Paris, 13 juillet 2008
Nous nous étions donnés rendez-vous à 20h sur les quais de la Seine, j'étais arrivé un quart d'heure en avance et je profitais de la dernière tiédeur de la journée.
Mes pensées furent interrompues par Florence qui me lança un hé à quelques mètres de distance.
La lumière mettait en évidence toutes ses couleurs, comme quand un rayon de soleil traverse un vitrail coloré.
Elle portait un jean très serré, un t-shirt avec un décolleté bien plongeant, blanc, avec une photo de John Lennon dessus, des sandales vert émeraude – avec, ce soir aussi, des talons stratosphériques – et un collier de pierres vertes, vertes comme ses yeux.
Je détournai mon regard exprès, profitant du passage d'un bateau mouche.
J'imaginai qu'elle était en train de faire tout cela pour me séduire et mon cœur fit un bond, puis, avec autant de rapidité, il tomba quand je pensai que peut-être elle avait fait tout ça pour se rendre plus séduisante aux yeux de quelqu'un d'autre qu'elle avait vu à la soirée précédente. Elle était désormais à quelques pas de moi, je chassais immédiatement ces pensées.
« Ça te dit un pique-nique avant la leçon ? » dit-elle.
Et elle sortit d'un sac en cuir une boîte en plastique, avec du couscous et des assiettes, des fourchettes, des verres en plastique, des serviettes et une bouteille d'eau.
« Le couscous ! Moi, j'adore ! »
Absorbé par le travail, je n'avais mangé que quelques biscuits de toute la journée, maintenant je sentais cruellement la faim. Et ce couscous avait l'air irrésistible.
« Je l'ai fait à la libanaise. »
« C'est toi qui l'as fait ? Bravo ! »
« Hé attend, goûte avant de faire des compliments »
Elle étendit une serviette de plage, et s'assit dessus, ramassa ses cheveux pour former une queue de cheval qui lui tombait sur le sein gauche et enleva ses chaussures, restant pieds nus.
J'étais totalement subjugué par la sensualité de ses mouvements, j'essayai de dissimuler mon état d'âme répondant au salut des touristes sur un bateau mouche qui passait, puis moi aussi j'enlevai mes chaussures et m'assis face à elle.
« Allez, tu fais quoi là-bas, on doit se parler avec le portable ? Viens ici à côté de moi, il y a de la place ! »
Nous nous jetâmes sur la nourriture, c'était très bon.
Elle picora plusieurs fois dans mon assiette avec sa fourchette, soutenant que je choisissais les meilleurs morceaux.
Nous dévorâmes tout en quelques minutes. Je la sentais très proche, pour un instant j'eus l'impression qu'elle voulait appuyer son épaule sur la mienne, ce fut un geste à peine perceptible.
Elle me parla de son travail enfin de son ex travail :
« Des heures et des heures passées à analyser l'esthétique d'une petite boite de shampoing, tu m'expliques comment on peut passer une bonne partie de sa propre vie à s'occuper d'une connerie pareille ? Non, mais, bye bye ! Je ne sais pas encore quoi faire de ma vie, mais sûrement pas m'occuper des shampoings des gens ! »
Et nous éclatâmes de rire.
« Et toi, tu fais quoi ? »
« Je crée des vêtements de femme. »
« Sérieux ? »
« Ouais »
« Incroyable ! Mais quel genre de vêtements ? »
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L'hôte
Science FictionGiuliano vit à Paris. Un jour, il se réveille en 1936. Comment est-ce possible ? Comment revenir en arrière ? Si Giuliano change le cours de l'Histoire, que se passera-t-il dans son présent ? Une succession d'événements dans l'espace et dans le te...