Requiem Æternam Dona Eis [TERMINÉ]

Chapitre 47 (partie 1)

– Bon, tu es prête ?

Lilian hocha la tête, tout en jetant un regard derrière Christel. Celui-ci désigna l'espace d'un geste ample.

– J'imagine que je n'ai plus besoin de te présenter l'endroit ? s'enquit-il.

Lilian n'en avait plus besoin, c'était là qu'elle recevait ses cours sur les maudits depuis des jours. Elle avisa les stèles et les croix à-moitié en ruines qui se dressaient derrière le portail.

– Donc, voilà, la rassura Christel. Même décor, même topo, il n'y a pas de piège. La seule différence, c'est que cette fois, on va entrer un peu plus dans le vif du sujet. La théorie, tout ça, c'est très bien, mais il faut savoir se confronter à des cas concrets. Et ça veut dire quoi, un cas concret ? Ça veut dire : casser des gueules.

Et il ferma fièrement son poing pour illustrer son propos.

– J'ai appris pas plus tard que ce matin, expliqua-t-il, qu'il y avait eu un petit pic dans les renaissances. Apparemment, il a un peu plus de nouveaux maudits que d'habitude. Je pense pouvoir dire que c'est de notre faute.

– Ah bon ? s'étonna Lilian.

Christel pinça les lèvres de culpabilité.

– Eh bien, déjà, on en a néantisé pas mal quand ils sont venus foutre la merde chez nous, avoua-t-il, puis on a remis le couvert quand on est allés te sauver. Donc, je suppose qu'il a bien fallu qu'ils embauchent.

Puis il pointa du pouce vers le cimetière.

– Et comme ces crétins ont autant d'originalité que je n'ai de modestie, où est-ce qu'ils trouvent le moyen d'aller se foutre ensemble, bien sûr ?

– Le cimetière ? comprit Lilian.

– Et voilà. D'après mes infos, ils sont environs une quinzaine. Je te pose donc la question : est-ce que tu te sens d'attaque ?

Christel attendit la réponse avec un peu d'appréhension.

Il avait organisé la sortie de ce soir avec beaucoup de réserves. Pour une raison inconnue, depuis plusieurs jours, la jeune fille était devenue étrangement distante. Elle avait tenté de le cacher, participant à la communauté, mais Christel avait très vite remarqué ses airs fermés. Il avait émis l'hypothèse que les obsèques de ses parents étaient encore récentes dans sa mémoire.

Quand il avait appris pour les nouveaux maudits, il avait aussitôt pensé que ce serait une bonne occasion pour Lilian de poursuivre son entraînement et, pourquoi pas, également l'occasion de joindre l'utile à l'agréable en s'accordant une petite revanche. Elle qui semblait faire si grand cas de sa force, en témoignait la façon dont elle avait traité son ex-petit ami à l'université, c'était l'occasion de s'en servir. Mais cela n'avait pas pour autant réconforté Lilian, qui restait mystérieusement léthargique en dépit de ses tentatives à se montrer intéressée.

– On y va, assura la jeune fille.

Son air faussement déterminé n'échappa pas à Christel et James qui échangèrent un regard. Christel eut un très léger mouvement des lèvres en direction de son ami : « préviens Lulu. »

Lulu les avait quittés en cours de route, partie sur la trace d'une goule, avec la promesse qu'elle les rattraperait.

Le nouveau cadenas flambant neuf qui gardait fièrement closes les grilles du cimetière ne perdit pas son temps pour demander grâce.