La conversation avec le mari de Florence fut de courte durée, nous fixâmes un rendez-vous pour le lendemain, pour un déjeuner au Jupiter. Je trouvai bizarre sa proposition de déjeuner avec moi, mais je le pris comme un bon signe, il voulait sûrement avoir une discussion calme.
Je n'arrivais surtout pas à comprendre pourquoi Florence ne m'avait pas appelé.
Il lui a pris son téléphone portable, il le lui a confisqué et elle, évidemment, ne connaît pas par cœur mon numéro.
L'email !
Je cherchai entre mes emails, mais je ne trouvai aucun message de sa part.
Je me mis à travailler pour garder mon esprit occupé et éviter qu'il fasse sans arrêt aller-retours entre le coup de fil avec le mari et le rendez-vous au restaurant.
Vers la fin de l'après-midi, je commençai à sentir le manque de sommeil, je me mis au lit en pensant dormir deux heures, je me réveillais le jour après en fin de matinée.
J'allais immédiatement jeter un coup d'œil à mes emails, je vis que Florence m'avait envoyé un mail la veille.
Elle s'excusait pour ne pas m'avoir écrit avant, elle non plus n'avait pas fermé d'œil toute la nuit. Son mari prit très mal notre relation, il se mis à hurler, à donner des coups de poings aux coussins et aux portes et des coups de pied chaque chaise qu'il trouvait sur son chemin – elle ne l'avait jamais vu dans un état pareil – puis, soudainement, il lui confisqua le téléphone portable et sortit de la maison.
Elle terminait son email en me renouvelant son amour, me laissant le numéro de chez elle et avec un ta Florence en signature.
Cela me remplit le cœur de joie. Je remarquai, quand même, plusieurs fautes d'orthographe, bizarre ça a dû être à cause de l'émotion.
Je pensai l'appeler, mais je serais arrivé en retard au rendez-vous au restaurant.
Le Jupiter était le restaurant d'affaires typique, à deux pas des Champs-Elysées, il avait un chef parmi les plus renommés et comptait parmi ses clients des ministres et des CEO. Si un commun mortel, comme moi, se présentait pour demander une table, il aurait reçu un tout est complet comme réponse.
Une hôtesse vint à ma rencontre à l'entrée : un mètre quatre-vingt environ, plus des talons d'une dizaine de centimètres, des cheveux blonds, raides, un peu derrière les épaules, une frange, des yeux bleus, des traits scandinaves et une allure de modèle. Ses yeux me scannèrent de la tête aux pieds, elle réalisa en quelques nanosecondes que je ne devais pas faire partie de ses clients.
Elle me demanda, avec de la fausse courtoisie, et avec un accent qui confirmait ses traits de visage :
« Vous désirez ? »
Désirez. Voilà, on pourrait bien désirer quoi en rentrant dans un restaurant ? Une chemise ? Un canapé ? Une perceuse ?
« J'ai une table réservée au nom de Monsieur Binachon. »
Sa posture statuaire de modèle subi un coup dur, elle se vouta, mis sa main devant sa bouche, bégayant quelque chose comme :
« Ah oui ... bien sûr .... Monsieur Binachon ... bien sûr. »
Puis, elle s'éclaircit la voix et m'accompagna vers l'intérieur du restaurant, comme si elle marchait sur une passerelle. Une autre Barbie vint à ma rencontre, mêmes proportions mais avec des traits méditerranéens cette fois-ci.
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L'hôte
Science FictionGiuliano vit à Paris. Un jour, il se réveille en 1936. Comment est-ce possible ? Comment revenir en arrière ? Si Giuliano change le cours de l'Histoire, que se passera-t-il dans son présent ? Une succession d'événements dans l'espace et dans le te...