– J'ignore en revanche si cette information vous importe, mais Miss Hamilton a eu une très longue conversation avec son amie Miss... Thompson, c'est bien cela ? J'ai cru comprendre qu'elle a été témoin de choses qu'elle n'aurait pas dû voir, et qu'étant donné les circonstances, des explications étaient à l'ordre. Vous serez heureux de savoir qu'elles se sont séparées en très bons termes. Miss Hamilton attend également impatiemment votre rétablissement, car elle brûle de vous raconter l'hospitalisation de son oncle qui, semble-t-il, aurait fait une terrifiante crise de nerfs en découvrant l'état dans lequel vous auriez laissé sa maison.
L'anecdote arracha à Christel une exclamation extrêmement amusée.
– Pour le reste, poursuivit la comtesse, j'ai eu vent des divagations d'un forgeron, que vous auriez baptisé « le Nain », pour une raison que j'ignore, lequel prétendait que Katharine McGowan a été exécutée par une rapière forgée de ses mains.
– C'est juste un gros mytho, il l'a seulement réparée.
– Sans doute. Il y a aussi ce tailleur, qui se vantait d'avoir conçu les costumes qui vous ont permis d'infiltrer l'établissement... Oh, et les parieurs tiennent absolument à ce que vous sachiez qu'ils vous vouent aux cinq cents diables. J'ai également eu des nouvelles de votre « amie » ...
Christel haussa les sourcils de surprise.
– « Amie » ? Qui ça ?
– Vous souvenez-vous de la requête que vous avez soumise à Miss Lilith ? Elle vous fait savoir qu'elle attend toujours.
Le jeune homme se laissa retomber sur l'oreiller avec un grognement, d'ores et déjà fatigué par la perspective.
– Et merde. Ça m'apprendra à promettre du sexe à une femme.
– En revanche, continua la comtesse en souriant de sa mauvaise fortune, il y a une personne qui a tenu à vous remercier.
Il redressa la tête.
– Ah bon ?
– Oui, il tenait à vous remercier pour le répit que votre proposition à Lilith lui a octroyé.
Il comprit.
– Le Doyen ?
– En personne. Il semble avoir les coudées un peu plus franches, depuis. Il en profite également pour vous transmettre ses plus sincères félicitations.
– Je voudrais pouvoir trouver le moyen de le sortir de là, rêva tout haut Christel. Foutue bureaucratie...
La comtesse se mordit la lèvre, peu optimiste.
– Connaissant sa geôlière, ce ne sera pas aisé. Mais je sais que vous ne renoncerez pas. Les seuls qui n'aient rien gagné, dans cette histoire, ce sont les Princes. Par votre faute, ils ont dû renoncer à Miss Goldenwood.
– Ah, parce que c'était eux ?
– C'est ce qu'il apparaît, oui. Je me suis demandé en quoi cette demoiselle était intéressante, toute refaite de partout. Alors que moi, voyez-vous, je suis d'un naturel très poussé.
Le jeune homme garda un prudent silence. C'était la première fois qu'elle évoquait ainsi devant lui son ancienne relation avec les Princes. C'était dans l'optique de faire d'elle leur maîtresse qu'ils avaient envoyé Smith la tourmenter. Et même si ses relations matrimoniales n'étaient pas des plus heureuses, et si elle avait accepté son veuvage dans la couche des Princes avec beaucoup de plaisir, elle avait cependant mal digéré le massacre de ses enfants. Encore une chose qui l'avait éloignée des affaires infernales.
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Requiem Æternam Dona Eis [TERMINÉ]
ParanormalLondres, 1215. Voulant vivre leur amour loin des interdits, un moine et une jeune fille ne verront rien du bonheur qu'ils s'étaient pourtant promis de trouver. Fuyant leur abbaye, c'est la mort qui leur ouvrira les bras, sous la pire forme qu'ils po...