– Alors ? Raconte !
C'était l'heure de la cantine, et Natacha ne tenait plus en place.
– Allez, quoi ! insista-t-elle. Depuis ce matin, tu n'en as rien dit !
Lilian soupira, la paille de sa briquette de jus de pomme dans la bouche.
– Arrête, laisse-moi tranquille avec ça.
Ce qui laissa son amie bouche bée.
– Eh bien quoi ? Ça s'est mal passé ?
– Mais non ! s'énerva Lilian. En fait, si. C'est juste que... Oh, et puis laisse tomber.
Et elle continua d'aspirer son jus de pomme, bien que la briquette fût déjà vide depuis longtemps. Natacha considéra son amie, perplexe.
– Qu'est-ce qui s'est passé, Lily ? Tu étais tellement contente à l'idée de sortir avec lui, et maintenant, tu tires cette tête.
L'obstination de Lilian rompit devant la logique de son amie. Pendant des heures, elle avait ressassé les événements. Elle avait retourné cette soirée dans sa mémoire une bonne centaine de fois, afin d'en tirer quelque chose de concret. Mais rien à faire, elle n'y arrivait pas.
– C'est un type trop bizarre, avoua-t-elle enfin.
Natacha, qui avait finalement renoncé, leva les yeux sur elle.
– Quoi ?
– Constantine, lui expliqua la jeune fille. C'est un type trop bizarre.
– Ah bon, tu l'ignorais ?
Et Lilian put percevoir toute l'ironie de ses propos.
– Non, tu ne l'as pas vu comme moi je l'ai vu, s'agaça Lilian. Je l'ai vu, je l'ai entendu, je l'ai vécu, et si je te dis qu'il est bizarre, c'est qu'il est encore plus bizarre que tu ne peux l'imaginer.
Natacha était pendue à ses paroles.
– Au départ, continua Lilian, je prenais ça pour de l'originalité, tu sais, de la rébellion, des trucs comme ça, mais en fait, ce type a vraiment un problème.
Elle se tourna vers son amie.
– Il vit dans la Ceinture, révéla-t-elle.
Natacha ouvrit des yeux de stupéfaction.
– Dans la Ceinture ? Sérieux ?
– C'est lui-même qui me l'a dit, se défendit Lilian, je ne l'ai pas inventé.
– Qu'est-ce qu'il fait ici, alors, s'il vient de la Ceinture ? Je veux dire, ce n'est pas comme si c'était l'une des universités les plus chères du pays.
– Selon ses propres dire, il a « des fonds ». Mais qu'il préfère vivre chez les pauvres parce que, pour résumer, c'est plus authentique.
Son amie fit la grimace.
– Authentique ? Il est vraiment sérieux ? Qu'est-ce qu'on peut trouver d'authentique à un bidonville ? Je me rappelle avoir vu des images, ça craint, comme endroit.
Lilian leva les mains, se défaussant.
– Ne me demande pas, c'est ce qu'il a dit qu'il préfère. Tu te rends compte qu'il m'a littéralement reproché mes soins de peau ? Qu'est-ce que je l'emmerde ! Tu sais qu'il a voulu empêcher un nettoyage, au cours de la soirée ?
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Requiem Æternam Dona Eis [TERMINÉ]
ParanormalLondres, 1215. Voulant vivre leur amour loin des interdits, un moine et une jeune fille ne verront rien du bonheur qu'ils s'étaient pourtant promis de trouver. Fuyant leur abbaye, c'est la mort qui leur ouvrira les bras, sous la pire forme qu'ils po...