Requiem Æternam Dona Eis [TERMINÉ]

Chapitre 3 (partie 2)

Lilian secoua la tête.

– Quel ringard ! Il est sérieux ?

Natacha fit la moue.

– Je trouve ça plutôt mignon, moi.

– Ah oui, tu trouves ? À la tienne, alors. Sans blague, « John Constantine ». Qui porte un nom comme ça ?

– Ben... lui.

La jeune fille haussa les épaules. Autour d'elles, les autres élèves de la classe commentaient avec animation l'arrivée du nouveau, lequel avait été envoyé discuter le bout de gras avec le directeur.

– À ton avis, demanda pensivement Natacha, d'où il peut venir ?

– Avec un nom et un attirail pareil ? Du Vatican, je parie.

– Non, plus sérieusement. Tu crois qu'il vient de chez nous ?

Lilian la regarda comme si elle était devenue folle.

– Tu rigoles ? Si un type pareil venait réellement de chez nous, ça se saurait. Tu l'as regardé ? Il ne doit pas passer inaperçu dans les soirées mondaines.

Elle se leva brusquement.

– J'en ai marre !

– Qu'est-ce qui t'arrive ?

Lilian remit son sac sur l'épaule.

– Je me fais chier, voilà ce qui m'arrive.

Et elle tourna les talons. Natacha se leva à son tour et courut maladroitement derrière elle.

– Lily, attends-moi !

Chaque fois que Lilian Hamilton se « faisait chier », elle allait invariablement se changer les idées au même endroit. Le haut du bâtiment se composait d'une terrasse où rares étaient ceux qui se rendaient, car les élèves préféraient par principe « avoir les pieds sur terre que la tête dans les nuages ». C'était l'endroit idéal pour se détendre loin du monde.

Il y avait quelques bancs, quelques buissons en pot, et une vue imprenable sur le centre-ville. Lilian se sentait déjà beaucoup plus détendue quand elle y parvint. Elle inspira profondément.

– Là ! Déjà mieux.

Elle resta un instant immobile, savourant le calme ambiant. Puis elle marcha vers un banc et s'assit.

– N'empêche, je me demande vraiment d'où il peut venir, ne put-elle néanmoins s'empêcher de songer tout haut.

– Tu crois qu'il vient de la Ceinture ?

– De la Ceinture ? Il n'aurait même pas fait un pas dans la Cité, s'il en venait.

Natacha haussa les épaules. Le sujet ne l'intéressait visiblement guère.

– De toute façon, qu'est-ce que tu en as à faire, de te demander d'où il vient ? argumenta-t-elle doctement. Un jour ou l'autre, tu vas finir par le savoir, et après ?

Mais Lilian leva brusquement le bras, la faisant taire.

– Quoi, qu'est-ce qu'il y a ?

La jeune fille désigna alors quelque chose derrière elle. Natacha tourna la tête, et aperçut la raison de son silence.

Le nouvel élève, John Constantine, était là, assit sur un banc, et semblait dans le vague. Il n'avait pas l'air de s'être rendu compte de la présence des deux jeunes filles, et parlait avec animation.