14 - Comme une autre

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Mathieu lui rendait visite presque tous les jours, lui serrant la main et lui parlant de ses journées. Il fit cela pendant deux mois environ.

Puis, le tant attendu coup de fil arriva : Florence était sortie du coma. Il était en réunion avec un client, il s'excusa et sauta dans un taxi.

La première chose qui frappa Mattieu, la voyant, fut son regard, intense, troublant presque.

Il s'approcha pour lui serrer la main, mais sa main était sans vie, au contraire de ses yeux qui étaient très vifs et parcouraient le visage de Mathieu, s'arrêtant sur chaque détail.

Le choc avait abîmé la zone du langage : Florence n'était plus en mesure de comprendre sa propre langue.

Mais les médecins disaient qu'elle avait beaucoup de probabilités de réacquérir, petit à petit, la compréhension de sa langue.

A sa surprise, Matthieu nota que, en plus du langage, Florence avait oublié pleins de détails de la vie quotidienne, comme la télévision, internet, le four à micro-ondes.

Ce ne fut pas simple au début, ils devaient recourir aux gestes et aux dessins pour se comprendre.

Entre temps, Matthieu, grâce à un ami avocat, réussit à négocier le licenciement de L'Oreal, à des conditions économiques très favorables.

« Comment elle va, Florence ? «

« Bien, j'arrive maintenant à avoir des vraies conversations, elle est avide de connaissances, elle me pose tellement de questions, avant on parlait si peu ! », avait répondu à Olivier.

« Bien ! Allez, tu verras qu'elle reviendra comme avant, et très vite ! »

Puis, en notant une expression sombre de la part de Matthieu :

« Mais qu'est-ce que t'as ? Tu m'as pas l'air très convaincu. »

« Oui, mais... je t'ai pas tout dit, je ne saurais pas par où commencer... le fait est que je ne la reconnais pas. Par exemple, quand elle a vu notre laptop, elle l'a retourné dans tous les sens sans comprendre de quoi il s'agissait. Avant, elle ne savait pas cuisiner, alors que maintenant elle cuisine très bien ! Je l'ai beaucoup observée ces derniers jours, tu sais sans qu'elle s'en aperçoive, of course, comment elle s'habille, comment elle bouge, comment elle marche, comme elle s'assoit sur un fauteuil, je te jure, c'est elle mais ce n'est pas elle ! Et putain, elle me fait bander grave ! »

« Tant mieux Matthieu, ah vous devez baiser comme des lapins, hein ? »

« Tu parles ! Il n'y a pas eu de baise, pas du tout, putain de merde ! »

« Enfin, tu veux dire que toi et elle... »

« Exact, je dors sur le canapé comme si j'étais un copain de passage à Paris ! »

La même soirée, Olivier raconta à Geneviève la conversation qu'il avait eue avec Matthieu.

« C'est pas vrai, le coup au cerveau aurait fait du bien à notre petite puritaine ? Tu sais, ce que je te dis, je me ferais bien une sortie avec elle, je suis vraiment curieuse de voir comment elle a changé. Basta avec le cinéma, un resto cette fois-ci. »











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