L'expression de Scarlet quand elle vit arriver Christel avec cette demoiselle dans les bras valait tous les cartoons du monde.
Elle était en train de remettre sur pied un vieil écran 16K quand la porte de sa boutique s'était ouverte. Elle avait salué par habitude, avant de se rendre compte de qui il s'agissait. Puis ses yeux s'étaient écarquillés, et sa mâchoire inférieure était devenue très intéressée par ce qui se passait à ses pieds. Elle avait ironisé sur le fait qu'elle ne faisait pas hôtel de passe, mais devant la mine hâve de Christel et l'état pitoyable de Lilian, elle avait vite compris que quelque chose n'allait pas.
– Qu'est-ce qui se passe ? s'inquiéta-t-elle.
– J'ai besoin que tu m'ouvres, la pressa Christel. Il y a de grandes chances qu'elle soit en danger, et il n'y a que là qu'elle sera en sécurité.
Scarlet baissa les yeux sur la jeune fille inanimée.
– C'est pas elle, avec qui tu étais sorti, il y a trois mois ?
– Scarlet, on s'en fout. Elle vient de retrouver ses parents morts dans leur maison, James et Lulu l'ont sauvée de justesse d'un lycanthrope, et il est possible que le meurtrier soit toujours après elle.
Mais Scarlet secoua la tête, navrée.
– Je ne peux pas ouvrir pour elle, tu le sais. C'est le règlement.
Désespéré, Christel lui fourra le corps de Lilian sous le nez.
– Je t'en prie, Scarlet, fais ça pour moi ! Tu diras que je t'y ai obligée, que je t'ai frappée, n'importe quoi. Mais je t'en prie, ouvre-lui.
– Le Doyen va m'arracher les yeux.
– Je l'emmerde ! Putain, Scarlet, tu vois pas que c'est grave ? S'il te plaît, ouvre. Juste la Porte. S'il le faut, elle restera dans le hall, mais je t'en conjure, ouvre cette putain de Porte !
La pauvre Scarlet se tordit les mains, incapable de prendre une décision.
– Scarlet, je promets de coucher avec toi autant de fois que tu veux si tu m'ouvres.
– Comme si c'était le moment ! pesta-t-elle. Bon, allez, rentre. Mais s'il arrive quoi que ce soit, c'est sur ta tête que ça tombera, tu m'as comprise ?
– Promis. Merci infiniment.
Elle s'écarta et lui permit l'accès à l'arrière-boutique. Christel marcha droit sur la grande armoire dont il ouvrit les deux battants. À l'intérieur, le fond s'avérait être une seconde porte qui donnait sur un large hall aux colonnes de marbre emperador. Il posa Lilian par terre et referma précipitamment les entrées. Enfin, il s'adossa au mur et se laissa glisser jusqu'au sol, à la fois soulagé et dépassé.
– Qu'est-ce qui se passe ?
Une femme qui allait pour sortir les vit tous deux ainsi, Lilian inconsciente et Christel à bout de nerfs, et il ne lui fallut pas longtemps pour voir que quelque chose clochait.
– Christel ? Qu'est-ce qui se passe ? C'est qui, cette fille ?
– Salut, Shania.
Celle-ci s'accroupit devant lui, le regardant avec inquiétude.
– Qu'est-ce qui se passe ? répéta-t-elle. C'est qui, cette fille ?
– Une demoiselle en détresse. Désolé, j'avais pas le choix.
La femme ouvrit de grands yeux.
– Tu n'es pas sérieux ?
– Il semblerait que non.

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Requiem Æternam Dona Eis [TERMINÉ]
ParanormalLondres, 1215. Voulant vivre leur amour loin des interdits, un moine et une jeune fille ne verront rien du bonheur qu'ils s'étaient pourtant promis de trouver. Fuyant leur abbaye, c'est la mort qui leur ouvrira les bras, sous la pire forme qu'ils po...