Je ne perdis connaissance que quelques minutes tout au plus et compris rapidement que mon corps était en pleine lutte de pouvoir contre les psychotropes que l'on venait de m'injecter. J'avais la tête cotonneuse et un goût de sciure dans la bouche. J'étais sur le point de replonger dans le néant lorsque je perçus des sons qui me maintinrent à la surface et m'obligèrent à lutter pour ne pas sombrer de nouveau.
Ils me parvenaient par intermittence, un peu comme s'ils provenaient d'une radio mal réglée. J'essayai de concentrer mon attention dessus et c'est alors que les souvenirs des évènements précédents me revinrent en bloc, tandis que mon corps, tout comme mon cerveau, flottaient quelque part hors de mon contrôle.
J'avais la tête comme prise dans un étau et un arrière-goût de médicaments et de bile sur la langue. Cela ajouté à mes tentatives peut fructueuses pour sortir de ma catatonie, me donnait la sensation perturbante de m'approcher de la surface sans jamais l'atteindre...j'étais au bord de la nausée. Un peu comme si j'avais le mal de mer. Le plus inquiétant étant, que je n'étais même pas sûre d'avoir assez de contrôle sur mon corps, pour pouvoir vomir sans m'étouffer ! Je luttai pour rester consciente, de plus en plus certaine que j'étais en train de perdre la partie contre les médicaments. J'essayai de m'accrocher aux voix que j'entendais, de comprendre ce qu'elles disaient, pour ne pas sombrer de nouveau dans le néant.
— Que fait-on d'elle ? demanda, d'un ton calme et neutre un homme que je ne connaissais pas.
— On la laisse ici, répondit un deuxième homme, dont le timbre sourd et rauque était à la limite du grognement.
— Es-tu sûr que ce soit prudent...
— Elle n'est pas des nôtres, l'interrompit l'homme à la voix rauque d'un ton sans appel.
— Peut-être, mais sans elle ta fille serait morte...ou pire...
Un rugissement épouvantable explosa dans la pièce, faisant trembler le sol et les murs. À moins que cela ne soit amplifié par l'effet du calmant qu'ils m'avaient injecté. Car du peu que j'avais pu comprendre de leur conversation, j'avais été mise K.O par la cavalerie venue à la rescousse. J'essayai de me redresser pour leur dire que j'étais de leur côté, que je ne comptais pas les dénoncer, mais c'était comme tenter de soulever une montagne. Mon cerveau fonctionnait, mais tout le reste était H.S.
— On ne peut pas s'en encombrer, répondit d'une voix hargneuse et autoritaire, celui qui devait être le père de Cat.
— Si nous la laissons seule ici, dans cet état...elle n'aura pas la moindre chance s'ils reviennent.
Un nouveau grondement furieux envahit la pièce, allant jusqu'à en faire vibrer le sol.
— Très bien, fais ce que tu veux, raakshas ! cracha le père de Cat d'un ton venimeux à l'autre homme. Mais toi seul en assumera la responsabilité, termina-t-il d'un ton lourd de sous-entendu et d'une voix tellement sourde, qu'elle était à la limite de l'audible. Nous ne devons pas traîner ici, finit-il par ajouter avant de s'éloigner d'un pas pesant et de de sortir en claquant violemment la porte.
L'autre homme s'approcha de moi doucement et je sentis la panique m'envahir, alors même que ma conscience commençait de nouveau à se dérober. Maintenant que mon cerveau n'avait plus rien à quoi se raccrocher, le néant menaçait de m'engloutir de nouveau, laissant mon champ de vision envahi de taches noires de plus en plus importantes. Je sentis des larmes couler sur mes joues, sans que je ne puisse rien faire pour les en empêcher. Je me sentais faible et sans défense, complètement à la merci de cet homme que je ne connaissais pas et j'étais terrifiée.
Je le sentis, plus que je ne le vis, s'accroupir près de moi et ma panique atteint des sommets. J'avais tellement peur que je commençai à avoir du mal à respirer. Il dût s'en rendre compte, car il se pencha en avant et deux yeux marron à l'air surpris, surmontés d'une crinière de cheveux châtains, entrèrent dans mon champs de vision qui se réduisait de plus en plus.
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Ombre Fauve
Werewolf!!*!! Vainqueur du concours "Awards été 2017" dans la catégorie Fantasy !!*!! Si une seule décision, un simple geste instinctif, changeait le cours de votre vie ? Un soir, Rose va l'apprendre à ses dépends. En suivant son instinct, plutôt que s...