Dernier dîner avec Helene et Lev.
« Lev, cette nuit je n'ai pas fermé l'œil. J'ai trouvé un moyen pour renforcer le Communisme et faire en sorte qu'il dure plus longtemps, beaucoup plus longtemps. »
« Et comment ? Qu'est-ce qu'on peut faire ? » il répond-il en me regardant droit dans les yeux, comme s'il voulait lire dans ma pensée.
L'Argentine ne participera pas à la guerre, juste de manière symbolique, en faisant une déclaration de guerre à l'Allemagne en 1945, peu avant la fin de la Deuxième Guerre Mondiale.
Finie la guerre, l'Argentine serait restée au fond dans les mains d'une droite faussement sociale et profondément occupée à maintenir le pays sous le contrôle d'un nombre limité de bourgeois.
Cette séquence d'événements aurait causé non seulement la mort de trente mille personnes, les desaparecidos, mais aussi l'arrêt du développement économique du pays.
L'Argentine ne deviendra pas la superpuissance à laquelle la vastitude du territoire et la richesse de ressources auraient pu la destiner, mais elle plongera dans un état de misère qui touchera des couches larges de la population, provoquant la mort de faim et de maladie d'environ cinq millions de personnes, de la fin de la guerre à mon présent.
« Lev, quand la guerre éclatera dans deux ans, si l'Argentine y participait, elle le ferait rangée du côté de l'Axe. Et elle perdrait !
Ça serait une défaite totale pour la droite Argentine, la gauche monterait au pouvoir et réaliserait les réformes nécessaires, évitant que le pouvoir ne reste dans les mains de l'oligarchie. L'Argentine deviendrait ainsi un pays prospère. Il est impossible de sauver ces cinq millions, de les sauver tous je veux dire, parce qu'il faudra du temps avant que les réformes portent leurs fruits. »
« Combien de personnes mourront, en revanche, dans la guerre ? »
« Cent mille, au pire. »
« Comment t'es sûr des cinq millions, des cents mille, de ces chiffres enfin ? »
« Plusieurs historiens analyseront cette période et ils formuleront des scénarios se positionnant tous autour de ces chiffres. La gauche serait largement majoritaire, l'Opération Condor très probablement échouerait en Argentine et le pays suivrait l'exemple cubain, devenant communiste.
On pourrait donc déclencher une réaction en chaîne qui mènerait au Communisme de nombreux états d'Amérique Latine et puis d'ici le Communisme se propagerait vers d'autres régions pauvres d'Afrique et d'Asie. Le Communisme aurait, ainsi une telle masse qui le rendrait plus stable et durable ! »
« Ça serait magnifique ! Mais, on n'en est pas sûr. »
« Non, rien nous garantira que ça marche, mais il faut essayer ! »
Personnellement j'avais aussi une autre motivation, certainement beaucoup plus modeste du sauvetage de l'Humanité, mais pour moi elle avait la même importance : sauver la vie de Florence.
Si l'Argentine était entrée en guerre, une bonne partie des danseurs de tango aurait été balayés par la guerre, les plus jeunes seraient morts en guerre, les plus âgés seraient morts pendant les bombardements.
Le tango avait risqué de disparaître pendant les années 60 et 70, mais pendant les années 80, les personnes qui l'avaient dansé dans les années 40 le ressuscitèrent. Maintenant, cette résurrection n'aurait pas été possible si cette génération avait été effacée.
Je n'aurais jamais dansé le tango et je n'aurais jamais connu Florence, mais ainsi, elle ne serait pas morte, sûrement pas dans mon univers, mais dans un univers parallèle, dans lequel le tango serait mort pour toujours.
« Qu'est-ce que tu suggères donc ? »
« Lev, pour que ce nouveau scénario se produise, il faut qu'on fasse devenir Président ce facho de Fresco. »
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L'hôte
Science FictionGiuliano vit à Paris. Un jour, il se réveille en 1936. Comment est-ce possible ? Comment revenir en arrière ? Si Giuliano change le cours de l'Histoire, que se passera-t-il dans son présent ? Une succession d'événements dans l'espace et dans le te...