Chapitre 28-2

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Son sourire s'estompa tandis qu'elle se figeait, le nez plissé comme si elle venait de sentir une mauvaise odeur.

— Qu'est-ce qui se passe ? lui demandai-je alors qu'elle se mettait à me fixer avec un regard étrange et pensif.

— Tu sens bizarre, me dit-elle avec sa franchise coutumière.

— Ce n'est pas de ma faute si vous avez des goûts douteux en matière de gel douche, lui répliquai-je dans un soupir agacé, un peu lassée de toutes ses excentricités.

— Attend ! me dit-elle en me retenant par le bras alors que j'allais rejoindre Akshay et Cat qui nous attendaient quelques mètres plus loin.

— Lâche-moi !

L'ordre était sorti en un grondement bas et sourd de ma gorge. Son anormal qui fit aussitôt réagir Akshay.

— A quoi tu joues Linda ! Tu veux vraiment avoir un loup-garou novice et enragé sur les bras ? Cat, va à la cuisine, on te rejoint, lui ordonna-t-il en se tournant vers moi.

— Je sais, je dois contrôler ma louve ! dis-je avant même qu'il n'ait le temps d'ouvrir la bouche.

La vérité était que je ne contrôlai rien du tout mais je n'allais certainement pas l'admettre devant lui. Je sentais cette nouvelle force en moi se renforcer de nouveau et essayer de prendre le dessus à la moindre occasion. J'avais besoin de Nicolas, qu'il m'explique, qu'il m'apprenne comment la dompter, commençai-je à m'affoler tandis que mademoiselle hyène qui finalement s'appelait Linda, tournait autour de moi renforçant encore mon besoin de défense.

— Linda, arrête ça ! la prévins-je d'une voix tendue.

— Je préfère que l'on m'appelle Lyn, me dit-elle en s'arrêtant enfin pour me dévisager bizarrement.

— Bordel, tu joues à quoi ? lui redemanda Akshay en s'approchant d'une démarche énervée.

— Tu ne sens pas ?

— Sentir quoi ?

— Son odeur a changé.

— Quelle surprise, elle vient de prendre une douche !

— Laisse tombé le rayé, je croyais pourtant que les tigres avaient un bon odorat !

Pendant une seconde je crus qu'Akshay allait lui arracher la tête mais heureusement il se contint. Mais qu'est-ce qui n'allait pas avec mon odeur ?

— On doit voir ton Alpha, me dit-elle soudain d'un air très sérieux qui paraissait inquiétant sur son visage d'ordinaire enjoué. Tu sais où il est ?

— Comment veux-tu que je le sache ? Je dors depuis trois jours et depuis mon réveil je suis avec toi !

— Tu devrais le sentir. Il devrait t'attirer comme un aimant.

— Eh bien, ce n'est pas le cas...commençai-je avant de m'interrompre de moi-même.

Maintenant que je pensais à lui, quelque chose semblait m'attirer un peu plus loin dans le couloir.

— Il participe à une réunion importante et ne doit pas être dérangé, aboya Akshay.

Linda ne l'écouta pas et me faisant signe de la suivre s'avança dans le couloir jusqu'à la porte de la seule autre pièce que je connaissais, le salon où nous avions rencontré Ivory. Sans même frapper elle ouvrit la porte et s'engouffra à l'intérieur en m'entraînant dernière elle avant qu'Akshay n'ait le temps de l'intercepter, gêné par l'étroitesse du couloir.

Les cinq personnes présentes dans la pièce sursautèrent à notre entrée fracassante et se levèrent comme un seul homme. Tous, à l'exception d'une femme entre deux âge qui paraissait triste et épuisée. A bien y regarder, ils avaient tous l'air stressé et exténué, même Nicolas qui semblait avoir besoin du soutien de la table pour tenir debout.

— Que se passe-t-il ?

— Un problème ? demandèrent simultanément Aaron et Thomas.

— Le problème c'est que cette fille est ingérable ! rugit Akshay en pénétrant dans la pièce hors de lui. A plus de 200 ans, je crois que j'ai passé l'âge de jouer les baby-sitters ! explosa-t-il d'une voix assourdie par la colère.

— Justement, à ton âge canonique tu devrais avoir la sagesse d'écouter ce que les autres ont à dire, papy ! lui répondit-elle en lui lançant un regard venimeux, dont toute frivolité avait disparu. Dit super Alpha, tu savais que ta nouvelle recrue n'était pas cent pour cent humaine ?

— Pardon ! entendis-je Nicolas lui répondre d'une voix interdite tandis que je me demandais encore si j'avais bien entendu.

Non mais elle était folle, qu'est-ce qu'elle racontait ?

— Qu'est-ce que tu racontes ? lui demandai-je finalement, le cœur battant la chamade sans vraiment que je sache pourquoi. Bien sûr que je suis...que j'étais humaine ! Pourquoi tu dis ça ?

— Désolée de te balancer ça comme ça, mais ton odeur n'est pas celle d'une humaine.

— Évidemment, petite idiote, elle vient d'être transformée en loup-garou ! s'emporta Akshay, visiblement à deux doigts de se jeter sur elle pour la faire sortir de force de la pièce. Tu ne crois pas que l'on a déjà assez de problème sans en ajouter de nouveau.

— Il y a une autre odeur sur elle, s'entêta Lin de plus en plus énervée. Je ne l'avais pas perçu avant à cause de la crasse et du sang, mais maintenant qu'elle a pris une douche et changé de vêtements c'est flagrant !

— Ce que tu dis n'a pas de sens ! intervint de nouveau Nicolas. La transformation ne fonctionne pas sur les non-humains.

— Il faut croire que si, car je suis sûre de moi. C'est mon don spécial de métamorphe, je suis capable de reconnaître la nature de quelqu'un grâce à son odeur.

— Et elle serait quoi selon toi ? lui demanda Thomas, qui intervenait pour la première fois.

— Une sorcière.

Un silence assourdissant suivit sa déclaration. Complètement perdue je cherchai quelque chose à quoi me raccrocher et croisais le regard de Nicolas. Ses yeux exprimaient la surprise, le doute et la crainte. Pourtant, il ne détourna pas les yeux et couvrant les quelques pas qui nous séparaient, vint me prendre la main en un geste de réconfort.

— Tout cela n'a aucun sens, je crois que je l'aurais su si j'avais été une...sorcière ! C'est dément !

Mais des souvenirs et une petite voix dans ma tête me dirent que cela ne l'était peut-être pas tant que cela. La mystérieuse conversation téléphonique de ma mère me revint une nouvelle fois en mémoire, ce pourrait-il que ce soit cela qu'elle devait me révéler plus tard ?

— Rose, tu t'es rappelée quelque chose ? me demanda Nicolas, ayant remarqué mon air absent.

— Non...non, lui mentis-je d'une voix mal assurée ne voulant pas parler de mes soupçons devant cette assemblée qui me paraissait de plus en plus hostile.

— Si c'est vraiment le cas et que cette fille est véritablement une sorcière, vous devez la mettre aux arrêts, tout de suite, dit l'homme que je ne connaissais pas.

— Comment ça, ils veulent m'enfermer ? murmurai-je à Nicolas d'une voix paniquée tandis que la discussion s'envenimait et que l'atmosphère devenait électrique et pesante.

— Pas tant que je serais là, gronda-t-il en retour en se ramassant sur lui-même, prêt à nous défendre contre ce qui allait suivre. 

Ombre FauveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant