Buenos Aires, 8 juin 1937.
Hélène et Lev m'ont invité à prendre un thé.
« Giuliano, où t'as vécu avant d'arriver ici, à Buenos Aires ? Et dans quelle année ? » me demande Lev.
« Je vivais à Paris, en 2010... et puis je me suis réveillé ici. »
« Et quel est ton lien avec l'Argentine ? »
Je lui parle donc de ma passion pour le tango, et comment cette envie d'en savoir toujours plus de cette danse m'a poussé à étudier l'histoire de l'Argentine.
Il me regarde avec intensité, je comprends qu'il veut me poser une question importante :
« Giuliano, dis-moi alors tout ce que tu sais sur l'Argentine, d'aujourd'hui à ton présent. »
Je commence par lui parler de l'invasion de la Pologne de la part de l'Allemagne nazie et de l'entrée en guerre de la France et de l'Angleterre, avec leurs empires coloniaux, le début de la Deuxième Guerre Mondiale, en 1939.
Je remarque que lui et Hélène se regardent rapidement et furtivement.
Ses yeux bougent fébrilement, son esprit doit reconstituer les événements, au fur et à mesure que je les lui décris : un conflit étendu à l'échelle planétaire, le mort de 50 millions de personnes, l'extermination programmée de 6 millions de Juifs, les bombes atomiques sur le Japon, la fuite des nazis en Amérique Latine, et en particulier en Argentine, l'opération Condor pour éradiquer le Communisme en Amérique Latine, les 30 000 desaparecidos et le crack financier de l'Argentine en 2001.
Aucun commentaire de leur côté face à l'énormité des faits que je viens de décrire.
Nous restons silencieux pendant un temps indéfini, le regarde de Lev se noie dans sa tasse de thé ; il tourne la petite cuillère dans un sens et puis dans l'autre.
« Et le Communisme ? »
« En 1991, l'Union Soviétique sera dissoute. Le Communisme restera, en quelque sorte, seulement dans des pays comme Cuba, la Chine, la Corée du Nord et quelques petits états du Sud-Est asiatique. »
« Cuba est le seul pays de l'Amérique Latine, à cause de l'opération... de l'opération Condor, n'est-ce pas ? »
« Oui, exact. »
Il adresse un regard déçu et inquiet vers Hélène.
« Giuliano, il est arrivé le moment de te parler un peu plus de la Société. »
Il marque une pause, il regarde le plafond, c'est un geste qu'il fait à chaque fois qu'il cherche ses mots.
« Comme je te disais, l'âme, pour la Société, n'est pas un concept, mais une entité bien précise. La compréhension des lois qui règlent la dynamique de l'âme ouvre des portes inimaginables, des portes que la technologie n'arrivera jamais à ouvrir. Cette merveille, technologique, on pourrait presque dire, a été toujours ici avec l'homme, dans l'homme. »
Nous vivons immergés dans notre réalité, la matière, les trois dimensions de l'espace et la quatrième du temps.
Mais elle n'est pas la seule réalité, il y en a une autre qui, pour la distinguer de la première, il l'appelle la Spiritualité, ou matière, espace et temps n'existent pas.
L'âme est le lien entre ces deux plans de l'existence, car elle peut bouger dans la Réalité et dans la Spiritualité, un peu comme un oiseau qui peut se poser sur une branche mais, en même temp, il peut s'envoler vers le ciel.
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L'hôte
Science FictionGiuliano vit à Paris. Un jour, il se réveille en 1936. Comment est-ce possible ? Comment revenir en arrière ? Si Giuliano change le cours de l'Histoire, que se passera-t-il dans son présent ? Une succession d'événements dans l'espace et dans le te...