Chapitre 13-1

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Ce son sembla traverser Nicolas de la tête aux pieds, le faisant même grimacer. Puis il me fixa à nouveau, ses yeux à présent remplis d'une urgence que je ne comprenais pas et qui ne s'y trouvait pas quelques minutes auparavant.

— Je vous promets de tout vous expliquer...mais ce n'est, ni le lieu ni le moment, me répondit-il rapidement tout en se relevant en prenant appui sur le mur.

— Ce n'est pas à toi d'en décider ! intervint une nouvelle fois Eva de sa voix de dictateur. De toute manière, au train où vont les choses, tu n'auras sans doute rien à lui expliquer du tout. Si elle a un minimum de cervelle, elle aura tout compris par elle-même bien avant...Si l'on s'en sort vivants, bien sûr ! ajouta-t-elle d'une voix acide.

— Quoi ? couinai-je, d'une voix rendue aigue par ma panique qui revenait au galop.

— Allez bougez-vous, ou cette fois-ci, je vous promets que je vous pousse ! m'invectiva-t-elle tout en essayant de me forcer à avancer en me poussant avec sa main.

Perdant patience ou estimant qu'elle n'arriverait ni à me faire avancer, ni à me raisonner, elle essaya de me contourner. Mais nous avions beau ne pas être grosses toutes les deux, l'escalier lui, était trop étroit pour que la manœuvre puisse se faire sans mon consentement et mon cerveau avait, semble-t-il, décidé que mon corps était très bien là où il se trouvait pour le moment. C'est à dire le plus loin possible du gros félin à l'air féroce qui m'attendait en bas, ainsi que de la "chose" qui avait poussé ce cri. Merci bien, mais pas question que je bouge !

Je vis de l'inquiétude dans le regard de Nicolas au moment où ce dernier se posait sur Eva. De toute évidence lui aussi avait peur qu'elle ne mette sa menace à exécution et son coup d'œil suivant m'apprit qu'il cherchait un moyen de l'en empêcher si j'étais trop têtue pour céder. C'est ce regard qui me fit me décider. Je n'étais pas une poule mouillée. Si lui, blessé comme il l'était, était prêt à descendre, je pouvais bien le faire aussi. Je cessais enfin de résister et finis par redescendre ce foutu escalier.

Le tigre était toujours là. La seule différence était qu'il ne haletait plus mais se contentait de me fixer de son regard de sphinx. Une fois au bas des marches, Eva prit la tête de notre groupe et je la laissai faire avec plaisir. Elle passa sur la gauche de l'animal d'une démarche décontractée, tout du moins en apparence, car je ne pus m'empêcher de remarquer les coups d'œil inquiets qu'elle lui lançait, comme si elle s'en méfiait. Ce qui n'avait rien d'étonnant si c'était bien lui qui l'avait blessée. Mais bon, soyons réaliste, c'était surement le seul félin assez gros pour l'avoir esquinté de la sorte à des kilomètres à la ronde, c'était donc forcément lui. Bon on se rassure comme on peut !

Je la suivis prudemment sans lâcher le félin des yeux une seconde et respirais tout de suite mieux dès qu'un mur solide s'interposa entre lui et moi, une fois tourné le coin du couloir. Celui-ci s'élargissait alors pour former une sorte de petite pièce carrée en béton brut qui était...pleine ! Pleine de gens, tous plus ou moins mal en point. C'est en balayant la pièce du regard que je me rendis compte qu'ils étaient en fait une demi-douzaine, dont la moitié au moins semblait avoir fait une rencontre malencontreuse avec un mur, à l'instar de Nicolas. Quelque chose me disait qu'Aaron ne devait pas être étranger à l'affaire, même s'il n'était nulle part en vue.

Les autres ne semblaient pas blessés, tout au moins à première vue, mais leur immobilité presque surnaturelle conjuguée au fait qu'ils avaient tous l'air d'être en train de suffoquer lentement, me faisait dire sans l'ombre d'un doute que quelque chose n'allait pas, mais quoi ? Bien que je n'en ai pas la moindre idée, cela me rappelait néanmoins la crise que Cat avait fait dans le parking, l'immobilité en moins.

Ombre FauveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant