33 - Entre les sacs de farine

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Buenos Aires, 21 février 1937

Olga vit grâce à une boulangerie que lui a laissé en héritage son mari.

Derrière la boulangerie, il y a un dépôt, où, en déplaçant quelques sacs de farine, il est possible de danser.

J'ai pris rendez-vous avec Anabella sur place, à 14h, pour pratiquer, la boulangerie et le magasin étant fermés à cette heure-ci.

A 14h pétantes, je suis devant le magasin, aucune trace d'Anabella.

Vers 14h20 je la vois arriver, avec nonchalance. Son allure est sensuelle, les hanches et les seins bougent avec un rythme hypnotique.

Je sens son parfum, c'est le même que la soirée a la Bruja, nous entrons dans le dépôt. L'odeur de farine m'envahit les narines. Elle ferme la porte, maintenant nous sommes vraiment seuls, l'émotion me coupe la respiration.

L'embarras est palpable, je lui prends la main pour commencer à danser, ses yeux se lèvent doucement jusqu'à croiser les miens. Son regard me pénètre, me traverse le corps, jusqu'à l'abdomen, c'est le dernier instant où je sens encore des traces d'autocontrôle, puis tout se passe comme au ralenti, un mouvement lent, mais inarrêtable, nos corps se rapprochent, nous n'arrivons pas à les arrêter – nous ne voulons pas les arrêter – nous nous embrassons.

Nous n'avons même pas le temps de nous déshabiller, nous nous jetons sur les sacs de farine.

Faire l'amour avec elle me semble si familier, j'ai comme une intuition, je voudrais la mettre en feu, mais elle s'évanouit, me laissant la frustration de ne pas avoir su saisir quelque chose d'important.

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