Chapitre 9-2

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La chambre était petite. Les murs, recouverts d'un papier peint fané dans les tons de bleu, étaient percés de deux fenêtres dans le mur du fond, ainsi que de deux portes. Une dans chacun des deux murs latéraux. Celle de droite menait à la salle de bain, tandis que l'autre desservait un placard. L'ameublement était à l'avenant. Tous le mobilier en bois sombre était ancien et massif et faisait paraître la pièce encore plus étriquée et étouffante qu'elle ne l'était déjà. La seule concession à la modernité de ma propriétaire était le poste de télé, ou devrais-je plutôt dire l'antiquité, qui trônait comme un vieux fossile oublié sur la commode en acajou.

Je n'aimais pas cet endroit, mais n'ayant pas beaucoup d'argent et pas vraiment le temps de chercher mieux, je n'avais pas pu me permettre de faire la difficile. De toute façon ce n'était que du provisoire et à vrai dire, jusqu'à présent, je m'en fichais. Mais c'était néanmoins la première fois que j'étais heureuse d'être là. Comme quoi, tout arrive !

Sortant brusquement de mes tristes constatations, je jetai un coup d'œil en direction de mon invitée surprise...totalement immobile depuis qu'elle avait franchi le seuil de la pièce. Elle se tenait debout devant la porte, la tête baissée, ses cheveux lui cachant le visage et ses bras serrés autour d'elle, vraisemblablement pour se tenir chaud, car elle tremblait de tous ses membres.

— Cat, l'appelai-je doucement. Nous sommes en sécurité maintenant, continuais-je sur le même ton pour ne pas l'effrayer, tout en me relevant lentement. Tu devrais aller prendre une douche chaude et te changer, je vais te prêter des vêtements. Ensuite, tu pourras appeler ta famille pour leur dire où tu es, d'accord ?

Le regard dans le vide, elle ne paraissait pas avoir entendu le moindre mot de ce que je venais de lui dire, malgré mon ton un peu forcé. Elle demeurait toujours prostrée, en tremblant de plus en plus. Je m'approchai et après un instant d'hésitation, lui posai doucement une main sur l'épaule. Comme elle ne réagissait toujours pas, je la conduisis, avec une foule de précautions vers ma minuscule salle d'eau. Ce qu'il lui aurait vraiment fallu, c'était un vrai bain. Mais bon...nous allions devoir faire avec ce que nous avions et ce n'était qu'une malheureuse cabine de douche à peine assez large pour moi, c'est dire !

J'ouvris les robinets et pendant que l'eau chauffait, entrepris d'ouvrir les cordons qui maintenaient sa chemise d'hôpital fermée dans son dos. Quand j'eus finis, la vapeur commençait déjà à envahir la petite pièce et j'allai régler la température de l'eau pour ne pas qu'elle s'ébouillante.

—Voilà c'est prêt. Je te laisse prendre ta douche tranquille, à moins que tu n'ais besoin de moi ?

Elle daigna enfin relever la tête mais s'évertua à ne pas me regarder dans les yeux. Le souvenir de leur teinte étrange me revint en mémoire et je dus me retenir de l'interroger tandis qu'elle me répondait d'un simple signe de tête en fixant ses pieds. Comprenant que je n'obtiendrais rien de plus dans l'immédiat, je sortis en fermant la porte pour lui laisser un peu d'intimité.

Sentant la fatigue m'envahir brusquement, je m'empressai d'aller lui chercher des vêtements dans mon placard, un jean, un tee-shirt à manches longues, un pull, des sous-vêtements et des chaussettes. Au moment de les lui apporter je me ravisai et préférai les laisser devant la porte pour ne pas l'effrayer inutilement et respecter son intimité, qui avait dû être bien malmenée ces derniers temps.

— Je t'ai déposé des vêtements propres devant la porte, lui criai-je de l'autre côté du battant, espérant qu'elle m'ait entendu malgré l'eau qui coulait. Au pire, elle pourrait sortir de la salle de bain enroulée dans une serviette, ce n'était pas la fin du monde non plus.

Je profitai de ce moment de répit pour ôter enfin mon blouson, crasseux et humide. Il était fichu. Les branches et les ronces l'avaient lacéré en plusieurs endroits, faisant ressortir le rembourrage blanc, tels des sourcils de père noël hypertrophiés. Je le laissai tomber devant la porte avec une moue dégoûtée et un petit soupir résigné. Bon, j'étais bonne pour m'en racheter un autre, ça m'apprendra à jouer les bons samaritains.

Ombre FauveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant