Chapitre 32-1

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— Qu'ont décidé les humains ? se décida à demander Nicolas, puisque personne ne semblait vouloir prendre la parole le premier. C'est bon...ou mauvais ?

— Pour être franc, on ne sait pas trop, lui répondit Aaron, la mine sombre.

— Le gouvernement veut organiser une rencontre pour discuter pacifiquement des différentes options, intervint à son tour Thomas d'une voix sceptique.

— C'est un piège ! C'est évident, la ramena Khyn avec son agressivité habituelle.

— A quoi cela leur servirait-il de piéger une dizaine d'entre vous ? demandai-je agacée par son comportement.

— À nous faire chanter ! Ils capturent ceux qu'ils pensent être nos leaders pour nous forcer à capituler.

— C'est idiot, rétorquai-je aussitôt. Vous ne céderiez jamais, arguai-je avec la certitude absolue et viscérale d'avoir raison.

— C'est une évidence, répondit-il dédaigneusement sans même me regarder, ni se rendre compte du malaise que cela m'inspirait. Mais eux ne le savent pas !

— Tu racontes n'importe quoi ! s'exclama Aaron qui semblait avoir atteint la limite de sa réserve de patience. Ils détiennent plusieurs des nôtres et aux dernières nouvelles ils ne les ont pas encore utilisés comme monnaie d'échange...

— Mais ça viendra ! De toute manière, c'est par leur faute que nous sommes dans cette situation alors pour ma part, ils peuvent bien les garder à l'ombre pour toujours.

— D'après ce que j'ai appris, des membres de ton clan faisaient partie de cette expédition, non ? Tu étais donc au courant depuis le début, le piaf ! le contra Aaron.

— Arrêtez ! Ces disputes incessantes ne mèneront à rien, tempéra Thomas en se levant. Ce moment était inévitable Khyn et tu le sais très bien. Ce n'était qu'une question de temps avant que les humains ne découvrent notre existence. Ils l'ont fait pour nous sauver d'une extermination silencieuse, nous devons au moins tenter de négocier leur libération.

— Tu vois, c'est vraiment de cela qu'il est question finalement !

— Nous n'en savons rien, mais cela semble plus que probable.

— Quel véritable intérêt ont les humains à vouloir négocier avec nous ? demanda Nicolas.

— Éviter une guerre civile contre un ennemi insaisissable se fondant incognito au milieu d'eux. Ils sont aux abois car ils ne connaissent pas notre nombre exact. Ils n'ont même pas l'identité de toutes les communautés...et heureusement.

— Ce n'est qu'une question de temps pour qu'ils autorisent l'armée à continuer ce qu'ils avaient commencé, s'écria une nouvelle fois Khyn. Nous devons attaquer les premiers plutôt que d'attendre patiemment qu'ils nous massacrent jusqu'au dernier.

— Si telle avait été leur intention, ils l'auraient déjà fait ! affirma Aaron. Grâce à la vidéo d'Hannah, maintenant tout le monde est au courant, ils ont les mains liées.

— La situation ne peut demeurer comme cela plus longtemps. Les esprits s'échauffent des deux côtés. Les nôtres ont peurs, tandis que les humains se divisent et se déchirent comme d'habitude.

— Vous comptez participer à cette fameuse...rencontre ? demandai-je d'une voix prudente, un peu intimidé par l'agressivité suintante de Khyn à présent debout devant sa chaise, ses mains crispées sur les bords de la table.

— Le problème principal, c'est qui envoyer, me répondit Thomas. Ceux ou celles qui iront seront automatiquement fichés comme métamorphes et si la rencontre tourne mal...ils n'auront aucune option de fuite possible. Étrangement il n'y a pas beaucoup de candidat, ironisa-t-il d'une voix lasse.

— Et pourquoi ne pas y envoyer ceux qui sont déjà connu ? demandai-je sans pouvoir m'empêcher de jeter un coup d'œil rapide vers Khyn qui paraissait avoir avalé de travers.

— Parce qu'ils sont soit morts, soit enfermés, soit traumatisés, me répondit Aaron dans un grondement sinistre. Sans compter que les seuls susceptibles de pouvoir tenir ce rôle n'ont pas le caractère adapté à la tâche ! ajouta-t-il d'une voix venimeuse en direction de Khyn.

Pendant qu'ils se mesuraient du regard, visiblement hésitant à en venir aux mains, une foule de questions tournaient dans ma tête. Je n'y comprenais rien. Les métamorphes n'avaient pas l'air structuré comme les humains, avec un gouvernement central. Mais plutôt en différentes petites communautés, toutes plus secrètes les unes que les autres et qui ne communiquaient pas entre elles. Alors pourquoi discutions-nous ici d'une chose aussi importante que l'envois d'un émissaire ? La communauté de Thomas n'avait pas l'air très importante, ni ancienne, c'était étrange.

— C'est vous qui allez prendre la décision ? demandai-je, ma surprise et mon scepticisme transparaissant légèrement dans mon ton.

— Non, bien sûr que non, me répondit Thomas, apparemment pas vexé par mon trouble. Il a été demandé à chaque communauté de proposé le nom d'un ou plusieurs volontaires. Ensuite seront envoyés ceux qui seront jugés les plus aptes à remplir cette mission.

C'était vrai qu'expliquer ainsi, c'était déjà plus logique, même s'il restait des zones de flou. Mais ce n'était pas le moment de poser d'autres questions me rendis-je compte aux mines tendus et harassés des hommes présents dans la pièce. Même Khyn, qui s'était calmé, paraissait inquiet et fatigué.

— Quand aura lieu cette réunion exactement ?

— Dans trois jours...mais seulement si nous avons quelqu'un à y envoyer ! Pour le moment, aucune des communautés contactées ne comptent proposer de candidats.

— S'il n'y a personne, que se passera-t-il ?

— Ils risque de prendre ça pour un refus de discuter, ou une provocation de notre part...et de mettre fin aux négociations.

Ce qui signifierait, un conflit inévitable entre les humains et les métamorphes qui ne pourrait se solder que par une seule chose...l'anéantissement probable de ma nouvelle famille.

— Vous croyez vraiment que cette entrevue a une chance d'aboutir ? demanda Nicolas.

— Oui, je le pense, lui répondit avec ferveur Thomas. Il faut juste que nos représentants se contrôle suffisamment pour ne pas exploser en plein débat.

— Comment cela ?

— Il est certain que les groupes anti-métamorphes seront aussi présent et feront tout pour les déstabiliser, les pousser à la faute pour prouver ce qu'ils serinent à longueur de temps...que nous sommes dangereux et incontrôlables.

Un horrible frisson glacé me parcouru tout le corps, lorsque les mots « contrôle » et « explosion » s'assemblèrent soudain dans mon esprit. Je revis Cat, Aaron et les autres incapables de se maîtriser, agressifs et poussés à se transformer contre leur volonté.

— Ils comptent se servir de la drogue administrée à Cat lors de l'entrevue, murmurai-je pour moi-même, tout à ma réflexion horrifiée.

Trois regards choqués et interrogatifs se braquèrent sur moi, me faisant brusquement me sentir toute petite.

— Cette réunion ne va servir qu'à une chose...prouver à tout le monde que vous êtes des monstres incontrôlables et assoiffés de sang, affirmai-je avec un aplomb dont je ne me serais pas cru capable il y a encore quelques heures. Cette drogue...c'est leur plan B.

Ombre FauveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant