Chapitre 26

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De retour au Bellagio après leur virée au pays des bouseux, Shirley avait pris une bonne douche, se savonnant avec énergie, comme si elle avait craint que le sable d'Indian Springs ne se soit incrusté dans sa peau. Elle s'était séchée avec une épaisse serviette éponge, avait enfilé un peignoir, puis était allée sur la terrasse. La vue sur la ville était magnifique. Le jour déclinant, Las Vegas commençait à s'illuminer de mille éclats.

Elle s'était allumé une cigarette et s'était mis à réfléchir avec intensité. Comment entrer dans cette foutue base ? Elle avait tenté de motiver John pour qu'il échafaude un plan, car elle voulait croire qu'il y avait encore un espoir. Mais elle était intelligente et s'était bien rendu compte que sa volonté tenait plus de la foi que de la raison.

Malgré tout, elle avait tenté d'imaginer divers plans à base d'usurpation d'identité, de tunnels à creuser, de piratages informatiques... sans se douter que John était en train d'envisager les mêmes de son côté.

Après deux heures d'intense concentration, à court d'idées et légèrement écœurée par les douze cigarettes grillées à la suite, elle était rentrée s'allonger dans son lit, où elle avait sombré dans le sommeil en moins de cinq minutes.

Elle se trouve une nouvelle fois dans le désert. Devant elle, le lecteur de Des souris et des hommes, toujours vêtu de son seul caleçon et montant une autruche. Cette fois-ci, il ne lit plus mais tient un cor de chasse dans la main gauche.

Shirley, quant à elle, porte une tenue de danseuse classique, avec collant et tutu rose bonbon.

L'homme prend la parole :

— Je sais comment entrer dans la base. Je vais vous le dire, écoutez bien, vous devez tout retenir.

— Attendez une minute. Qui êtes-vous ?

— Le flanc ouest de la base est bordé par une chaîne montagneuse. En son cœur se trouve un lieu que les gens du coin appellent « la plaine des amoureux maudits ». De là part un sentier qui serpente vers le nord.

— Vous savez, je ne suis pas sûre de pouvoir faire confiance à un type en caleçon.

Imperturbable, comme s'il ne l'entendait pas, l'homme continue :

— Au bout de cinq kilomètres, sur la droite du sentier, vous verrez une cabane protégée par un grillage. Il est indiqué à l'entrée qu'il s'agit d'une station météo ; c'est faux. C'est en réalité une entrée secrète de la base. Pénétrer la cabane ne sera pas dur, elle ne dispose d'aucune sécurité particulière. Il vous suffira de forcer le cadenas de la grille et de crocheter la serrure. Une fois à l'intérieur, descendez au sous-sol. Vous tomberez sur une porte blindée munie de systèmes d'alarmes et d'un digicode. Le code est 526-ZGT-03. Quand vous serez entrée, suivez le tunnel. Vous finirez par tomber sur une autre porte. Là, attendez, je viendrai vous chercher.

— Mais qui êtes-vous à la fin ?

— Je me nomme Clifford Steinbeck.

— Steinbeck ? Alors c'est pour ça le bouquin ?

Il ignore la remarque.

— Soyez-y après-demain à 18 h.

— Mais pour faire quoi ? M'emmener voir mon frère ? Parce que si c'est pour autre chose, ça ne m'intéresse pas.

— Retenez le code : 526-ZGT-03.

— Je...

— Répétez et mémorisez-le : 526-ZGT-03.

— J'ai compris.

— Répétez ! C'est très important. 526-ZGT-03.

— 526-ZGT-03.

Dévoré de l'intérieur [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant