37 - Vous êtes qui ?

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Je me réveille, je ne sais pas combien de temps après, avec un mal de tête atroce.

J'ai les yeux bandés, je suis assis sur une chaise, les poignets ligotés avec une corde au dossier.

Je me rappelle des derniers instants avant de m'évanouir et de ce regard d'Anabella fixe sur moi, elle a compris ce qui m'arrivait, elle est sûrement complice de ceux qui m'ont kidnappé !

Je me sens me noyer dans un liquide de rage et de déception.

J'éclaircie ma voix :

« Il y a quelqu'un ? Sortez ! »

Je sens une porte s'ouvrir derrière moi, des pas, des gens passent à côté de moi et je comprends aux bruits qu'ils s'assoient devant moi. Ils murmurent, ils sont très excités, comme s'ils avaient capturé un animal rare.

Une personne passe à côté de moi et me met une main sur l'épaule, je reconnais le parfum d'Anabella.

« Giuliano, je suis désolée, j'ai dû le faire, ici on peut t'aider, ne crains rien ici. » Sa voix est chargée d'émotion, à la limite des larmes.

« Et alors, si ici il n'y a rien à craindre, pourquoi je suis ligoté et j'ai les yeux bandés ? »

Une voix grave, de fumeur, avec un faible accent que je n'arrive pas à identifier, réponds avec du calme :

« Giuliano, soyez tranquille, je veux seulement vous parler, quelle que soit l'issue de cette conversation, je vous assure que vous serez libéré, pour l'instant il vaut mieux garder les choses de telle sorte, si vous ne nous voyez pas, ça sera comme si cette rencontre n'avait jamais eu lieu. »

Il s'éclaircit la voix et reprend :

« Nous vous gardons à l'œil depuis que vous êtes arrivé à Buenos Aires. Nous sommes au courant du fait que vous avez rencontré la police et de votre fuite de la clinique. Si nous avions voulu, nous aurions pu vous livrer à ceux qui vous cherchent. »

« Et alors, pourquoi vous ne l'avez pas fait ? »

« Parce qu'il n'est pas notre intention que vous finissez broyé par la machine étatique. »

« Vous êtes qui ? »

« Pour l'instant, je peux vous dire que nous sommes un groupe bien distinct de personnes, appelons-le, pour l'instant, la Société. »

Je remarque que son faible accent est le même que celui d'Olga.

« Et en quoi je pourrais vous être utile ? »

« Nous savons que vous ne faites pas partie de notre monde ou, pour être plus précis, vous faites partie de ce monde mais pas de cette époque. Quand vous vous êtes regardé dans un miroir pour la première fois, je veux dire, depuis que vous êtes arrivé ici à Buenos Aires, vous avez dû remarquer quelque chose de très étrange. »

Un frisson parcourt mon dos, je devine ce qu'il va dire.

« Comme le fait de ne pas vous reconnaître, n'est-ce pas ? »

Le sang se gèle, je suis le seul à le savoir, je n'en ai jamais parlé avec personne, même pas avec moi-même – je me suis toujours refusé à y penser.

Je sens ma voix sortir très estompée :

« Vous... comment vous en êtes au courant ? »

« Vous avez vu un visage qui n'est pas le vôtre, un corps qui n'est pas le vôtre, et depuis ce moment vous cherchez des réponses. »

Il marque une pause.

« En échange, nous vous demandons seulement de nous parler des prochaines décennies. Disons donc, que vous avez les réponses à nos questions et nous, nous avons les réponses aux vôtres, que pensez-vous de les échanger entre nous ? »

« Avant de vous donner ma réponse, je voudrais rester seul avec Anabella, pendant quelques minutes. »









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