Chapitre 35 (partie 1)

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– Bien, je t'écoute.

Le maudit se ratatina sur la chaise à clous. Les pointes aiguisées se plantèrent dans sa chair, mais il resta désespérément muet.

Christel avait peu eu l'occasion de se servir de cette salle, comme beaucoup de ses camarades, d'ailleurs. La question ayant souvent été jugée comme le dernier recours envisageable, qu'elle fût ordinaire ou non, la salle de torture avait été très peu utilisée. Cela arrivait que l'on vînt y soumettre un récalcitrant, mais c'était davantage à but persuasif qu'un véritable interrogatoire

Or, cette fois-là, Christel avait mis ses principes de côté et traîné les maudits capturés par ses camarades directement dans cette pièce, pour les soumettre à une question en règle. Malheureusement, ces derniers étaient trop morts de peur pour oser ouvrir la bouche, ce qui, au bout du troisième récalcitrant, agaça fort le jeune homme.

Il s'approcha et, posant le pied sur les cuisses du prévenu, appuya fortement pour enfoncer davantage les clous dans les chairs. Le prisonnier grimaça, mais tint bon.

– Bon, alors écoute, commença Christel en guise de préambule. Vois-tu, j'ai eu une journée de merde, aujourd'hui, et pas qu'au sens figuré. Je suis mort néantisé par une vampire – tu me passeras tes commentaires désobligeants, c'est déjà assez humiliant comme ça – et le Doyen a dû sacrifier sa vie pour que je m'en sorte. Ç'aurait pu s'arrêter là, sauf que voilà, parce que toi et tes petits camarades sont rentrés ici, j'ai également perdu une amie chère. Écoute, c'est simple : en quelques heures, j'ai perdu deux personnes parmi celles qui m'étaient les plus proches, et pas un seul de tes copains qui sont passés avant toi ont été foutus de me dire quelque chose d'utile. Ceci pour te faire comprendre que tu as pas intérêt à me casser les couilles.

Autour de la chaise, il n'y avait que Christel et James. Lulu, pour des raisons éthiques, avait préféré attendre le résultat à l'extérieur. Les deux hommes étaient donc seuls.

Christel ne retira pas son pied.

– Ce qu'il y a de chouette, avec cette salle, susurra-t-il, c'est que peu de gens s'en servent. On peut prendre le temps qu'on veut, personne ne va venir nous déranger. On peut te faire ce qu'on veut, personne ne viendra te sauver. De toute façon, qui voudrait te porter secours, dis-moi ?

James ricana.

– En plus, ce qu'il y a d'encore plus chouette dans notre cas, c'est que personne n'osera nous mettre en doute sur ce qui s'est passé ici. Ce sera ta parole contre la nôtre. À ton avis, laquelle ils vont croire ?

Il rôda avec une étrange complaisance le long des accessoires.

– Tous ces objets que tu vois là, expliqua-t-il, sont d'authentiques instruments de torture du 12e siècle. La plupart n'ont presque jamais servi parce que jugés trop barbares par certains. Ce serait une occasion de les dérouiller, tu ne trouves pas, Christel ?

Son ami approuva.

– Absolument ! Excellente idée. Apporte-les, s'il te plaît.

Si le maudit avait encore eu un métabolisme, il aurait sué à grosses gouttes.

– Eh..., hésita-t-il.

Christel se tourna vers lui.

– Tu as quelque chose à nous dire, avant qu'on commence ?

La bouche du malheureux s'ouvrait et se refermait comme celle d'un poisson hors de l'eau.

– Je t'écoute, c'est ta dernière chance.

Requiem Æternam Dona Eis [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant