Chapitre 12, partie 2

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Après une journée de recherches infructueuses, John décida qu'il avait besoin de faire un break. Ils s'étaient arrêtés au Norma Jeane's Cafe, non loin du motel. L'endroit était dédié à Marilyn Monroe (de son vrai nom : Norma Jeane Baker), dont les murs étaient tapissés de photos. Shirley se contenta d'un simple café noir, alors que le détective commanda un cappuccino avec une part de tarte aux pommes.

Il mangeait avec appétit, tandis que Shirley sirotait du bout des lèvres, en jouant nerveusement avec son paquet de cigarettes. Cette pause l'insupportait. Si ça n'avait tenu qu'à elle, elle aurait poursuivi les investigations sans plus tarder.

John prit la parole.

— Bien. Cette journée n'est pas complètement négative. Nous pouvons déjà tirer quelques conclusions.

— Ah oui ? Lesquelles ?

— Eh bien...

Il posa sa cuillère et s'essuya la bouche.

— Le taxi a déposé votre frère aux abords de la ville dans la journée, mais personne ne l'a vu dans le quartier voisin.

— Et après ? Il a très bien pu passer sans être aperçu.

— Dans le voisinage immédiat, peut-être. Mais regardez...

Il désigna la rue par la fenêtre.

— Combien de piétons voyez-vous sur les trottoirs ?

— Aucun.

— Exact. Personne ne marche ici. On ne se déplace qu'en voiture. Un piéton isolé se ferait forcément repérer. Je pense même que les autochtones appelleraient la police s'ils voyaient un individu à pieds.

— Qu'en concluez-vous ?

— Qu'il s'est probablement procuré un véhicule, surtout s'il compte poursuivre « à l'est, par la grande route ». Je propose donc que nous fassions le tour des loueurs de voitures et des vendeurs d'occasions.

— Et s'il n'a pas pris la route ?

— Que pourrait-il faire d'autre ? C'est ça ou couper par le désert. Mais aucun homme sensé ne ferait ça. Le désert, c'est la mort assurée en quelques heures.

— Je vois. Dans ce cas, va pour les loueurs. Allons-y.

— Doucement. Vous avez vu l'heure ? Ils seront tous fermés. Nous ferons ça demain.

— Putain ! lâcha-t-elle alors, en tapant du plat de la main sur la table.

L'anxiété qui la dévorait venait d'exploser d'un coup. Elle avait sorti une cigarette et la faisait rouler entre ses doigts. Elle ressentait un fort besoin de fumer, mais le tabac était proscrit de tous les lieux publics de Californie.

John laissa passer quelques instants, puis tenta de détendre l'atmosphère en changeant de sujet.

— Tout à l'heure, quand nous faisions du porte à porte, personne ne vous a reconnu ?

— Non. J'avais noué un foulard sur mes cheveux et gardé mes grosses lunettes de soleil. Personne n'a semblé me remettre. Il y a juste un type qui m'a observé avec insistance. J'ai pensé que lui, peut-être... mais non. Il n'a fait aucune remarque.

— Ce n'est peut-être pas votre visage qu'il regardait.

— Que voulez-vous dire ?

Pour réponse, l'enquêteur fit un petit signe de la tête en direction de la poitrine de la jeune femme, qui, moulée dans un top d'été léger, offrait un décolleté vertigineux à son vis-à-vis.

Dévoré de l'intérieur [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant