Requiem Æternam Dona Eis [TERMINÉ]

Chapitre 11 (partie 1)

– Bon, sérieusement, tu en penses quoi ?

– Que dalle. Je m'en tape.

– Non, sérieux, t'es pas marrante, là.

– Mais je te dis que je m'en fous ! Tant que ça marche !

James grogna de contrariété. Son amie Lulu avait décidément le chic pour se foutre de tout ce qui était important.

– Parce que tu trouves que disserter pendant des plombes sur le pourquoi de la nécessité d'un clou neuf pour prévenir la naissance d'un éfrit, c'est important ?

– Bien sûr que oui. Tu dis qu'un éfrit naît du sang d'un meurtre, et qu'il faut plonger un clou neuf dans le sang pour l'en empêcher. Mais pourquoi un clou neuf ? Parce qu'il est considéré comme pur, ou quelque chose ?

Lulu leva les yeux au ciel, rajustant machinalement un pli de son hidjab. Le bruit de leur pas se répercutaient mollement sur le bitume craquelé.

– Ça fait chier ! jura-t-elle.

– On dit plus « ça fait chier », maintenant, lui enseigna James.

– Ah ouais, et on dit quoi, alors ?

– « Ça fait chier grave. »

– C'est n'importe quoi.

Et elle dressa aussitôt l'oreille, pour voir quelque chose s'enfuir sous son nez en criant. Lulu s'arrêta, et James en fit autant.

– C'était quoi, ça ?

James se pencha en avant, scrutant la direction dans laquelle les cris s'étaient enfuis.

– Je crois que c'était rose, affirma-t-il.

Et quelque chose d'autre, de plus gros et grognant sinistrement, se rua également devant eux, sur les talons du fuyard qui avait disparu.

– Et ça, c'était quoi ?

– Ça, je crois que c'est pour moi.

Il chargea son arme et ils se lancèrent à la poursuite de la chose.

– On s'ennuie grave, ici ! râla Lulu.

– On dit plus « on s'ennuie grave », recommença James.

– On dit quoi, bordel ?

– « On s'ennuie mortel. »

– Oh, ta gueule !

Et ils disparurent dans la nuit.

*

La chose courait diablement vite. James et Lulu ignoraient ce qu'elle pistait, mais elle devait subir les effets soit d'une forte faim, soit d'une forte contrariété pour filer à une telle vitesse.

Heureusement, le flair de Lulu les guida et, courant de toit en toit, ils parvinrent enfin à retrouver la trace de la bête. Celle-ci reniflait autour d'elle avec attention, comme si elle cherchait quelque chose.

– J'avais oublié que la lune était rousse, grogna James.

– C'est ton domaine, je te le laisse.

Il leva le cran de son arbalète.

– Attends, lui chuchota Lulu, ton angle n'est pas bon. Je vais attirer son attention, ça le fera se tourner.