Requiem Æternam Dona Eis [TERMINÉ]

Chapitre 37 (partie 1)

James resta incapable de bouger, sonné. Son regard hagard détailla le sang qui séchait sur son chemisier, puis l'épouvantable entaille sur son cou qui continuait de saigner.

Lilian, toujours attachée, se débattit dans ses liens, tendant le cou dans sa direction en grognant avec férocité. Ses yeux étaient fixés sur lui, mais ne semblaient plus le reconnaître. Il avait l'impression d'être dans « L'Exorciste », au moment de la première rencontre entre le père Merrin et la petite Regan. Sauf que, cette fois-ci, on n'était pas dans un film au cinéma, et que c'était leur amie qui était étendue là, à siffler de colère de ne pas pouvoir satisfaire sa soif de perversité.

James se tourna vers Christel. Celui-ci, toujours à genoux sur le sol, regardait la jeune fille avec ses yeux anéantis. Il se prit la tête à deux mains, la bouche crispée par le désespoir.

– Christel ?

– Merde..., grinça-t-il.

James ne répondit pas, immobile aux côtés de son ami. Ses bras retombèrent, alourdis par la fatalité.

– Christel, je...

Il se tut, les mots bloqués dans sa gorge. Que pouvait-il bien lui dire ? Lilian, qu'il avait mis tant de soin à protéger, était perdue.

– Est-ce que tout va bien, ici ? fit alors une voix dans son dos.

James sursauta brusquement et se retourna, aux aguets. Il craignit une seconde que ce ne fût une complice démon venue se rendre compte de l'état de ses camarades, mais ce n'était que Lulu qui était montée aux nouvelles.

Celle-ci passa sa tête par l'encadrement de la porte.

– Alors, vous l'avez trouvée ?

– Eh bien...

Puis elle avisa Christel, à genoux par terre.

– Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui lui arrive ?

James jeta un œil hésitant derrière lui. Le jeune homme était toujours immobile à sa place, les mains jointes par l'angoisse, fixant Lilian d'un regard intense.

Lulu, constatant sa gêne, fronça les sourcils.

– Il y a un problème ?

James lui fit signe de venir, résigné.

– Viens voir ça.

Lulu entra, intriguée par le comportement des deux hommes, et regarda le lit que lui désigna son camarade. Elle pâlit brusquement, et ses mains accusèrent un tremblement convulsif.

– Lilian ?

Elle se tourna vers James.

– C'est Lilian ?

Il hocha la tête, conscient qu'il ne pouvait rien faire d'autre.

– Qu'est-ce qui s'est passé ?

Il secoua la tête d'ignorance.

– Je n'en sais rien. On est entrés, elle était comme ça.

Lulu plaqua ses mains sur sa bouche, les yeux exorbités par l'horreur.

– Putain de merde, Lilian !

Son regard revint vers son amie, ses cheveux hirsutes, ses yeux rouges de colère et de rage non contenue, ses dents qui claquaient dans le vide. Elle s'approcha du lit, sans vraiment savoir quoi faire, puis tendit une main hasardeuse vers elle, comme si elle cherchait la confirmation de ce qu'elle voyait.