Chapitre 20 (partie 1)

16 3 5
                                    


– Alors, docteur, comment ça se présente ?

Natacha se tordait les doigts dans tous les sens.

Le médecin devant elle la lorgna d'un air dubitatif. Son regard alla sur James et Lulu derrière elle, les détailla, et son expression ne trompait personne sur son opinion quant à ces deux hurluberlus.

– Alors, docteur ? insista Natacha.

Le médecin ouvrit son dossier avec une mauvaise volonté évidente. Si ça n'avait pas été Miss Thompson qui se portait garante pour eux tous, il les aurait tous envoyés paître, Miss Hamilton ou non.

– Lilian Hamilton a fait un malaise consécutif à un très fort choc émotionnel, répondit-il.

– Sans blague ? ricana Lulu.

Le médecin l'observa à la dérobée, peu enchanté d'avoir de tels spécimens dans son infirmerie. Quand il les avait vus arriver, il avait voulu appeler la sécurité du campus. Mais Natacha s'était interposée avec une grosse coupure qu'elle lui avait vite fait disparaître dans les mains. À ce prix-là, il aurait soigné n'importe qui. Il regrettait juste que ce fût tombé sur lui. Il avait donc dû s'occuper de Lilian, malgré la consigne qui circulait à son sujet depuis peu.

La réflexion de Lulu le fit ouvertement grimacer.

– Elle ne souffre ni de catatonie, ni de cataplexie, ni d'aucune autre sorte de réaction post-traumatique, poursuivit-il avec agacement. Elle est simplement tombée évanouie sous le coup d'une forte émotion.

– Elle est réveillée ? s'enquit Natacha.

– Elle est en état de sortir.

C'était on ne peut plus clair.

Le médecin fila sans demander son reste.

– Merci quand même, ronchonna James.

– T'as vu ça ? grimaça Lulu. Il se fout totalement de comment elle va. C'est tout juste s'il nous a pas envoyé chier, en nous voyant arriver.

Mais Natacha n'avait pas de temps à perdre avec la mauvaise volonté du corps infirmier.

– Venez, on y va.

La chambre de Lilian se trouvait au bout du couloir. À cette heure-ci, le trafic était minime. Ils passèrent juste devant la chambre d'un élève qui gémissait tout ce qu'il pouvait pour encourager la charmante infirmière à lui poser davantage de compresses.

La jeune fille était encore allongée quand ils entrèrent. Elle était un peu pâle et son nez était un peu pincé, mais son visage s'éclaira quand elle les vit arriver et elle se redressa.

– Salut !

– Salut, Lilian.

Ils firent cercle autour de son lit, alors qu'elle rajustait son assise.

– Comment tu te sens ? s'enquit Natacha.

– J'ai connu des jours meilleurs.

Lilian se laissa retomber contre son oreiller.

– Tu te rends compte que c'était presque comme si j'étais une paria ? s'étonna-t-elle. C'est à peine s'il a voulu me prendre le pouls. Pourtant, quand j'étais revenue après mon arrêt maladie à cause de Shan et McGowan, ils étaient aux petits soins pour moi.

Requiem Æternam Dona Eis [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant