Chapitre 15

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Le débriefing d'aujourd'hui ressemblait plus à un tribunal qu'à une réunion classique. Ils n'étaient que trois : lui, le général et le professeur. Il pressentait qu'il allait passer un mauvais quart d'heure.

Le général attaqua sèchement :

— Je trouve que vous n'avez pas beaucoup de résultats. Nous vous avons demandé de les localiser et pour le moment, ma foi, c'est laborieux.

— Ça n'a jamais été facile, vous savez. On parle de technologies que nous maîtrisons mal encore.

— Pas d'excuses, s'il vous plaît. La situation est trop tendue pour se permettre d'échouer. Dites-moi où vous en êtes.

Assis en bout de table, le professeur observait la scène en silence, impénétrable, comme toujours. Tel le mandarin qu'il était, il ne s'abaisserait pas à prendre part à ces futiles querelles.

— Alors ? reprit le général.

La situation devenait délicate. Jusqu'à présent, il avait brouillé les pistes en expliquant qu'il avait des difficultés de géolocalisation, que le signal était difficile à saisir... mais ça ne pouvait plus durer. S'il cachait trop d'informations, cela finirait par devenir suspect. La machine était connue pour avoir donné de bons résultats les dernières fois, il paraîtrait donc étrange que ce soit le contraire maintenant.

À contrecœur, il lâcha de nouveaux renseignements. Il révéla qu'il les avait tous plus ou moins localisés, et donna des coordonnées approximatives, à partir desquelles on pourrait définir des zones de recherches.

Évidemment, il aurait pu être beaucoup plus précis, mais ça, les autres l'ignoraient. En restant dans le flou, cela élargirait les secteurs à explorer et, donc, lui ferait gagner du temps.

C'est au sujet de Peter McAllister qu'il fut le plus vague, se contentant de noter qu'il se trouvait « quelque part dans le désert de Mojave ».

Désireux d'en savoir plus – tout en évitant d'éveiller les soupçons – il glissa de manière anodine :

— Et où en sont les investigations sur le terrain ?

— Nous avançons. Heureusement, plus vite que vous. Nous en avons éliminé deux, et un troisième devrait l'être bientôt. Il y a aussi la sœur de McAllister, la fille de la télé. Elle a embauché un détective privé et elle est partie à la recherche de son frère. Nous avons tenté de les intercepter, mais notre équipe a eu un... petit souci.

Durant une demi-seconde, il parut un peu gêné, mais se rattrapa tout de suite.

— Par bonheur, nous savons où ils se trouvent, et dès demain une autre équipe sera sur place. J'ai mis Tatiana sur le coup, cette fois-ci.

— Dourtchenko ?

— Exact. Ils ne peuvent pas nous échapper.

— Mais... Pourquoi ne pas les laisser mener leur enquête sans les inquiéter ? Je suis sûr qu'ils n'ont aucune chance de retrouver son frère, et encore moins de nous trouver. Ils ne représentent pas le moindre danger.

Le général se renfrogna.

— Je vous prierai, dit-il avec aigreur, de laisser à mon appréciation le jugement de ce qui représente un danger ou non. À chacun son rôle.

Et il ajouta :

— Ma doctrine est simple : toutes les personnes impliquées, de près ou de loin, doivent être éliminées. Cela vous pose un problème ?

Question rhétorique, évidemment.

— C'est vous qui décidez.

— Parfait. La réunion est donc finie. Retournez au travail.

En soldat obéissant, il ramassa ses papiers et quitta la pièce, sous le regard de glace du professeur, qui n'avait pas émis un son de tout l'entretien.

Dans le couloir, il se comporta avec naturel, saluant ses collègues en souriant, et affichant une apparente décontraction. Mais dans son crâne, les idées se bousculaient.

Tatiana Dourtchenko, la redoutable tueuse, allait leur tomber dessus à l'improviste. Ils seraient morts avant d'avoir compris ce qui leur arrivait.

Il devait agir. Mais comment ?



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Dévoré de l'intérieur [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant