Chapitre 23

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Souffle d'Air était tapi derrière un buisson d'aubépine, les yeux fixés sur un mulot grignotant une graine, la queue balançant légèrement de droite à gauche. Le prédateur avait une folle envie de croquer dans la chair tendre, mais il devait rester patient. Il fit quelques pas silencieux en direction de sa proie, s'apprêtant à bondir. Cette dernière, ne se doutant du danger, continua de grignoter tranquillement sa graine. Quand il fut sûr de ne plus le louper, il sauta et attrapa le mulot de ses griffes. N'ayant nullement le temps de réagir, le rongeur se retrouva inerte entre les crocs du guerrier. Souffle d'Air releva la tête de fierté et ronronna de satisfaction. Il fit demi-tour et déterra la souris et le merle qu'il avait attrapé auparavant, avant de se remettre en route à travers la forêt.

Finalement, ce voyage était très bénéfique car il lui permettait de perfectionner ses techniques de chasse. En effet, les membres du Clan du Vent ne chassaient d'habitude que des lapins, mais grâce à cette découverte de nouveaux endroits, ils apprenaient à attraper des rongeurs et même des oiseaux.

L'odeur de la chair fraiche pendant de la gueule de Souffle d'Air le faisait saliver. Une fois que l'entrée de la grotte fut visible, le chasseur accéléra l'allure. Une fois à l'intérieur, il déposa le merle sur le tas de gibier avant d'emporter la souris et le mulot aux reines et aux chatons. Quand il entra dans la caverne qui servait de pouponnière, une odeur de lait et de chaleur l'enveloppa harmonieusement.

- Bonjour Souffle d'Air ! Miaula amicalement Source de Nuit, la reine du Clan du Tonnerre. Tu nous as apporté des proies ! C'est gentil.

- Youpiii de la souris ! S'écria Petit Jour, son fils. J'en ai marre du lait moi !

Souffle d'Air ronronna et déposa la viande au sol. Tandis que Petit Jour emportait la souris, Petite Lueur et Petit Hérisson s'étaient réveillés avec l'odeur du gibier. Les trois chatons partagèrent l'animal avec Vague, la chatonne de la meute, tandis que Source de Nuit et Graine de Fleur attaquèrent le mulot.

- Il fait beau aujourd'hui, je vais continuer de chasser. Vous devriez sortir les chatons, ça leur ferait du bien.

- Bonne idée Souffle d'Air ! Répondit Graine de Fleur. Merci !

Le matou doré sortit en ronronnant et observa d'un coup d'oeil la caverne centrale : il n'y avait presque personne, probablement étaient-ils tous sortis. Seuls Branche, Plume et Brume de Songes étaient visibles. Le guérisseur veillait le protecteur blessé, tandis qu'il apprenait à la femelle grise aux poils longs quelques techniques de guérison. Il s'avérait que Plume était très intéressée par cette voie. Le guerrier sortit de sa réflexion et sortit rapidement, s'étirant goulûment sous les chauds rayons du soleil. La chasse était fructueuse et agréable, autant en profiter.

Un moment, tout en marchant, il sentit une légère trace de Patte de Terre et son pelage se hérissa : il n'avait aucunement envie de la voir, ni même Nuage du Crépuscule, il voulait simplement profiter de la journée sans se soucier de cette histoire. Alors qu'il continuait d'avancer, l'odeur de Nuage du Crépuscule lui parvint à ses narines. Que faisaient les deux femelles au même endroit ? Piqué par la curiosité, Souffle d'Air décida d'enquêter discrètement.

Soudain, à travers une trouée dans les buissons, le mâle aperçut les deux femelles. Elles se fixaient intensément, leur échine hérissée. Le regard noir de colère de Patte de Terre engloutissait celui apeuré de Nuage du Crépuscule.

- Tu comprends ce que je te dis ? Grogna la guerrière du Clan de l'Ombre. Tu ne l'approches plus !

- Et pourquoi ça ? Il appartient encore à mon Clan, comparé à toi, à ce que je sache !

Patte de Terre feula en montrant les crocs. Souffle d'Air fut tellement surpris par le comportement agressif de la guerrière, qu'il resta skotché derrière son buisson.

- Souffle d'Air m'aime, miaula malicieusement Patte de Terre. Toi, tu ne sers à rien. Tu es tellement faible qu'il se sent obligé de te soutenir ! Mais maintenant c'est fini, il m'appartient.

- Mais ...

- Il ne t'a jamais aimé ! Il me l'a dit. Il m'a même avoué qu'il aurait préféré que tu ne l'accompagnes pas dans ce voyage !!

Soudain, un coup de patte de sa part fusa et atterrit sur la joue de la pauvre Nuage du Crépuscule. Alors que cette dernière commençait à sangloter, trop blessée par les violentes paroles de son adversaire, s'en était trop pour Souffle d'Air. Il ne put se contenir et sortit en furie de sa cachette. Il sauta sur Patte de Terre et la renversa, tandis qu'elle poussait un cri surpris. Le matou la mordit aveuglement, trop enragé du faux discours qu'elle avait tenu à Nuage du Crépuscule. La guerrière essaya tant bien que mal de se dégager de son emprise, mais Souffle d'Air la maintenait fermement au sol.

- Attends ... Je ... je vais t'expliquer écoute-moi ! Se lamenta-t-elle.

- Tais-toi ! Tu te rends compte de ce que tu dis ? Tu n'es qu'une menteuse ! Comment as-tu pu faire une chose pareille ?

- Ecoute, je sais que tu m'aimes, mais tu ne veux pas me l'avouer. Alors je me suis dis que si Nuage du Crépuscule te niait, tu t'en serais rendu compte ...

Souffle d'Air resta interdit devant ses paroles. Elle était complètement folle ! Elle aurait tout fait pour parvenir à ses fins, même s'il fallait mentir ou blesser.

- Et bien c'est raté ! Grogna le mâle. C'est vrai que j'ai hésité, mais à présent je suis certain que tu n'es pas la chatte qu'il me faut. Je ne te croyais pas comme ça et je me rend compte que je ne te connais pas du tout.

Patte de Terre ne répondit rien, comprenant que c'était fini pour elle. Souffle d'Air la lâcha sans cesser de la fixer avec gravité.

- Maintenant arrête de me parler et laisse nous tranquille.

La guerrière baissa le regard et hocha lentement la tête, avant de s'enfuir à travers la forêt. Lorsqu'elle fut loin, Souffle d'Air se tourna vers Nuage du Crépuscule qui tremblait encore. Il s'approcha doucement d'elle et lui lécha tendrement la joue, si bien qu'elle releva la tête.

- Qu'est-ce que tu penses réellement de moi Souffle d'Air ?

- Je pense que tu es une chatte exceptionnelle avec un grand coeur. Contrairement à ce que Patte de Terre a pu dire, je suis très heureux de voyager avec toi.

Le visage de la petite femelle grise s'éclaira de bonheur, avant de s'exclamer :

- A vrai dire, j'avais beaucoup de mal à la croire ... Mais sous le coup de l'émotion, je ne savais plus quoi penser.

Souffle d'Air se frotta à elle en ronronnant.

- Viens, rentrons, allons profiter des derniers rayons du soleil.

Les Quatre Éléments - LGDCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant