Chapitre 35 (partie 2)

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Les deux hommes libérèrent ses jambes pour lui lier les planches autour, et calèrent un premier coin dans l'interstice du milieu.

– Tu as quelque chose à dire, avant qu'on commence ?

Le malheureux ne répondit pas, mort de peur. Il avait des clous qui lui rentraient dans les fesses, le dos, les bras et sous les pieds, des lacérations tout le long du mollet, des planches qui lui écrasaient dangereusement les jambes, et deux fous furieux devant lui. S'il devait parler, c'était le moment.

– Écoutez..., balbutia-t-il.

Ils restèrent silencieux, l'écoutant.

– Écoutez...

– Ça va, on t'écoute, l'encouragea James.

Le prisonnier jeta un regard affolé sur Christel qui tenait le marteau.

– Alors, tu racontes, oui ? J'ai la main qui me démange.

– Oui, oui, je raconte...

Il se dandina nerveusement sur la chaise.

– Vous voulez savoir quoi ? Écoutez, c'est pas de notre faute, si on est entré là.

– C'est la faute à qui, alors ? Vos pieds souffrent de stupidité ? Ils ont vu de la lumière, et ils se sont dit « tiens, et si j'allais par là ? » ?

– Écoutez...

Christel n'y tint plus. D'un geste rageur, il abattit le marteau sur le premier coin qui s'enfonça, faisant hurler le maudit de douleur.

– Parle ! Ou je peux t'assurer que tu ne les compteras plus !

– D'accord ! D'accord !

Le jeune homme ravala sa rage, mais gardait sur le prisonnier un œil flamboyant.

– Quand on a senti que la protection n'était plus là, raconta celui-ci, on s'est dit qu'on allait enfin pouvoir faire un carton... Vous pensiez quoi ? Qu'on allait passer à‑côté, sans y faire attention ? Depuis le temps qu'on espérait rentrer ici, c'était l'occasion rêvée.

– Le pourquoi du comment de votre venue ici, je m'en en torche, gronda Christel. Ce que je veux savoir, c'est ce que vous avez fait de Lilian.

Le maudit lui jeta un regard abasourdi. Il croyait qu'on l'interrogeait sur leur venue ici, et on lui réclamait le sort d'une simple fille ?

– Lilian ? C'est qui, celle-là ?

Voyant que son ami allait le mettre en pièces, James intervint :

– Lilian était notre amie, expliqua-t-il. Elle a rejoint notre cause, il y a peu.

– Ah, oui ! se souvint alors le maudit. La fille Hamilton, c'est bien ça ?

– C'est ça. Elle a été tuée au cours du combat, et sa dépouille a disparu. Nous voudrions savoir où vous l'avez emmenée.

S'il n'était pas attaché, le prisonnier aurait certainement haussé les épaules.

– Mais qu'est-ce que j'en sais, moi ? J'y ai pas touché, à cette fille !

– Tu n'y as peut-être pas touché, mais tu dois sans doute savoir où tes petits camarades l'ont embarquée.

Le maudit rit jaune.

– Mes camarades ? On est tous venus à la sauvette sans aucun signe avant-coureur. Quand on a senti que la voie était libre, tous ceux qui avaient envie de venir sont venus, c'est pas plus compliqué que ça. Je serais même prêt à vous mettre au défi de trouver deux démons qui appartenaient au même clan. Bon, allez, trois démons...

Requiem Æternam Dona Eis [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant