Vladimir Tikhonov se tenait debout devant la fenêtre de la salle de réunion. Dévoré intérieurement par une rage sourde, il observait, comme dans un cauchemar, l'œuvre de sa vie se déliter.
La nuit était maintenant tombée et la base n'était que faiblement éclairée par le circuit électrique de secours. Les derniers véhicules évacuaient. Il n'y avait plus rien. Que le vide et le son strident de l'alarme.
Derrière lui, assis à la table de débriefing, le général et un homme en costume sombre attendaient en silence. Finalement, le militaire prit la parole :
— Professeur, il faut dès maintenant nettoyer la base. Plus nous tardons, plus la confidentialité de notre projet est compromise. Il y a urgence.
— Qu'entendez-vous par « nettoyer » ? demanda le type en costume, sans obtenir de réponse.
— Pas encore, dit le savant, sans quitter des yeux l'extérieur. Tant qu'il y aura un espoir de sauver le projet, nous attendrons.
Comme un pied de nez du destin, c'est à cet instant que l'explosion retentit. Le bruit leur vrilla les tympans, le souffle fit trembler les murs et vibrer dangereusement les vitres – s'il ne s'était s'agit de verre sécurit, elles auraient probablement éclaté.
Tikhonov repéra immédiatement le bâtiment du VEG et comprit ce que cela signifiait. Les extraterrestres avaient fini par arriver à leurs fins. Tout était fichu.
Échouer si près du but...
Il ferma les yeux pour retenir les larmes qui menaçaient – sous le coup du chagrin, de la colère, de la rage, de la haine, du désir de vengeance, de l'envie de meurtre et de tous les mauvais sentiments existants chez l'homme, les seuls que son cœur fossilisé connaissait encore.
Quand il fut certain d'avoir ravalé toute trace de faiblesse, il se tourna vers ses sous-fifres.
— Les jeux sont faits. Général, lancez le nettoyage.
— De quoi s'agit-il à la fin ? interrogea de nouveau le fonctionnaire.
Le militaire le regarda droit dans les yeux, comme pour marquer la solennité de l'instant.
— Nous allons faire sauter le site et tuer tous ceux qui s'y trouvent.
L'homme en costume écarquilla les yeux.
— Je vous demande pardon ?
— Après un incendie et une évacuation, il y a fort à parier que le Congrès va ordonner une enquête. Si nous voulons garder le secret sur les activités qui se sont déroulées ici pendant un demi-siècle, nous devons effacer les preuves.
— J'entends bien, mais attendez la fin de l'évacuation. Il doit rester une quarantaine de personnes encore dans la base, dont une moitié de civils.
— Pas le temps. Je suis désolé, dans toute guerre, il y a des dommages collatéraux.
— Ce n'est pas ce dont l'agence m'avait parlé quand elle m'a demandé de devenir observateur de vos activités. Je ne pense pas que le Président cautionne ce genre de pratique.
— Je vous en prie, Conrad, ce n'est pas un type de la CIA qui va me donner des leçons. Je crois me souvenir que vous êtes des spécialistes des coups tordus, non ?
— Contre les ennemis étrangers et les éléments nationaux perturbateurs. En aucun cas nous n'acceptons de tuer des Américains innocents.
— Il le faut, pourtant. Quand les pompiers et la police du coin débarqueront, il sera trop tard.
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Dévoré de l'intérieur [Terminée]
Ciencia FicciónComment lutter quand l'ennemi est en vous ? Depuis qu'il a miraculeusement survécu à un crash aérien, Peter McAllister n'est plus le même. Il n'a qu'une idée fixe : aller à l'est... sans savoir lui-même ce que cela signifie. Pour sa sœur, la vedette...