Chapitre 38

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Malgré sa course dans les escaliers et le stress induit par sa position de proie, Michaël réussit à contrôler sa respiration pour la rendre inaudible. Il savait parfaitement passer inaperçu et disparaître si nécessaire : il avait été entraîné pour ce genre d'opérations.

Les deux agents arpentaient maintenant le toit à sa recherche. S'ils faisaient consciencieusement leur travail, ils finiraient par venir vers lui. Il attendit, et, effectivement, l'un d'eux s'approcha. Alors qu'il arrivait à sa hauteur, Michaël bondit hors de sa cachette, lui empoigna le bras droit – celui qui portait l'arme – et le tira violemment vers lui, afin que le pistolet se retrouve dans son dos, canon pointé dans le vide et non vers lui. Son poursuivant, par réflexe, appuya deux fois sur la gâchette, envoyant les balles se perdre dans le ciel.

Le journaliste enchaîna avec un coup de boule qui prit son adversaire au dépourvu. Il baissa sa garde et Michaël en profita pour lui tordre le bras jusqu'à pouvoir le désarmer. Puis, il le repoussa en arrière. Alors que l'autre n'avait pas encore réalisé ce qui venait de lui arriver, l'ancien militaire le pilonna au visage de trois frappes en marteau, avec la crosse du revolver, jusqu'à ce que le type s'effondre, inconscient.

Alerté par le bruit, son collègue accouru. Immédiatement, Michaël le mit en joue.

— Qu'est-ce que vous voulez à Shirley ? cria-t-il.

— Eh ! on se calme. Je ne fais qu'obéir aux ordres.

— Bien sûr. Toujours la même putain d'excuse. Je répète : Que voulez-vous à Shirley ?

— Mais je n'en sais rien, moi ! On nous a dit de chercher les éventuels complices de ses activités contre l'État, en commençant par ses collègues. C'est tout ce que je sais.

— Activités contre l'État ? De quoi parlez-vous ?

— Je vous l'ai dit : je ne sais pas et...

— C'est bon ! Fermez-la !

L'homme se tut.

— Vous avez des menottes ?

— À ma ceinture.

— Attachez-vous avec. Ici.

Obéissant aux directives, l'agent se passa la première poignée à la main droite et la seconde à une grille d'aération scellée au sol.

— Laissez tomber. Mes collègues sont déjà en train de monter. Vous ne nous échapperez pas.

— On parie ? conclut Michaël.

Et il se mit à courir dans le sens opposé.

Au moment où il grimpait à l'intérieur de l'hélicoptère de la chaîne, les agents de la Sécurité Militaire commençaient à débouler depuis l'escalier, telle une nuée d'abeilles jaillissant d'un essaim.

Il démarra l'engin. Le temps que le rotor se mette en branle, il jeta un rapide coup d'œil à l'arrière, espérant trouver...

Mais non, il n'y avait rien.

Pressé par la menace, il décolla d'un bond, au mépris des règles de sécurité élémentaires. Arrivé à quelques mètres du sol, il vit la trentaine d'homme lui faisant face pointer leurs armes vers lui.

Que faire ?

La première option qui lui vint à l'esprit était de leur foncer dessus. Il y avait statistiquement peu de chance qu'une balle heurte une cible mouvante et rapide comme un hélicoptère, et il pouvait faire des dégâts considérables parmi ses assaillants. Mais tuer ces gens lui répugnait. D'abord parce qu'il ne souhaitait plus jamais être comme eux : un assassin ; et ensuite parce qu'il n'était toujours pas complètement sûr d'être dans le bon camp. Si Shirley avait vraiment merdé et qu'ils devaient être jugés pour crime contre les États-Unis, il préférait ne pas ajouter le meurtre de plusieurs agents fédéraux à la liste des chefs d'inculpation, afin d'éviter – si c'était encore possible – la peine capitale.

Il préféra donc suivre la seconde option.

Opérant un périlleux virage serré, il s'éloigna de la terrasse et, une fois au-dessus du vide, fonça vers la rue. Redressant l'appareil au dernier moment, il fuit en suivant la route, quelques mètres à peine au-dessus des automobilistes ébahis et apeurés, en tentant de n'heurter ni lampadaires, ni façades d'immeubles.

Comme il l'avait prévu, ils n'osèrent pas tirer sur lui, de peur de toucher un passant innocent.

En moins d'une minute, il était hors de vue.

Dès qu'il estima être suffisamment loin du building KBBN, il reprit de l'altitude.

Il devait maintenant rejoindre Shirley au plus vite. Toutefois, il avait constaté en volant l'appareil qu'il ne contenait pas le matériel dont il avait besoin pour mener à bien sa mission. Il allait donc devoir demander de l'aide et il savait exactement à qui.

Il sortit son portable et commença à chercher parmi ses contacts.

Dévoré de l'intérieur [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant