Chapitre 14-2

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Des tonnes d'interrogations et de questions se bousculaient dans ma tête mais mon instinct de survie ne me laissa pas le temps de m'y attarder. Sans même réellement comprendre ce que je faisais, je m'appuyai sur le mur et m'en servant comme appui, parvint à m'éloigner assez rapidement de Cat pour éviter son coup, qui ne me rata que de quelques centimètres. Désorientée et bloquée dans ma retraite par le lit, j'hésitai...une seconde de trop ! Une seconde qui suffit à Cat pour se ressaisir et se ruer sur moi dans un rugissement sauvage. J'eu juste le temps de lever mes bras devant mon visage avant qu'elle ne nous envoie au sol dans une envolée de perfusion et de matériel médical en tout genre.

L'air s'échappa brutalement de mes poumons en un gémissement sourd lorsque mon dos heurta le sol de béton avec violence. Un plateau en acier tomba dans un tintement sonore juste à côté de mon oreille me sortant de la torpeur initiée par le choc. Alors que Cat peinait à se redresser après s'être affalée sur moi, je sentis quelque chose de froid cogner contre mon poignet, c'était une seringue ! Sa chute en avait fait sauter le capuchon protecteur et son aiguille acérée brillait faiblement dans la clarté nauséeuse des néons. Je m'en saisis d'une prise maladroite et profitant de ce que Cat se redressait pour tenter de me frapper à nouveau, lui plantait l'aiguille dans la cuisse avant d'appuyer sur le piston.

Ses yeux s'écarquillèrent, avant de devenir rapidement vitreux tandis qu'elle s'écroulait comme une masse devant moi. J'eu juste le temps et la présence d'esprit de m'écarter assez vite pour ne pas me retrouver piégée sous son corps inerte. Pendant quelques secondes je ne pus que rester là à l'observer, tétanisée. Et si je l'avais tué ? Après tout je ne savais pas ce qu'il y avait dans cette seringue. Avec milles précautions j'approchai ma main de son cou, posant deux doigts tremblants sur son artère que je sentis, à mon grand soulagement, palpiter sous sa peau. Le bruit caractéristique de quelque chose de très lourd tombant au sol, suivit d'un rugissement retentissant, m'apprit que la lutte faisait toujours rage entre Aaron et Nicolas et que je devais me dépêcher. Mais comment faire pour transporter Cat maintenant qu'elle était complètement inconsciente ? me dis-je dans un gémissement, ma douleur à l'épaule irradiant de plus en plus, réveillée par mon simple geste des vérifications des signes vitaux de Cat. C'est alors que je prenais appui sur le sol pour me relever que mon regard tomba sur les pieds du lit. C'était un lit médicalisé à roulette ! Ce ne serait pas très discret, mais je n'avais rien d'autre en réserve pour le moment.

Avec beaucoup de difficultés je parvins à hisser le buste de Cat sur le matelas. Son corps était mou et difficilement manipulable et je dû faire une pause de quelques secondes pour reprendre mon souffle, avant d'attraper ses chevilles pour basculer ses jambes sur le lit. Avec précipitation je détachai tous les câbles reliés aux différentes machines, débloquai le frein et commençai à pousser le lit vers la porte. Je compris au bout de deux pas pourquoi brancardier était un métier ! Bien que lourd, le lit était extrêmement mobile et quoique je fasse, ne roulait pas droit.

Après avoir cogné dans un mur pour la troisième fois en moins d'une minute, je m'arrêtai, essoufflée et à bout de nerf. Je n'étais pas manchote quand même ! m'énervai-je contre moi-même. Je devais cesser de paniquer et me calmer...j'allais y arriver. Forte de cette bonne résolution, je pris une grande inspiration, positionnai bien mes mains de manière équilibrée et repartis plus calmement. Après deux oscillations maladroites, j'obtins enfin une trajectoire droite et pus amener le lit en face de la porte. Maintenant je n'avais plus le choix, je devais courir en ligne droite et surtout ne pas m'arrêter. J'espérai juste que le châssis serait assez costaud et assez bas pour écarter les débris et les meubles se trouvant sur notre chemin sans que ces derniers ne se coincent dessous et ne nous bloque. J'aurais pu tenter de louvoyer pour les éviter mais je craignais de perdre le contrôle de la trajectoire et de perdre trop de temps.

Même si mon esprit refusait d'analyser clairement ce à quoi je venais d'assister, j'avais bien conscience d'être dans une situation critique et très dangereuse. Je n'aurais qu'une seule chance. Sans plus réfléchir, je m'armai de courage et m'élançai vers la sortie. Dès que les roues heurtèrent le premier obstacle, l'envoyant valdinguer à l'autre bout de la pièce, Aaron se retourna brusquement. Quand il m'aperçut un rugissement sauvage s'échappa de sa bouche tandis que ses mains s'armaient de griffes et qu'il commençait à se diriger vers moi.

J'étais tellement terrorisé et hypnotisée par ce que je voyais que je stoppai sans même m'en rendre compte.

— Cours ! Vite, sors d'ici ! me hurla Nicolas d'une voix forte malgré son épuisement évident tandis qu'il ceinturait Aaron par derrière, pour l'empêcher de se ruer vers moi.

Son invective me sortit de ma stupeur et c'est les membres tremblants de fatigue et de peur que je repris mon difficile parcours. Bien que la pièce ne soit pas immense, j'avais l'impression de me traîner lamentablement et sentait mes forces décliner très rapidement, alors que ma douleur à l'épaule m'électrisait désagréablement jusqu'au bout des doigts, m'empêchant de serrer correctement la tête du lit. Au moment où j'atteignais enfin la porte, ma main glissa et le lit partit de travers, allant se coincer dans l'encadrement.

J'entendis alors un cri déchirant au moment où Aaron parvenait enfin à se débarrasser de Nicolas, dorénavant libre de se jeter sur moi. Alors que je me démenais avec l'énergie du désespoir, sentant la désolation et la terreur m'envahir, le lit se mit subitement à bouger et se délogea de sa position précaire.

— Aller pousse ! Magne-toi ! me cria Eva qui se mit à tirer le lit hors de la pièce.

Je ne me le fis pas dire deux fois et mis mes dernières forces dans la bataille. Une fois hors de la pièce, Eva nous guida vers l'une des autres portes à présent ouverte et s'empressa de s'y engouffrer.

— Ferme la porte ! m'ordonna-t-elle dès que j'en eu franchi le seuil. Et condamne-là ! ça ne l'arrêtera pas longtemps mais ce sera toujours mieux que rien.

Plus franchement en état de réfléchir, je me tournai vers le battant et restais un instant stupéfaite devant les deux encoches métalliques encadrant la porte et la barre en acier posée contre le mur à côté. Personne ne pouvait passer ça ! C'était un mécanisme digne d'un château fort ! Avec difficulté je parvins à mettre la barre en place quand un coup formidable ébranla la porte me faisant crier de surprise.

— Merde ! On n'est pas encore assez loin ! Vite aide-moi, on doit s'éloigner encore, avant...

Elle s'interrompis brutalement alors qu'un éclair orangé traversait ses yeux, son regard transformé de prédateur fixé sur moi. 

Ombre FauveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant