Chapitre 41

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Le VEG, pièce maîtresse du dispositif de la base, était protégé à l'intérieur d'un bâtiment ultra-sécurisé, équipé des systèmes électroniques les plus sophistiqués. Même une mouche n'aurait pu y pénétrer sans déclencher une alarme et provoquer le verrouillage automatique de l'enceinte.

Il fallait cinq codes secrets pour désactiver l'installation, détenus par cinq personnes différentes, dont deux n'étaient pas sur place mais à Washington.

Impossible.

Et pourtant, c'est ce qu'avait fait la chose noire, quelques minutes auparavant, dans le local 528.

Le générateur, objet de sa mission, était désormais à la merci du premier assaut venu.


L'entité mutante connaissait parfaitement les lieux, bien sûr, mais elle ignorait en revanche combien d'hommes seraient dépêchés sur place en urgence.

Elle grimpa sur le toit du building d'en face, pour repérer le terrain. Sage précaution. De son promontoire, elle vit cinq bataillons surarmés se positionner autour de l'immeuble. Sans doute l'élite des forces du site ; le dernier carré, prêt à tout pour sauver le projet.

Une vingtaine d'hommes se postèrent en « V » devant l'entrée principale, seul accès possible. Tous étaient équipés de fusils mitrailleurs à balles explosives. Dans cette configuration, une attaque frontale comme elle avait été pratiquée jusqu'à présent était impossible. Elle ne pourrait jamais les tuer tous sans se faire en même temps tirer dessus par la moitié d'entre eux. Et malgré sa résistance incroyable, plusieurs feux nourris de fusils d'assaut auraient vite fait de la déchiqueter.

Il était temps d'utiliser son ultime atout.


— Vous ?

Shirley fixa le gros homme en face d'elle. Larry Langman s'approcha et dit :

— Vous faites dans le comique de répétition, vous. Non ?

— Pardon ?

— Laissez tomber.

— Qu'est-ce que vous faites là ? Je croyais que vous vous cachiez quelque part, bien à l'abri.

— En effet, j'étais sur la route d'une planque à New York, mais ils m'ont rattrapé et emmené ici, où j'ai pu goûter l'inconfort de leurs cellules.

— Si je comprends bien, toute notre petite expédition a été arrêtée ? Quelle bande de losers nous sommes. Si Peter n'avait pas...

— Ce n'est plus Peter, l'interrompit Steinbeck, c'est un mutant qui...

— Si le mutant, le coupa à son tour Shirley avec une pointe d'exaspération dans la voix, si le mutant n'avait pas attaqué la base, ils nous auraient zigouillés, et voilà : fin de l'histoire. On aura vraiment été en dessous de tout.

— On a fait ce qu'on pouvait. Nous ne sommes pas espions de métier, non plus. Je suis un ex-flic handicapé, vous êtes présentatrice télé, monsieur est scientifique, quant à John...

L'informaticien jeta alors un coup d'œil à la dépouille de son pote, étendue par terre dans son sang. Shirley se rappela soudain les liens d'amitié profonds qui unissaient les deux hommes. Larry aimait John, et il avait été tué sous ses yeux. Elle bafouilla :

— Larry... je suis désolée... Mais il était en train de m'étrangler et...

— Je comprends. J'ai assisté à toute la scène. J'allais intervenir, mais monsieur (il désigna Steinbeck du doigt) m'a devancé.

Dévoré de l'intérieur [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant