Chapitre 35-2

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Tout à ma surprise et à mon soulagement de le revoir, je ne vis son regard suspicieux braqué sur Nicolas et sa main qui frôlait son arme, seulement lorsque celle-ci était déjà dans sa main.

— Rose, venez près de moi et vous, plus un geste ! ordonna-t-il à Nicolas, son révolver braqué sur sa tête.

— Non, il est avec moi ! m'exclamai-je en me positionnant pile devant Nicolas, une main tendue vers l'inspecteur et l'autre agrippée au poignet du loup-garou qui ne semblait pas réagir à la menace.

— Qu'il nous montre ses mains et qu'il s'avance de quelques pas dans ce cas, me répondit l'inspecteur sans pour autant baisser son arme.

Je sentis ses muscles se tendre sous ma peau, tandis qu'il prenait une grande inspiration avant de me lancer un regard aussi interrogatif que résigné. « Fais-moi confiance » lui mimai-je sans qu'aucun son ne sorte de ma bouche, une sourde angoisse rivée au cœur tandis que je tentai de le rassurer d'un simple regard.

Il finit par acquiescer d'un bref signe de tête, alors que la tension avait encore grimpée d'un cran dans la pièce. Je lâchai son poignet avant de m'écarter légèrement tout en prenant bien garde de rester dans la ligne de mire de Storm.

— Rose, écartes-toi, je peux me défendre tout seul, me dit Nicolas d'une voix sourde tandis qu'il s'exécutait enfin avec des gestes lents et prudents.

Les deux mains levées au niveau de sa tête, il avança de deux pas avant de s'arrêter en chancelant légèrement, le buste penché et le souffle court.

— Tournez sur vous-même, lui enjoignit une nouvelle voix me faisant voir rouge.

— Non mais ne vous voyez pas qu'il est blessé ! m'exclamai-je en m'adressant à la seule personne de la pièce que je connaissais. Nous avons été enlevés, nous sommes des victimes pas une menace !

— Alors ça, c'est l'œuvre de qui ? demanda l'homme en pointant le cadavre du canon de son arme. D'où vient tout ce sang sur ses vêtements ?

— Ils...ils l'ont torturé ! improvisai-je en sentant ma voix se craqueler à mesure que l'horreur de ce qu'il s'était passé m'envahissait, faisant lâcher mes nerfs.

— C'est bon, dites à vos hommes de baisser leurs armes, dit enfin Storm tandis qu'il rangeait la sienne et me tendait enfin une main secourable.

— On n'est pas certains à cent pour cent...

— J'en prends la responsabilité, le coupa-t-il d'une voix sans réplique. Le bâtiment est sécurisé, alors sortons de cet antichambre des enfers et faites venir l'équipe médicale.

L'homme hésita quelques secondes avant de donner l'ordre à ses hommes d'une voix sèche et coléreuse. Recevoir des ordres d'un civil ne semblait pas lui plaire. La plupart des hommes se retirèrent tandis que deux petits chanceux restaient en factions à l'intérieur de la pièce dévastée en compagnie du cadavre. Je ne prenais pas la main tendue de Storm et m'empressai plutôt d'aller soutenir Nicolas, qui n'avait pas l'air en forme.

— Il ne faut pas qu'il m'examine, me chuchota-t-il précipitamment en s'appuyant sur moi.

— Venez, nous allons trouver un endroit plus confortable pour discuter et vous soigner, sortit justement l'inspecteur avant que je n'ai le temps de répondre.

Mais au fond, qu'aurais-je bien pu lui rétorquer ? Ce n'était pas parce que Storm nous accordait le bénéfice du doute que nous étions tirés d'affaire pour autant. Nous ne pouvions pas nous permettre d'être agressif ou récalcitrant dans l'immédiat. Nous devions jouer le jeu des victimes innocentes le plus longtemps possible, avec un peu de chance nous aurions peut-être une opportunité de trouver l'antidote que nous cherchions avant de réussir à nous éclipser.

Ombre FauveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant