trouves ça drôle Linda ? gronda Thomas en relevant la tête qu'il tenait serré entre ses mains encore quelques secondes auparavant.

— Non, mais vos têtes de déterrés me déprimes, lui rétorqua-t-elle avec un petit rire un peu forcée tout de même.

Durant tout le temps qu'avait duré cette interminable discussion qui ne menait nulle part, je n'avais pas une seule fois ouvert la bouche, me contentant d'écouter. J'avais senti l'abattement et la résignation grignoter les voix et les espoirs à mesures que les options disparaissaient une à une, tandis que dans mon esprit une question de plus en plus prégnante me taraudait, éveillant en moi une faible lueur d'espoir.

— Il y a peut-être une solution, murmurai-je à l'oreille de Nicolas dans l'espoir, naïf, que mon chuchotement resterait entre nous.

— Laquelle ? on a balayé toutes les options, me demanda hargneusement Khyn.

Au lieu de lui répondre, je me tournai de nouveau vers Nicolas et timidement cherchai son regard, un peu anxieuse de sa réaction à la question que je m'apprêtais à lui poser.

— L'autre jour, c'est parce que tu es un loup garou et non un métamorphe que tu as résisté à la drogue ?

Je vis la compréhension se faire instantanément dans les yeux de Nicolas, tandis qu'Aaron et Khyn se levaient simultanément, ce dernier renversant une nouvelle fois sa chaise au passage.

— Tu n'envisages pas sérieusement la chose à laquelle tu penses ? me demanda-t-il d'une voix dangereusement basse et calme.

— Et pourquoi pas ? m'emportai-je enfin, ma crainte temporairement balayé par mon agacement. Tu as une meilleure idée peut-être ?

— N'importe quelle idée serait meilleure que celle d'envoyer un loup-garou au milieu d'un groupe d'humain !

— Nicolas, elle a raison ou pas ? le questionna Thomas calmement.

— En partie, lui répondit-il dans un soupir en me lançant un bref regard réprobateur. J'en ressens les effets mais un minimum de concentration me suffit pour y résister.

— Ne me dis pas que tu songes sérieusement envoyer un loup-garou pour nous représenter !

— Tu vois une autre solution là, tout de suite ! C'est dans trois jours je te rappel.

— Il n'est pas des nôtres, comment pourrait-il nous représenter ? Enfin s'il arrive à se maitriser et réussisse l'exploit de ne morde personne avant la fin des présentations !

Dans un grondement sourd et menaçant Nicolas se jeta sur Khyn, le collant au mur avant qu'il n'ait le temps de réagir.

— Si on en croît ta théorie, qu'est-ce qui me retient de t'arracher la jugulaire, là, tout de suite ? le menaça-t-il sa bouche à seulement quelques millimètres de son cou, ses yeux assombris par la colère semblant lancer des éclairs.

— Tu ne peux pas me transformer, ça n'aurait aucun intérêt.

— Pas si je ne suis qu'un monstre sanguinaire comme tu le sous-entends depuis le début...

— Nicolas arrête, il n'en vaut pas la peine, tenta de le calmer Aaron en lui posant une main sur l'épaule.

Ce dernier ferma brièvement les yeux et avec un effort visible, lâcha le cou du métamorphe avant de s'éloigner de lui d'un pas rageur.

— Tu penses que c'est jouable ?

— Tu penses que j'ai le choix ? répondit-il à Aaron d'une voix sombre avant de s'avancer vers moi, de me saisir sans ménagement par la main, avant de m'entraîner à sa suite dans le couloir. 

Ombre FauveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant