Après avoir repoussé les premières lignes formées par Scarlet et les renforts à la boutique, les maudits avaient vite trouvé l'entrée secrète qui menait au repaire. Un grand nombre de chasseurs les avaient attendus, mais devant le brusque afflux d'ennemis, n'avaient eu d'autres choix que de battre en retraite, des blessés sur les bras. Rendus surexcités et hargneux par l'absence de protection qui régnait habituellement ici, les monstres s'en étaient donné à cœur joie en envahissant méthodiquement la place, faisant succomber sous leurs coups plusieurs adversaires, lesquels ne pouvaient rien faire de plus que de prendre la fuite, excitant davantage les ennemis.
Les instants étaient critiques, l'issue du combat plus qu'incertaine.
C'est alors que, tout à coup, le temps s'était trouvé presque arrêté, figé net l'espace d'une seconde à peine. Tous, jusqu'au plus profond de leurs chairs, avaient ressenti comme un frissonnement dans l'air.
Les maudits s'étaient tous interrompus brusquement, se jetant des regards inquiets. Puis l'instant d'après, l'air avait comme claqué autour d'eux, les effrayant férocement. Les chasseurs, qui jusque-là étaient mal en point, s'étaient sentis revigorés par l'afflux de cette soudaine chaleur qu'ils avaient tant espérée pendant des heures.
Et, enfin, elle était là.
– C'est le Doyen ! avait crié quelqu'un, survolté.
Une vague de soulagement avait déferlé, l'espoir avait réintégré les cœurs, charriant une nouvelle énergie. Les chasseurs s'étaient redressés et les maudits avaient commencé à se replier.
Dans les couloirs, ils couraient en tous sens, cherchant la sortie. Une bande de dégourdis plus dégourdis que les autres trouva enfin le bon couloir, et ils se précipitèrent avec soulagement vers le hall. Mais, alors qu'ils n'étaient plus qu'à une vingtaine de mètres, sortie de l'ombre, se dressa devant eux une silhouette.
Ils ne la reconnurent pas au premier abord. Ils rugirent, cherchant à l'effrayer. Puis l'inconnu leva la tête, et si ces maudits avaient encore eu du sang dans les veines, il se serait certainement glacé.
La silhouette face à eux, aucun maudit n'était assez bête pour ignorer à qui elle appartenait.
– Christel ! s'étrangla l'un d'eux.
Leur sortie était mal barrée. Le jeune homme leur sourit, tendit le bras sur le côté, lissant la chaîne de la main. Puis il ouvrit les doigts, et l'anneau de métal vint tomber au sol avec un tintement qui leur parut assourdissant.
Leur sortie était vraiment mal barrée.
Et, sans crier gare, Christel s'élança.
Ça ne fit pas un pli. L'anneau, plus tranchant que la plus affûtée des haches, fit un travail remarquable. Les têtes tombèrent avec une fluidité et une facilité déconcertante, répandant de la poussière acre sur le marbre du sol. Les maudits tentèrent tant bien que mal de se défendre, mais le jeune homme ne leur laissa pas la moindre chance, bondissant avec souplesse et légèreté. Cependant, il n'ouvrit pas la bouche et, pour la première fois, ne retentit pas le Requiem qui lui était tant familier. Refusant à ses adversaires le moindre salut, il les massacra sans un mot, condamnant définitivement leurs âmes aux tourments infernaux pour avoir ainsi impunément violé leur sanctuaire et néantisé ses frères et sœurs.
L'exécution fut rapide, et il n'en resta plus un seul au bout de quelques minutes. Il acheva le dernier sans l'ombre d'une compassion, et l'anneau retomba au milieu d'un silence quasi religieux.
Christel resta ainsi immobile plusieurs secondes, regardant avec dégoût les corps et la cendre répandus sur le sol.
– On ne t'a jamais dit que ce n'était pas beau, de ne pas partager ? se moqua alors une voix dans son dos.
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Requiem Æternam Dona Eis [TERMINÉ]
ParanormalLondres, 1215. Voulant vivre leur amour loin des interdits, un moine et une jeune fille ne verront rien du bonheur qu'ils s'étaient pourtant promis de trouver. Fuyant leur abbaye, c'est la mort qui leur ouvrira les bras, sous la pire forme qu'ils po...