Chapitre 31

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— Vous prétendez ignorer où est mon frère ? interrogea Shirley. Comment est-ce possible ? C'est lui-même qui m'a conduit vers vous par ses indications.

— Et qu'en avez-vous conclu ?

— Que vous l'aviez capturé, bien entendu.

— Eh bien non. Au contraire, nous sommes à sa recherche, tout comme vous.

— Pourquoi ? Quel lien y a-t-il entre lui et vous ? C'est en rapport avec le crash ?

— Commençons par le début... Ce qui nous renvoie en 1947, dans la ville de Roswell.

Le savant débuta son histoire :

— En juillet 1947, un engin spatial d'origine extraterrestre s'est écrasé à proximité de la ville de Roswell, Nouveau-Mexique. Je ne vous demande pas si vous connaissez cette histoire...

— Inutile, en effet. Je la connais, comme tout le monde. Mais je pensais que c'était une légende.

— Il n'en est rien. Le crash est bien réel et l'US Air Force, à cette occasion, a mis la main sur une technologie futuriste aussi extraordinaire qu'inexploitable. En effet, cette science venue du cosmos était terriblement plus avancée que la nôtre et les chercheurs de l'époque se sont cassé les dents à essayer de la comprendre.

— Attendez une minute, l'interrompit sa prisonnière. Et les aliens ? Les petits êtres difformes à la tête hypertrophiée comme on les voit à la télé. Étaient-ils encore en vie ? Avez-vous pu communiquer avec eux ?

— Malheureusement, c'est là que commence la légende. L'engin était vide. C'était vraisemblablement une sonde robot automatique. Elle ne contenait que de la machinerie. C'est dommage, j'aurais été ravi de rencontrer ces êtres en personne.

— Pourquoi les autorités ont-elles cachées ces informations ? C'était un événement majeur, ça regardait les citoyens.

Le vieil homme eut un sourire méchant, suivi d'un rire sardonique qui déplut fortement à Shirley. C'était le rire d'un tortionnaire jouant avec sa victime.

— Ha ! Ha ! Vous, les journalistes – si je peux parler de journalisme vous concernant, eu égard à vos lamentables prestations télévisuelles – vous, les journalistes, êtes convaincus que toute vérité est bonne à dire, surtout quand elle peut faire de l'audience. Mais imaginez qu'on ait dit la vérité à la populace ? Quelle aurait été sa réaction ? La panique évidemment. Et rien n'est plus dangereux pour l'ordre public qu'une population apeurée. La masse grossière et mal éduquée peut réagir de manière incontrôlable lorsqu'elle se laisse gagner par la frayeur – ce qui peut advenir très vite, dans la mesure où, chez la majorité des gens, la réflexion est une fonction absente de l'intellect. Pour une fois, je salue la présence d'esprit de votre gouvernement, qui a eu la sagesse d'agir comme aurait fait le mien.

— Votre gouvernement ? Laissez-moi deviner... Soviétique, hein ?

— Effectivement, avant d'arriver dans votre pays, j'étais citoyen de la grande URSS.

— Soudain, je comprends mieux le couplet anti-peuple. C'est fou comme les démocraties « populaires » ont toujours méprisé ceux qu'elles prétendaient défendre.

— Soyons clair : je ne suis pas communiste. Mais je ne suis pas non plus démocrate. Les dictatures offrent de bien meilleures opportunités à leurs chercheurs, du moment qu'ils rentrent dans le rang. Ce que j'ai fait. Si j'avais été allemand, j'aurais été nazi, sans l'ombre d'un doute.

— Au moins, vous jouez franc jeu : vous êtes une ordure.

— Vous...

Il la transperça d'un regard si rempli de haine qu'elle sentit une boule d'angoisse lui monter à la gorge et un frisson glacé lui parcourir l'échine.

Dévoré de l'intérieur [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant