Le silence se posa un instant, encore rougeoyant de ses propos. Lilian, James et Lulu le regardaient avec toujours autant de surprise mêlée d'admiration.
Ce fut Lulu qui brisa ce silence la première.
– Waouh..., parvint-elle à articuler.
– Chapeau bas, ajouta Lilian, toute aussi incapable de savoir quoi dire d'autre.
– J'en pleurerais, tiens, s'émut James.
Christel les observa à tour de rôle, goguenard.
– Vous avez fini de vous foutre de ma gueule ?
– Non, sérieusement, Christel...
– Là, chapeau, quoi...
– C'est juste que ça faisait longtemps.
– Enfin, bon retour parmi nous, quoi.
– Vous avez fini, oui ?
La voix de James s'éleva :
– Enfin, quoi, mets-toi à notre place ! Pour nous, Christel, c'était ça.
– Disons, expliqua Lulu, que depuis quelque temps, on avait un peu l'impression de t'avoir perdu.
– C'est pas fini, oui ? Je me sens déjà assez mal comme ça, c'est pas la peine d'en rajouter.
– Mais pourquoi ? s'étonna Lilian. Il n'y a pas de mal à dire ce qu'on pense.
Lulu lui posa la main sur le bras.
– Tu ne l'as pas compris, la détrompa-t-elle. Ce qu'il veut dire, c'est qu'il parlait un peu trop bien à son goût, depuis peu.
– Oh ! Ça veut dire qu'il est guéri ?
– Ou c'est peut-être simplement une crise qui va lui passer.
– Laquelle je prends pour taper sur l'autre ? leur demanda alors Christel.
Les deux jeunes filles se turent.
– Bien, conclut le jeune homme satisfait. Pour en revenir à ce que je disais tout à l'heure, tu penses bien que je me doute que c'est risqué. Il est possible qu'on casse quelques gueules et quelques chaises. Mais tu dois te fourrer dans le crâne que c'est la seule opportunité sûre de l'approcher. On va pas se casser le cul à chercher sa nouvelle planque, ou attendre qu'il fasse disparaître toutes les filles de l'université, non ?
Elle dut admettre qu'il n'avait pas tort.
– Non, c'est vrai...
– Plus tôt on aura agi, mieux ce sera pour tout le monde. Je sais que comme champ de bataille, c'est merdique, mais on n'a pas le choix. Si on ne fait rien maintenant, on court le risque qu'il nous échappe encore une fois, tu comprends ce que je veux dire, maintenant ?
– Oui, je comprends. Mais, si tu as la possibilité de t'introduire, pourquoi tu n'essayes pas de t'introduire plus tôt ? Pourquoi attendre forcément le bal de promo ?
– Grâce aux costumes, on sera plus discrets. Et puis, va-t'en le provoquer pendant une journée de cours. Au moins, ce soir-là, les élèves seront tous au même endroit, et le reste des bâtiments sera vide. Ce sera plus facile.
Pas convaincue, Lulu croisa les bras.
– Moi, je veux bien, mais pendant que vous attendez le grand jour, lui, il est toujours sur place. Dois-je te rappeler que trois autres filles ont disparu ?
– Merci de me le rappeler, mâcha amèrement le jeune homme.
La nouvelle était tombée la veille. Natacha avait appelé dans la matinée avec beaucoup d'appréhension en faisant savoir que trois élèves avaient manqué à l'appel. Ç'aurait pu être une absence comme une autre, sauf que les trois élèves étaient du sexe féminin, et que les parents avaient affirmé avec certitude que leur progéniture avait bien quitté la maison pour se rendre à l'université, ce qui donnait à ladite absence un tout autre sens. Natacha, fidèle à la mission qu'elle s'était octroyée, n'avait pas manqué de relever l'alibi toujours aussi solide de Mr Smith. À ce jour, cela faisait donc un total de sept disparues, sans le moindre indice pour savoir ce qu'elles étaient devenues. La police était sur les dents, la presse également. Avec l'approche des vacances estivales, l'affaire avait de grandes chances de devenir le fait divers de l'été, encore pire que les sagas télévisées. Christel imaginait déjà le suivi acharné par les journaux et le public, avec des accroches dignes de polars, et les prétendues enquêtes journalistiques dévoilées en documentaire à la télévision avec autant de théâtralité qu'un blockbuster au cinéma, bande-annonce dramatique à souhait à l'appui. Malheureusement pour leur précieux audimat, le suspense allait tomber rapidement, le jeune homme s'en faisait la promesse. Les sept disparues ne seraient certainement jamais retrouvées, il savait déjà que c'était trop tard pour elles, mais il n'y en aurait pas une de plus.
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Requiem Æternam Dona Eis [TERMINÉ]
ParanormalLondres, 1215. Voulant vivre leur amour loin des interdits, un moine et une jeune fille ne verront rien du bonheur qu'ils s'étaient pourtant promis de trouver. Fuyant leur abbaye, c'est la mort qui leur ouvrira les bras, sous la pire forme qu'ils po...