Chapitre 13 (partie 2)

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Ignorant la menace qui avait manqué de peser sur ses épaules, Christel retourna dans la classe. Les élèves avaient commencé une bataille de lancers de fournitures diverses, et la salle n'était plus qu'un joyeux capharnaüm. Mr Davis, dissimulé derrière son bureau, bombardait ses adversaires de crayons, donnant à ses alliés des ordres d'une voix de général d'armée.

« J'ignorais que l'enseignement avait à ce point évolué », releva la Dame d'un ton léger.

– Hier encore, on écoutait le prof raconter l'élection de Jacob Trump III, reconnut Christel. Ça fait drôle de voir ces ploucs s'amuser pour de vrai, mais pour une fois, ça fait presque du bien.

Elle jeta un coup d'œil vers Lilian, qui se bagarrait avec les autres.

« Elle a l'air de bien s'amuser. »

– Encore heureux. Elle va vite se rendre compte avec qui elle se sent le mieux. Qu'elle soit revenue ici montre qu'elle en avait marre de rester chez lui.

« Oui, reste à... »

Elle se tut.

Christel, qui continuait à observer les élèves se battre, l'invita à poursuivre :

– Oui ? Reste à... ?

Comme la Dame restait muette, il se tourna.

Elle avait disparu, mais il comprit pourquoi en voyant les policiers en uniforme avancer dans le couloir. Ils étaient au nombre de dix, marchant d'un air important. Christel se disait confusément que déplacer la police pour une bagarre bon enfant dans une salle de classe était exagéré, quand l'officier de tête entra dans la salle, provoquant un calme et un silence immédiats.

Tous les élèves s'arrêtèrent et regardèrent l'officier.

– C'est qui, celui-là ? demanda une voix.

L'officier ne répondit pas.

Mr Davis, qui se protégeait avec une chaise, sortit du couvert de son bureau et se leva, un peu gêné.

– Messieurs ? s'informa-t-il. En quoi puis-je vous être utile ?

L'officier jaugea l'enseignant, puis son regard parcourut la salle. Il nota les tables renversées en guise de remparts, les fournitures par terre, les élèves échevelés. Il eut le temps de se dire que voilà une bien curieuse pédagogie, puis sortit un document de sa poche.

– Sergent Miles, se présenta-t-il. J'ai ici un mandat d'arrestation au nom d'un de vos élèves, annonça-t-il.

L'état de Mr Davis alla de la gêne à la profonde stupéfaction.

– Je vous demande pardon ?

Le sergent l'ignora, puis s'adressa aux élèves tout aussi surpris :

– Je vous prie, jeunes gens, de me livrer sans plus tarder votre camarade nommé John Constantine.

Un silence mortel tomba sur la salle. On aurait entendu penser une mouche. Tous les étudiants sans exception regardèrent l'homme avec des regards sidérés. Constantine, en état d'arrestation ?

– Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il a fait ?

Le jeune homme avait eu jusqu'ici la prudence de ne pas réagir. Mais cela n'empêcha pas Lilian et ses camarades de tourner les yeux vers lui.

– De quoi est-il accusé ? demanda la jeune fille.

– De meurtre, mademoiselle.

Une lueur s'alluma dans le regard de Lilian, indiquant clairement qu'elle comprit parfaitement de quoi il s'agissait. Les autres élèves, eux, n'en revinrent pas.

Requiem Æternam Dona Eis [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant