Ça ne fit pas un pli. Le jeune homme se redressa précipitamment.
– Merde, faut que j'y aille ! Désolé, mon père..., s'excusa-t-il en s'apercevant de sa grossièreté.
Le prêtre lui fit signe que tout allait bien.
– Je regrette, mais il faut que j'y sois. Je reviendrai, c'est promis, mais ça, je ne peux pas le manquer.
Il se rua hors du confessionnal.
– On finira une autre fois, poursuivit-il en filant. Je ferai double pénitence, pour la peine !
Il quitta la chapelle en courant, sa Dame sur les talons, pour rejoindre le dortoir de Lilian. Il y avait foule devant la porte. Apparemment, beaucoup voulaient savoir ce qui allait se passer à son réveil. Même les Dames étaient venues pour y assister. On reconnut parmi elles la dame grise de la bibliothèque, qui avait quitté ses rayons de livres pour y assister également.
– S'il vous plaît, laissez passer !
Ils s'écartèrent quand ils le virent arriver, et Christel entra en trombe dans le dortoir.
– On en est où ? demanda-t-il en guise de préambule.
Lulu se tourna vers lui.
– Elle n'a pas encore ouvert les yeux, mais ça ne devrait plus tarder.
– Misa a dit qu'il n'y aurait plus beaucoup à attendre, ajouta James alors que le jeune homme s'approchait du lit.
– Elle n'a pas mis tant de temps que ça, finalement, releva Lulu.
– C'est de Lilian, dont on parle, répondit Christel, comme si ça expliquait tout.
Il baissa alors les yeux sur elle. Lilian avait changé. Les produits chimiques dans son organisme avaient été neutralisés, et la jeune fille apparaissait enfin dans son plus éclatant naturel, la peau arborant maintenant sa carnation noire originelle. Ses cheveux paraissaient même un peu plus crépus.
La jeune fille n'avait pas bougé depuis tout à l'heure, mais Christel remarqua un infime frémissement de ses doigts et ses pupilles qui s'agitaient sous ses paupières, annonçant une renaissance imminente.
Renaissance. Christel ne pouvait s'empêcher de sourire à l'évocation de ce mot. Il avait été choisi pour désigner le réveil, car le terme de « mort » ne correspondait pas trop à l'événement. La mort, pour beaucoup, représentait la fin de tout, le néant définitif, la raison pour laquelle ils parlaient de « renaissance » pour illustrer un retour parmi les vivants. Car, en plus d'une seconde vie, c'était également la promesse d'une nouvelle existence et d'un nouvel avenir. Comme si l'on était redevenu un fœtus et que l'on revenait au monde. Une « renaissance », tout simplement.
Christel avait rarement assisté de ses propres yeux à une renaissance, et c'était une occasion à ne manquer sous aucun prétexte, même celui d'une confession. C'était le moment magique où le corps échappait aux paramètres purement biologiques pour entrer à pieds joints dans une dimension qui allait au-delà de la vie elle-même, dans une dimension qu'aucune science ne pouvait expliquer.
La jeune fille frissonna sous la couverture, et tous retinrent leur langue. Ce qu'ils avaient sous les yeux était aussi capital qu'un accouchement.
Toujours inconsciente, Lilian fronça les sourcils, tourna la tête sur l'oreiller, comme quelqu'un qui reprenait lentement connaissance. Elle sembla ainsi batailler contre le sommeil quelques instants, puis, au bout d'une minute, elle ouvrit les yeux.
Plus personne ne bougeait.
Son regard embrumé tâtonna dans le vague, comme si elle cherchait à se remémorer les lieux. Elle balaya le plafond, les murs, glissa sur le bureau pour couler sur le lit. Ses yeux tombèrent alors sur les quatre personnes rassemblées devant elle, et elle ne sembla pas les reconnaître immédiatement, les fixant sans expression.
VOUS LISEZ
Requiem Æternam Dona Eis [TERMINÉ]
ParanormaleLondres, 1215. Voulant vivre leur amour loin des interdits, un moine et une jeune fille ne verront rien du bonheur qu'ils s'étaient pourtant promis de trouver. Fuyant leur abbaye, c'est la mort qui leur ouvrira les bras, sous la pire forme qu'ils po...