Requiem Æternam Dona Eis [TERMINÉ]

Chapitre 21 (partie 2)

Lilian n'eut pas le temps de demander plus de précisions. La sonnette de la porte retentit soudain, et la jeune fille se leva d'un bond.

– Ce doit être Natacha ou le livreur.

Ce ne fut ni l'un, ni l'autre. Quand Lilian regarda par l'œilleton, elle aperçut quatre personnes. Quatre hommes. Puis elle reconnut celui de tête et s'empressa d'ouvrir.

– Christel, c'est pour toi ! appela-t-elle.

– Ah, enfin !

Le Doyen entra dans la maison, suivi des trois hommes, et Christel alla à leur rencontre.

– Eh bien, vous en avez mis, du temps ! Je commençais à me demander si vous alliez vraiment venir !

Lilian le tempéra d'un geste.

– Christel, c'est d'autant plus gentil de sa part d'avoir fait le déplacement qu'il a dû traverser toute la Cité pour venir.

Elle se tourna vers le Doyen :

– On m'a expliqué ce pourquoi vous êtes là, et je vous remercie d'avoir accepté de venir.

– Tout est bon pour l'homme de foi afin d'aider son prochain, mademoiselle, répondit-il.

Il ignora l'exclamation moqueuse de Christel et tendit le bras derrière lui, désignant deux des autres hommes qui l'accompagnait.

– Vous vous souvenez, je suppose, de David et d'Adrian.

Elle hocha la tête.

– Oui, je me souviens. Merci encore de m'avoir raccompagnée, la dernière fois.

Le Doyen désigna ensuite le troisième homme, et Lilian comprit son erreur. Femme. La personne, aux traits extrême-orientaux, avait le crâne rasé, et le corps vêtu d'une sorte de peignoir noir à manches amples et drapé d'une toge brune. Mais si sa silhouette caractéristique était une indication, c'était définitivement une femme que la jeune fille avait devant elle.

– Je vous présente Misa Nishimura. C'est une bhikkhuni, une moniale vajrayana. Sa mission sera de dresser une tente de protection vajra autour de votre demeure afin d'empêcher l'introduction d'esprits malsains, après que j'aie fini l'exorcisme.

– Et personne ne pouvait directement effectuer un Homa ? intervint Christel. Ça aurait fait gagner du temps à tout le monde.

– Il lui aurait fallu l'usage du temple, et la simplicité du problème ne justifie pas l'usage d'une cérémonie aussi puissante.

Lilian écouta cette conversation avec un air entendu, même si, en réalité, elle n'en avait pas décrypté les trois-quarts. La seule chose qu'elle avait comprise, c'était qu'ils allaient chasser les derniers mauvais esprits susceptibles d'être encore présents dans la maison, et que cette femme – bikini ? – allait dresser une protection pour les empêcher d'entrer à nouveau.

– Très bien, accepta-t-elle. Faites donc ce que vous avez à faire.

Le Doyen s'avança alors vers Christel.

– Christel, demanda-t-il, je vais réclamer votre concours pour l'exorcisme.

Le jeune homme protesta aussitôt.

– Ça fait des lustres que je n'ai pas exorcisé, geignit-il.

– Voilà donc une occasion de ne pas perdre la main.