16 - Los Sueños

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Après avoir quitté Geneviève, Florence se dirigea vers la Seine, une soirée d'été comme celle-là méritait une promenade le long du fleuve ; une femme seule devant la ville, toutes les opportunités lui semblaient ouvertes.

Elle traversa la place devant l'Hôtel de Ville, continua vers Notre-Dame, s'arrêta prendre une glace chez Berthillon, et s'immergea dans le flux humain qui coulait le long de la Seine – touristes et Parisiens se mélangeaient, dans un murmure qui fondait tous les idiomes du monde.

Elle entendit la musique au loin, et fut attirée, c'était du tango.

Elle arriva à un amphithéâtre orienté vers la Seine, à l'intérieur il y avait une piste et une multitude de gens qui dansaient.

Elle leva les yeux, le ciel sombrait dans le crépuscule, avec des tons qui allaient de l'orange au violet, une étoile brillait dans le ciel et un bateau plein de touristes passait. Un frisson de bonheur lui parcourut le dos.

Elle trouva un endroit sur les marches de l'amphithéâtre pour s'assoir.

Elle s'alluma une cigarette et resta à fixer cette masse humaine qui parcourait harmonieusement la piste dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, comme transportée par un courant invisible.

Et ce fut à ce moment précis que je la vis : la petite flamme de son briquet avec laquelle elle était en train de s'allumer une cigarette avait attiré mon attention.

Elle n'avait pas le regard de celle qui vient pour danser, avec les yeux qui cherchent le copain, l'amoureux, le danseur préféré. C'était comme si elle n'appartenait pas à cette scène.

Je vis qu'il y avait une place libre à sa gauche, je fis ainsi le tour de l'amphithéâtre et je m'assis à côté d'elle. Je sortis une cigarette.

« Pardon, auriez-vous du feu ? »

Elle resta immobile, comme si je n'avais pas parlé, puis elle se tourna soudainement :

« Oh pardon, vous parliez avec moi ? »

« Ne vous inquiétez pas, ça m'arrive souvent, à moi aussi. »

Elle me passa le briquet.

"Vous dansez le tango ?"

"Malheureusement pas."

Je remarquais qu'elle parlait le français correctement, mais avec un tout petit accent, j'essayais de comprendre d'où cela pouvait venir, mais je laissai tomber pour ne pas me déconcentrer. Je cherchai quelque chose à lui dire, pour continuer la conversation et m'accrochai ainsi à ce malheureusement.

« Pourquoi malheureusement ? »

Elle tira intensément sur sa cigarette, regarda le ciel comme pour trouver les mots, puis se tourna et ce fut à ce moment que je réalisai à quel point ses yeux étaient beaux.

« Parce que pour moi le tango c'était quelque chose du passé, des années trente, je ne savais pas qu'on pouvait le danser aujourd'hui. Quel spectacle ! »

« Le tango est une danse très raffinée et complexe, cette complexité en limite sa diffusion mais pas le plaisir. » J'ai toujours pensé que parler élégamment est la meilleure carte de visite.

« Vous pourriez toujours prendre des cours de tango, non ? " Lui demandai-je.

« Oui, exactement, j'aimerais savoir où on trouve des cours de tango. »

« Ben... Vous en dites quoi si je vous explique comment danser, juste les fondamentaux. »

"Mais vous en êtes sûr ?"

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