– Mais c'est pas vrai, où j'ai pu mettre ce truc ?
Lilian prit une pièce de costume, la reposa pour en prendre une autre, avant de la reposer aussi.
– Qu'est-ce que j'en ai fait ? pestait-elle. Lulu, aide-moi, s'il te plaît !
Cette dernière sourit avant de se décider à lui donner un coup de main. Elle souleva un jupon qui traînait et mit la main sur le corsage tant recherché.
– Tiens, le voilà. Et arrête de courir dans tous les sens.
– Mais je vais être en retard, et en plus, je ne suis pas prête ! Où j'ai mis mes paniers ?
– Ils sont là, posés sur le lit.
La pauvre Lilian déambulait en tous sens, uniquement vêtue de sa chemise, serrée dans son corselet, en bas et culotte blancs, désespérée de ne pas se savoir prête dans les temps. Sa Dame gardait le silence en levant les yeux au ciel.
Elle se vit obligée d'intervenir.
« Écoutez, Lilian, laissez Lulu vous aider. Vous n'y arriverez jamais comme ça. »
Et, d'autorité, Lulu prit les paniers et les lui fixa aux hanches, avant de lui passer son premier jupon. Elle couvrit sa tête d'une cagoule de velours blanc, la revêtit ensuite de sa belle chemise à col haut de satin blanc brodé de fil doré, puis lui passa le deuxième jupon, également de satin brodé. Elle la recouvrit pour finir de la robe proprement dite, en velours, composée d'un dernier jupon ouvert sur le devant et d'une veste décolletée et ajustée, dont les plis se posaient sur les paniers comme une corolle autour de sa taille. Le tout était bordé de galons en fils d'or et de plumes blanches et dorées.
– Voilà, jugea Lulu après une bonne vingtaine de minutes d'habillage. Tu prends forme.
Elle lui épingla un camée sur la poitrine et lui fit enfiler ses gants blancs, puis, pour finir, posa sur sa tête un tricorne tout emplumé.
– C'est bon, c'est fini. Montre-toi, que je te voie.
Lilian exécuta tant bien que mal un tour sur elle-même.
– La vache, c'est lourd ! grimaça-t-elle.
« Il faut souffrir pour être belle », philosopha sa Dame.
Lilian n'avait cependant pas totalement tort, et ce n'était pas seulement dû à l'apparat. Dissimulés dans ses jupons, il y avait deux kits de base, sans compter l'arbalète démontée que Christel l'avait poussée à rajouter à sa collection. Sa rapière lui battait la jambe, son tricorne était truffé de fioles d'eau bénite et le busc de son corselet remplacé par un fin stylet dans un fourreau. Tout pour danser la java.
– Allez, l'invita Lulu, viens, maintenant.
On frappa alors à la porte qui s'ouvrit.
– C'est bon, les filles, vous avez fini ? demanda une voix d'homme.
Christel entra dans la pièce, accompagné de sa propre Dame, brillant comme un sou neuf dans son costume rutilant.
Lilian et lui avaient des costumes assortis, pour mieux se reconnaître dans les foules. Son justaucorps était ouvert sur la même chemise décorée du même camée et sur une culotte de velours. Même bas blancs, même bottines, même tricorne. Dans une main, il tenait une canne d'agrément qui lui arrivait à l'épaule, mais que Lilian devinait dissimuler une lame quelconque. Dans l'autre main, il tenait son masque.
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Requiem Æternam Dona Eis [TERMINÉ]
ParanormalLondres, 1215. Voulant vivre leur amour loin des interdits, un moine et une jeune fille ne verront rien du bonheur qu'ils s'étaient pourtant promis de trouver. Fuyant leur abbaye, c'est la mort qui leur ouvrira les bras, sous la pire forme qu'ils po...