Dévoré de l'intérieur [Terminée]

Chapitre 8

Cette fois, ils n'étaient que trois à se réunir : lui-même, le professeur et le général. Il s'agissait de faire le point sur les recherches. Le militaire prit la parole en premier et s'adressa à lui.

— J'ai activé nos réseaux et orienté les recherches vers les pistes que vous nous avez indiquées. Effectivement, cela semble prometteur. J'ai mis le service action sur le coup et je pense que nous en aurons intercepté quelques-uns bientôt. Pour les autres, où en êtes-vous ?

— Je poursuis mes recherches. Comme vous le savez, la machine est délicate à utiliser et longue à paramétrer.

— Il va falloir accélérer, lâcha le gradé, péremptoire. Heureusement...

Il ouvrit la pochette cartonnée devant lui et consulta quelques documents à l'intérieur.

— Heureusement que les bonnes vieilles méthodes marchent toujours. Un de nos agents au NTSB nous a informés d'un cas suspect. Nous avons procédé à une analyse ADN de l'individu concerné et le labo est formel : on voit les premiers signes de mutation.

Il lui tendit une liasse de papiers.

— Voilà les renseignements le concernant. Concentrez-vous sur lui.

Il attrapa la paperasse et, intrigué, demanda :

— Si vous l'avez identifié, pourquoi avez-vous besoin de moi ?

— Il se trouve que le bonhomme s'est enfui et demeure introuvable depuis presque une semaine. Nous comptons donc sur votre machinerie pour le repérer. De notre côté, nous continuons les investigations sur le terrain.

— Bien, conclut-il laconiquement.

Ce fut au tour du professeur de prendre la parole :

— Il faudra veiller à être discret en ce qui concerne cet homme. Il s'agit de Peter McAllister.

Il avait dit ça comme si tout le monde connaissait le personnage. Devant sa mine perplexe, le scientifique précisa :

— Le frère de la présentatrice télé, Shirley McAllister. Celui qui a survécu à un accident d'avion.

— Ah.

Il n'avait rien d'autre à dire. Il ne regardait pas la télé, surtout depuis qu'il vivait reclus dans la base. Le professeur le fixa avec un air atterré mais ne dit rien.

Comme tout le personnel, il avait l'habitude d'être traité comme moins que rien par le chef du projet, qui méprisait tout le monde du haut de sa suprématie intellectuelle – suprématie réelle, il fallait bien le reconnaître.

Il fut convenu de se revoir le lendemain pour un nouveau débriefing et chacun retourna à ses occupations.

Le frère d'une présentatrice télé ? Les choses commençaient à devenir intéressantes. Il feuilleta le dossier de Peter McAllister durant quelques minutes. Évidemment qu'il l'avait repéré, comme les huit autres. La machine était assez précise pour cela désormais. Mais il s'était bien gardé de le leur dire. Il leur en avait livré trois sur les neuf, car c'eût été suspect de n'en trouver aucun. Pour les six autres, il jouait la montre en espérant qu'un d'entre eux réussirait sa mission.

Il prenait d'énormes risques. Si sa loyauté était remise en cause, si son double-jeu était découvert, il savait ce qui l'attendait. Mais l'enjeu était trop important.

Il décida de concentrer ses efforts sur ce McAllister, entrevoyant lesavantages qu'il pouvait en tirer.

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